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Critiques contre les arbitres : la NBA est-elle la plus « sévère » en matière de sanctions ?

NBA – Malgré la distribution systématique d’amendes, critiquer publiquement l’arbitrage à l’issue d’une rencontre est devenue une pratique courante parmi les acteurs de la ligue. Qu’en est-il ailleurs ?

« D’après moi, c’est un des pires matches au niveau de l’arbitrage que j’ai vus dans ma carrière NBA. » Fin avril dernier, Taylor Jenkins se lâche comme rarement à l’issue de la défaite de ses Grizzlies, lors du Game 4 face aux Wolves. Son coup de gueule lui vaut 15 000 dollars d’amende.

Même sanction, le même jour, pour Joel Embiid coupable d’avoir quitté le parquet des Raptors en applaudissant pour ironiser, ce qu’il a reconnu en conférence de presse, sur le « bon travail » du corps arbitral. Le lendemain, à Monty Williams de passer en caisse, toujours pour 15 000 dollars,  pour avoir pointé du doigt l’écart au niveau des lancers-francs attribués à ses Suns comparé aux Pelicans.

Remettre en cause les coups de sifflet, devant la presse après un match, est devenue une pratique courante parmi les acteurs de la ligue malgré une politique répressive désormais bien connue. « Combien ça coûte si je fais un commentaire sur les arbitres ? 20 000 dollars ? […] Je devrais éviter de le faire. J’économise mon argent, je dois payer les couches », s’est magnifiquement retenu Giannis Antetokounmpo durant la série face aux Celtics pour s’éviter une amende à la somme modique. Pour mettre en perspective, comme l’aurait très bien fait Draymond Green, une telle somme correspondant à peu près ce que touche l’intérieur des Warriors par minute jouée…

Que ce serait-il passé si le Grec était allé au bout de sa pensée ? Le mystère du système d’amendes NBA n’est pas des plus simples à décrypter. « Nous prenons au sérieux les critiques publiques de nos arbitres et les commentaires préjudiciables à la ligue. Un groupe de notre département des opérations de la ligue, dont Byron Spruell, président des opérations de la ligue, examine chaque infraction, documente les commentaires et suggère un montant d’amende », décrit la ligue contactée par Basket USA.

Le syndicat aide le joueur à se défendre

Un système disciplinaire simple et rapide sur lequel Sports Illustrated s’était penché plus en détail il y a quelques années. Selon le média, le personnel de la ligue contacte le protagoniste mis en cause pour mener un entretien enregistré. Ces entretiens ont presque toujours lieu le lendemain de l’incident, car la ligue s’efforce d’infliger une sanction avant le prochain match du joueur en cas de suspension.

En amont de cet entretien, un membre du personnel juridique de la NBPA (syndicat des joueurs) est censé contacter le joueur pour l’aider à préparer sa défense. L’ampleur et la portée de la sanction peuvent être influencées par les antécédents d’un acteur en matière de violation des règles. Le syndicat (qui n’a pas donné suite à notre demande d’informations) tiendrait d’ailleurs à jour une base de données des incidents passés et suivrait même les arbitres qui infligent des fautes techniques à tel ou tel joueur pour étayer ses arguments.

La sanction est alors décidée « dans les heures, voire les minutes » qui suivent l’entretien, avait précisé Gary Kohlman, alors avocat de la NBPA. La ligue « sait ce qu’elle va faire avant même de vous parler. Pour les gars qui ont une réputation, ces appels téléphoniques sont inutiles. C’est comme votre parole contre celle de la police. La ligue a l’impression que c’est son travail de protéger les arbitres plus que les joueurs », avait résumé Matt Barnes, connu pour son caractère bien trempé lorsqu’il jouait.

La récidive d’un joueur prise en compte

Quid du montant de l’amende ? Contrairement aux sanctions figées en cas de faute technique (2 000 dollars d’amende à chaque faute, puis 3 000 à partir de la sixième…), c’est à l’appréciation des instances en cas de critiques arbitrales ou de comportements inappropriés (doigts d’honneur, lancer de protège-dents…). « Nous avons une fourchette générale pour les manquements disciplinaires, nous indique la ligue. Cependant, chaque acte est évalué selon des éléments propres. Une amende peut être plus élevée que la norme pour une transgression particulière en fonction de la gravité de l’acte, si le joueur est un récidiviste, etc. »

La ligue précise que le montant des amendes a augmenté « à mesure que les salaires des joueurs ont augmenté ». Même si, en 2007 par exemple, Allen Iverson avait écopé d’une amende de 25 000 dollars pour ses remarques à l’encontre de Steve Javie. La NBA note par ailleurs que les amendes se sont également étendues pour couvrir davantage d’actions dans le cadre du programme « Respect du jeu ». Celui-ci comporte une charte de ce qui est permis ou non pour un joueur en cas de contestation d’un coup de sifflet.

On rappelle que l’argent collecté – de l’ordre de 250 000 dollars cette saison en prenant compte contacts et critiques envers les arbitres – est partagé entre la ligue et le syndicat des joueurs et est destiné à des œuvres de charité. Selon le compteur tenu par le site spécialisé Spotrac, le montant total des amendes distribuées cette année a atteint un niveau exceptionnel de… 35 millions de dollars, contre environ 7 millions de dollars un an plus. Mais ce montant est pour beaucoup lié aux situations de Ben Simmons et Kyrie Irving dont les absences respectives se sont déclinées en de multiples sanctions de plus de 350 000 dollars à chaque fois.

« Pas un délit de stationnement »

Qu’est-ce qui se pratique ailleurs, en matière de réponse à la critique arbitrale ? Du côté de la Ligue nationale de basket (Betclic Elite, Pro B) par exemple, un dérapage est susceptible d’enclencher une convocation devant la commission juridique et de discipline, composée de profils variés (anciens magistrats, ancienne joueuse pro, représentants d’autres ligues…) qui se réunit toutes les semaines.

« Chaque cas doit être étudié, ce n’est pas un délit de stationnement non plus », formule un représentant de la ligue, joint par BasketUSA. Ce dernier n’a pas d’exemple récent de critiques arbitrales en tête. « Ce n’est pas très courant, cela arrive de temps en temps. » On a retrouvé le cas de Paul Lacombe qui, en 2018, s’était montré critique au micro de la télé à l’issue d’un match de playoffs. La commission, qui avait retenu des circonstances atténuantes (excuses du joueur), lui avait infligé un match de suspension avec sursis.

Notre source considère que cette « culture » de la critique arbitrale existe moins dans le championnat français, dont l’ensemble des conférences de presse sont filmées, du moins en dehors du cadre du match. Si cela arrive, « aucune tolérance, on ne laisse pas passer. L’arbitre est un acteur du jeu qui prend des décisions, on doit les accepter. C’est important de le protéger. »

Et dans les autres sports américains alors ? Pour la NFL (football américain), Spotrac n’a référencé que trois situations cette saison où un joueur a eu des mots en direction de l’arbitre et deux la saison précédente, pour un montant d’amendes compris entre 10 000 dollars et 30 000 dollars. Dans la ligue de hockey (NHL), en 2021, le coach des Boston Bruins, Bruce Cassidy, a bien pris une amende de 25 000 dollars mais la critique dans les médias semble également être une tendance moins fréquente dans les autres ligues majeures du sport américain.

Une défiance par rapport à l’autorité

Même tendance dans l’univers du football qui ne fait évidemment pas exception par rapport au phénomène. « Dans le football professionnel, la contestation d’une décision est banale », constate Olivier Chovaux, professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Artois, auteur de l’ouvrage « Siffler n’est pas jouer ? Une histoire des arbitres de football » (2021 – Atlande Eds). Cette contestation s’exprime toutefois principalement en plein jeu et beaucoup plus rarement dans les médias.

On note toutefois quelques exemples récents de sanctions pour des déclarations litigieuses à la sortie d’un match : 40 000 euros d’amende pour un joueur du Borussia Dortmund, Jude Bellingham, 52 000 euros pour l’entraîneur de Liverpool, Jürgen Klopp, deux matchs de suspension, dont un avec sursis, pour le milieu du PSG, Marco Verratti

« Une telle exposition médiatique fait qu’on pourrait s’attendre à davantage de retenue, mais au contraire, ce sport spectacle sert de caisse de résonance aux critiques adressées au tiers arbitral. Tant pis si cela se traduit par une sanction », poursuit Olivier Chovaux, également délégué pour la LFP et l’UEFA. Selon notre spécialiste, « les conditions d’expression d’une frustration sont créées par le diffuseur », avec ces fameuses interviews express à la mi-temps ou la fin d’un match. Là où certains acteurs peuvent être tentés de s’exprimer dans l’émotion, sans avoir revu les images et manquant ainsi de discernement et de recul.

Cette médiatisation « laisserait croire que les choses s’aggravent : je n’en suis pas du tout convaincu », dit encore notre historien qui, pour expliquer cette défiance envers la figure de l’arbitre, note que le rapport à l’autorité « a considérablement évolué tout au long du XXe siècle », avec un rapport à la loi « de moins en moins toléré » qui s’expliquerait notamment par la montée de l’ « individuation ».

98% de coups de sifflet corrects ?

Le recours de plus en plus en fréquent à la technologie dans le sport, pour tenter de limiter un maximum les erreurs (les arbitres NBA revendiquaient récemment 98% de coups de sifflet corrects et dans l’ensemble 93% de bonnes décisions en prenant en compte les non-coups de sifflet), n’a visiblement qu’un impact limité sur le phénomène. En NBA, les coaches ont depuis trois saisons la possibilité d’utiliser un « challenge » pour remettre en question une décision arbitrale. 648 coups de sifflet ont ainsi été contestés la saison dernière et dans 48% des cas, les coaches ont obtenu gain de cause. Un ratio en hausse par rapport à la saison précédente (44%). Preuve que l’appréciation d’un officiel, sur une action, peut évidemment évoluer.

On rappelle aussi que, depuis 2015, la ligue produit un rapport systématique sur la fin d’un match qui s’est jouée à trois points ou moins à tout moment dans les deux dernières minutes du quatrième quart-temps. Sont ainsi régulièrement reconnus des coups de sifflet incorrects ou des oublis qui ne changent rien au sort d’un match terminé. Mais il est déjà arrivé par le passé qu’un coach, Steve Clifford par exemple, obtienne gain de cause avec un rapport des deux dernières minutes… mais prenne quand même une amende 25 000 dollars pour l’avoir ouverte en conférence de presse.

Lorsqu’on demande, enfin, à la ligue si elle observe ce qui se fait dans d’autres entités pour évaluer sa propre politique dans ce cadre, elle répond par la négative. « Pas en tant que politique générale. Comme dans tous les domaines de notre activité, nous évaluons et recherchons constamment des moyens de faire mieux », répond la NBA en rappelant que les amendes infligées font l’objet d’une négociation collective avec l’association des joueurs.

La distribution des amendes n’est sans doute pas terminée.

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