La poisse à Dallas. Alors que les Mavs pouvaient entamer ce premier tour, qu’ils n’ont plus passé depuis… 2011, avec un statut de favoris face au Jazz, la blessure de Luka Doncic en toute fin de saison est venue redistribuer les cartes. Le Jazz, qui a connu une fin d’exercice très compliquée, pourrait ainsi profiter de l’absence du Slovène pour retrouver des couleurs sur le plan collectif.
L’issue, à l’instar de l’état de santé du meneur texan, s’annonce dans tous les cas très incertaine entre deux équipes qui ont terminé avec seulement trois victoires d’écart au classement (52 victoires pour les Mavs contre 49 au Jazz).
PRÉSENTATION DES MAVS
Le cinq de départ : (Luka Doncic), Spencer Dinwiddie, Jalen Brunson, Reggie Bullock, Dorian Finney-Smith, Dwight Powell
Le banc : Maxi Kleber, Josh Green, Davis Bertans, Trey Burke, Marquese Chriss, Boban Marjanovic, Theo Pinson
Le coach : Jason Kidd
POINTS FORTS
Plus de solidité défensive. La défense a souvent été un point noir chez les Mavs, en particulier la saison passée. Malgré toutes les bonnes intentions affichées par Rick Carlisle, Dallas restait plus proche du top 10 des pires défenses que des meilleures. Cette tendance, malgré un groupe relativement stable (hormis le transfert de Kristaps Porzingis) a évolué avec l’arrivée de Jason Kidd cette saison. Inspiré par la solidité dans ce secteur des Mavs champions en 2011, le coach a fait défendre très fort les Texans, notamment durant le mois de janvier (103 points encaissés sur 100 possessions).
C’est à partir de cette séquence, avec une multiplication de matches terminés avec moins de 100 points encaissés, que Dallas a sérieusement fait basculer son bilan dans le positif. Avec Dorian Finney-Smith, Dwight Powell ou Maxi Kleber, les Mavs ne manquent pas de soldats de l’ombre prêts à combler les brèches derrière des arrières plus tournés vers l’attaque. Dallas a toutefois ré-augmenté la cadence en attaque depuis le « All-Star break », avec donc plus de points encaissés.
Un groupe sans pression. En début de saison, on imaginait Dallas terminer à la 7e place à l’Ouest en misant sur la bonne forme du tandem Luka Doncic – Kristaps Porzingis. Cette expérience a finalement tourné court puisque le second, à la surprise générale, a été envoyé à Washington contre Spencer Dinwiddie et Davis Bertans, décevants avec les Wizards. Pas un si mauvais pari jusqu’ici puisque Dallas a gagné… 19 de ses 25 dernières sorties. Et Spencer Dinwiddie, susceptible d’être un élément clé dans cette série, a retrouvé de la confiance.
Dallas semble ainsi avoir déjà dépassé les attentes en arrachant cette quatrième place et l’avantage du terrain. Leur pression n’a rien de comparable avec celle entourant le Jazz, dont les objectifs de titre ont été bien plus affirmés. Et clairement, si le Jazz venait à chuter dès le premier tour, l’explosion du groupe en place semble plausible contrairement aux Mavs, qui ont déjà réalisé un transfert d’ampleur en février.
POINTS FAIBLES
La dépendance à Luka Doncic. Huit victoires – neuf défaites : tel est le bilan, pas si catastrophique, des Mavs lorsqu’ils ont évolué sans leur maître à jouer cette saison. Il faut toutefois noter que la plupart de ces matches ont été disputés avant le transfert du Letton, qui avait ainsi eu l’occasion d’assurer un minimum de leadership en l’absence du Slovène. Seulement en playoffs, on a beaucoup de mal à imaginer les Mavs garder leur fluidité offensive sans leur meilleur marqueur, passeur, et joueur qui a le plus le ballon en main. Spencer Dinwiddie et Jalen Bruson sont attendus au tournant pour alimenter la marque et assurer un minimum de création pour eux.
La présence intérieure. Mavs et Jazz sont deux des équipes qui artillent le plus de loin cette saison. Mais les Texans ont la particularité d’être plus à la peine pour marquer dans la raquette adverse : c’est la deuxième pire de la ligue dans le secteur. Ce n’est pas la présence dissuasive de Rudy Gobert en face qui va aider leur cause. Dwight Powell est capable de finir au « alley-oop » mais ne sera pas une énorme menace pour la défense du Jazz.
Dorian Finney-Smith, Maxi Kleber et Davis Bertans étant davantage tournés vers la ligne à trois points, à voir si Jason Kidd décide de mobiliser Marquese Chriss voire même Boban Marjanovic pour avoir davantage de poids et de taille pour lutter face au Français.
PRÉSENTATION DU JAZZ
Le cinq de départ : Mike Conley, Donovan Mitchell, Bojan Bogdanovic, Royce O’Neale, Rudy Gobert
Le banc : Jordan Clarkson, Hassan Whiteside, Rudy Gay, Danuel House Jr., Juancho Hernangomez, Eric Paschall, Jared Butler, Nickeil Alexander-Walker
Le coach : Quin Snyder
POINTS FORTS
La force de frappe offensive. Avec un peu moins de 117 points par match (sur 100 possessions), le Jazz dispose de la meilleure attaque de la ligue. Avec près de 15 paniers primés en moyenne, c’est également l’équipe la plus prolifique du championnat dans ce secteur. Cette série nous promet donc une belle opposition de style. Chez le Jazz, tous les membres du cinq majeur, hormis Royce O’Neale, sont capables de tourner à près de 20 points de moyenne. C’est dire si le danger peut venir de partout.
Jason Kidd va donc devoir redoubler d’efforts en défense pour imaginer des schémas capables de perturber cette force de frappe offensive. Une attaque qui s’est toutefois plus d’une fois grippée ces dernières semaines. Hormis quelques cartons face à des équipes fantômes, le Jazz a ainsi perdu sept de ses onze dernières sorties et ainsi lâché les 3e, puis 4e places occupées depuis la mi-novembre…
La densité de l’effectif sur le papier. Le papier ne fait évidemment pas tout mais en jetant un œil sur les deux effectifs, celui du Jazz semble nettement plus dense que celui des Mavs. Au-delà des cinq majeurs, avec trois joueurs déjà All-Stars côté Jazz, le banc des Mormons semble également beaucoup plus profond que celui des Texans. Cela se vérifie dans les chiffres puisque la « second unit » d’Utah dispose du meilleur « net rating » de toute la ligue.
Il le doit beaucoup à Jordan Clarkson, capable d’éruptions offensives tout comme de passer complétement à côté. Le banc du Jazz a globalement plus de bouteille que celui des Mavs.
POINTS FAIBLES
Un collectif parfois défaillant. Le Jazz est capable de montrer son meilleur visage sur un quart-temps, puis le pire lors du suivant. Cela se traduit par un jeu d’attaque stéréotypé où le ballon ne circule plus et où chacun se contente d’allumer de loin. C’est ce que l’on a pu voir à l’œuvre lors d’une récente défaite à domicile face aux Suns, après avoir pourtant compté un gros écart. Se faire remonter de la sorte a été l’un des thèmes de la fin de saison du Jazz.
À voir comment ce dernier répond en cas de passage à vide au cœur d’un match, mais également à l’échelle d’une série. On rappelle que lors des derniers playoffs, ils ont mené 2-0 avant de s’incliner quatre fois de suite face aux Clippers pourtant privés de Kawhi Leonard. Un an plus tôt, ils avaient échoué dès le premier tour à l’issue du septième match d’une série marquée par un duel de solistes entre Donovan Mitchell et Jamal Murray. Voir l’arrière prendre le jeu à son compte est loin d’être un gage systématique de réussite.
La réponse face au « small ball ». Le nerf de la guerre chez les hommes de Quin Snyder depuis des années. Comment sanctionner une équipe qui décide de jouer petit en tirant profit de Rudy Gobert ? Comment surtout ne pas être pénalisé par la difficulté du Français à couvrir à la fois la raquette du Jazz et un joueur adverse scotché à la ligne à trois points ? Ils ont été éjectés lors du match 6 l’an passé en étant incapables de trouver la parade face à Terance Mann, auteur du match de sa vie.
Le souci est que le Jazz ne semble pas vraiment avoir retenu la leçon puisque Rudy Gobert et les siens ont encore été piégés en janvier dernier par exemple, face aux Lakers et Stanley Johnson. Avec ses intérieurs mobiles, de petite taille et capables d’envoyer de loin, Dallas a clairement le profil pour embêter le Jazz.
CLÉS DE LA SÉRIE
Le mollet de Luka Doncic. Si le Slovène ne peut démarrer sa série que lors de la troisième manche, cela change évidemment la donne même si Dallas démarre à domicile. Les Mavs vont donc devoir tenter de limiter la casse en attendant le retour de leur meilleur joueur et en espérant qu’il retrouve rapidement son rythme après potentiellement une bonne dizaine de jours sans jouer et sans doute une gêne encore présente. De son côté, le Jazz a tout intérêt à ne pas tarder à prendre l’ascendant et suffisamment d’avance pour ne pas s’écrouler et passer ce premier tour.
L’impact de Rudy Gobert. La machine à double-double s’est rapprochée de sa meilleure moyenne de points en carrière alors qu’il a moins shooté par rapport à ces quatre dernières années. Cela s’explique par son adresse encore démentielle (71%) et des progrès aux lancers-francs d’où il n’a jamais autant shooté et été efficace (69%). Commettre une faute sur lui sous le cercle a donc ses limites. Ses coéquipiers ont tout intérêt à le servir dans la peinture, au moins comme point de fixation, surtout si Jason Kidd décide de limiter les centimètres de son cinq.
SAISON RÉGULIÈRE
25 décembre 2021 : Utah – Dallas (120-116)
25 février 2022: Utah – Dallas (114-109)
7 mars 2022 : Dallas – Utah (111-103)
27 mars 2022 : Dallas – Utah (114-100)
VERDICT
Le diagnostic final aurait été bien différent sans le facteur blessure de Luka Doncic. Malgré l’avantage du terrain, et la méforme actuelle du Jazz qui risque l’implosion en cas de désillusion si prématurée en playoffs, on imagine mal les Mavs avoir suffisamment de coffre pour résister aux Mormons. Ceux-là ont une potentielle opportunité en or de récupérer rapidement l’avantage du terrain pour conclure à domicile, lors de la sixième manche.
Jazz 4-2 (avec un Luka Doncic amoindri)
CALENDRIER
Game 1 : à Dallas, samedi 16 avril (19 h)
Game 2 : à Dallas, lundi 18 avril (2h30, dans la nuit de lundi à mardi en France)
Game 3 : à Salt Lake City, jeudi 21 avril (3h, dans la nuit de jeudi à vendredi en France)
Game 4 : à Salt Lake City, samedi 23 avril (22h30)
Game 5* : à Dallas, lundi 25 avril (à déterminer)
Game 6* : à Salt Lake City, jeudi 28 avril (à déterminer)
Game 7* : à Dallas, samedi 30 avril (à déterminer)
* Si nécessaire.