Absent entre la fin novembre et la mi janvier, Bam Adebayo a manqué une bonne vingtaine de matchs et cela pourrait lui coûter cher à la période des récompenses qui va inexorablement poindre le bout de son nez avec les playoffs à l’horizon.
Pourtant à 19 points, 10 rebonds et 3 passes de moyenne, le pivot du Heat ne ménage pas sa monture, lui qui est déjà dans sa cinquième saison NBA. C’est bien simple : depuis l’aventure du Heat jusqu’en finale dans la Bulle, Adebayo n’a pas vraiment eu de vacances.
« En playoffs, le classement n’importe plus »
« Je n’aime pas rater de matchs », explique-t-il ainsi dans le dans le Lowe Post. « Mais j’ai enchaîné 82 matchs, la saison écourtée, les Jeux olympiques, et mon corps m’a fait comprendre qu’il fallait faire une pause. »
Son Heat ne s’en est pas trop mal sorti en son absence. Pour preuve, leur première place assurée au sommet de l’Est, synonyme d’avantage du terrain jusqu’en finale de conférence.
Alors que les Nets de Kevin Durant et Kyrie Irving bataillent encore pour se qualifier via le « play-in », Adebayo peut parler au nom de tous ses coéquipiers quand il avance qu’il ne craint aucune équipe au premier tour. Pas question d’un « upset » pour la tête de liste.
« Non, on s’en fiche. En playoffs, le classement n’importe plus pour moi. On a vu des équipes qui ont fini sixième et qui ont perdu au deuxième tour, des cinquièmes qui ont réussi à aller jusqu’en finales, ça s’est déjà vu. Et je parle d’après mon expérience personnelle. On doit simplement jouer notre jeu et être à notre meilleur niveau. C’est là qu’il faut vraiment se reposer sur notre culture collective. »
Vantée pour sa dureté et sa rigueur, la culture du Heat est un grand classique du folklore NBA depuis les années 1990 et l’arrivée aux manettes de Pat Riley, en provenance des Knicks de l’époque Ewing, Oakley et Mason. Mais Adebayo atteste encore de sa véracité actuelle.
« Je pense qu’on peut se concentrer encore plus [pour les playoffs]. Tous les gars, du premier au quinzième, on veut tous gagner, c’est notre objectif ultime. C’est la mentalité de tout le monde, et ça veut dire qu’ils sont tous prêts à faire des sacrifices. C’est une de ces choses qui rend tout plus facile et qui soude à l’intérieur du vestiaire. Tout le monde est sur la même longueur d’ondes. »
« Une équipe qui finit première à l’Est [avec] un effectif à 50% composé de joueurs non draftés, ça devrait faire les gros titres ! »
Pour ajouter de l’huile sur le feu floridien, le Heat a récemment fait la Une avec une franche engueulade en plein temps mort entre Jimmy Butler, un habitué, mais aussi Erik Spoelstra, plus étonnant, et Udonis Haslem arrivant à sa rescousse. Intervenant en pacificateur, Adebayo confirme que ce n’est pas rare à South Beach de monter ainsi en température.
« Ça nous arrive tout le temps aux entraînements. Quand on est entre les lignes du terrain, on joue dur. On a un paquet de joueurs non draftés qui veulent se faire leur place, qui jouent pour leur carrière et pour leur famille. C’est une vraie bagarre. Il n’y a plus de coéquipiers ou quoi que ce soit, il n’y a que mon équipe contre ton équipe. Il n’y a plus que ça qui compte. Et dans ce contexte, il arrive que ça monte d’un cran dans ce que les uns peuvent dire aux autres. Nos entraînements peuvent être vraiment chauds aussi ! On a eu quelques bastons à l’entraînement, et c’est normal. On est des frères mais on ne sera pas toujours d’accord, ça arrive. On veut tous gagner et parfois ça déborde. Coach aussi veut gagner à tout prix et il nous rentre dedans, il nous insulte parfois et nous remet en place. Pour moi, c’est parce qu’on veut tous gagner à ce point-là. Je me souviens que D-Wade avait lui aussi eu une embrouille avec GP [Gary Payton]. Parce qu’il y a ce standard d’exigence, de gagner. »
Bien au fait de l’histoire de sa franchise de toujours, Adebayo a aussi conscience que son équipe n’est pas la plus sexy du championnat, alors que les vieux grognards que sont Kyle Lowry et Jimmy Butler montent tranquillement en régime et que le Heat gagne surtout par sa défense.
Auteur du dunk de la victoire pour abattre les Hawks, un possible adversaire au premier tour des playoffs, Adebayo incarne la force tranquille de son équipe du Heat, qui monte en intensité avec les playoffs, à l’image de leur actuelle série de six victoires de rang. Mieux, Adebayo en est quant à lui à 16 matchs de suite (un record en carrière) à plus de 50% de réussite aux tirs.
« Personne n’aime être sous-estimé, mais ça nous donne encore plus d’envie. On joue un basket traditionnel et classique ; on n’est pas vraiment considéré mais ça ne nous dérange pas plus que ça. Selon moi, les médias ne veulent pas parler des joueurs non draftés avant qu’ils arrivent vraiment à être productifs et performants. C’est un peu la même logique avec notre équipe, où il n’y a pas de haut choix de draft [dans le top 5]. Je ne crois même pas qu’on en ait dans le top 10 [en fait, il y en a un,Victor Oladipo, mais qui n’a que très peu joué, pour sa défense, ndlr]… Le plus proches sont Tyler [Herro] et moi. Plus de 50% de nos gars sont des gars non draftés, des joueurs qui apprennent encore à s’imposer en NBA. Ça pourrait être un gros titre intéressant pour le coup, de dire qu’une équipe qui finit première à l’Est a un effectif à 50% composé de joueurs non draftés. Mais on n’en parle pas. »
« J’ai commencé à jouer en NBA grâce à ma défense »
De la même manière, Adebayo n’apprécie que moyennement son profil bas quant au trophée de meilleur défenseur. Si ses statistiques dans le domaine ne font pas forcément rêver, avec 1 contre et 1 interception de moyenne seulement, Adebayo met la lumière sur d’autres arguments. Tout aussi, voire plus, légitimes encore selon lui.
« Je veux gagner ce trophée, c’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Je pense avoir fait ce qu’il fallait en aidant l’équipe à gagner et en l’aidant à figurer dans le top 5 des meilleures défenses. Pour moi, ça montre que tu rentres dans les critères de sélection : tu es premier à l’Est et tu es dans les 5 meilleures défenses de la Ligue. Voire top 3. »
Colonne vertébrale de la défense du Heat, le pivot passé par Kentucky ne pense pas être suffisamment considéré pour ses prouesses défensives. D’autant plus que c’est vraiment son fonds de commerce, ce qui lui a permis de gagner ses galons de joueur NBA, et in fine, de All-Star et de champion olympique (rien que ça)…
« J’ai commencé à jouer en NBA grâce à ma défense. C’est parce que je suis capable de changer sur les écrans, que je suis athlétique, que je peux défendre sur tous les postes que j’ai commencé à avoir du temps de jeu. Après un certain temps à te rendre compte que tu peux rivaliser avec les meilleurs scoreurs, les meilleurs shooteurs, les meilleurs attaquants du monde, tu te dis que peux être le meilleur défenseur de l’année. Au début, je pensais juste aux meilleurs cinq défensifs, mais avec la confiance qui grandit, je pense que je peux être DPOY. J’ai envie de réussir l’impensable, comme de pouvoir défendre le pick & roll, être à la fois en défense sur la passe en lob mais aussi sur le contre au niveau du cercle. On ne voit pas ça tous les jours. Spo me laisse faire ça et je l’avoue, parfois, je sors des systèmes en défense et je suis mes instincts. J’ai cette liberté aussi de la part de Spo. Il m’a fait progresser énormément. Pas seulement en défense, en attaque aussi. On a une grande confiance l’un en l’autre. Il sait que dans la plupart des situations, je ferai le bon choix. »
Bam Adebayo | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2017-18 | MIA | 69 | 20 | 51.2 | 0.0 | 72.1 | 1.7 | 3.8 | 5.5 | 1.5 | 2.0 | 0.5 | 1.0 | 0.6 | 6.9 |
2018-19 | MIA | 82 | 23 | 57.6 | 20.0 | 73.5 | 2.0 | 5.3 | 7.3 | 2.2 | 2.5 | 0.9 | 1.5 | 0.8 | 8.9 |
2019-20 ☆ | MIA | 72 | 34 | 55.7 | 14.3 | 69.1 | 2.4 | 7.8 | 10.2 | 5.1 | 2.5 | 1.1 | 2.8 | 1.3 | 15.9 |
2020-21 | MIA | 64 | 34 | 57.0 | 25.0 | 79.9 | 2.2 | 6.7 | 9.0 | 5.4 | 2.3 | 1.2 | 2.6 | 1.0 | 18.7 |
2021-22 | MIA | 56 | 33 | 55.7 | 0.0 | 75.3 | 2.4 | 7.6 | 10.1 | 3.4 | 3.1 | 1.4 | 2.6 | 0.8 | 19.1 |
2022-23 ☆ | MIA | 75 | 35 | 54.0 | 8.3 | 80.6 | 2.5 | 6.7 | 9.2 | 3.2 | 2.8 | 1.2 | 2.5 | 0.8 | 20.4 |
2023-24 ☆ | MIA | 71 | 34 | 52.1 | 35.7 | 75.5 | 2.2 | 8.1 | 10.4 | 3.9 | 2.2 | 1.1 | 2.3 | 0.9 | 19.3 |
2024-25 | MIA | 78 | 34 | 48.5 | 35.7 | 76.5 | 2.4 | 7.2 | 9.6 | 4.3 | 2.1 | 1.3 | 2.1 | 0.7 | 18.1 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.