Mieux vaut tard que jamais dit l’adage. A 38 ans et avec 16 saisons NBA dans les pattes, Grant Hill dispose du recul nécessaire pour s’exprimer judicieusement sur la blessure à la cheville qui a pourri sa carrière.
Quatre ans de calvaire dans la foulée de sa signature au Magic à l’été 2000, une saison blanche, des rêves de titre aux oubliettes. Jamais le Blue Devil ne repassera la barre des 20 points de moyenne sur une saison et la finale NBA restera de l’ordre de l’utopie.
Plus de cinq après, Grant Hill fait son « J’accuse ». L’ailier des Suns n’est pas aussi virulent que Zola mais il pointe du doigt Detroit et Orlando avec franchise.
« Au moment où je me blesse, le jeu devenait très facile pour moi. Je rentrais dans mes meilleures années, avec une compréhension du jeu acquise au fil des campagnes précédentes. Je me disais que j’avais quatre, cinq ans devant moi pour laisser mon empreinte et gagner un titre ou plusieurs« , se rappelle le All Star, qui en 1999-2000 tourne à 25,8 pts, 6,6 rbds et 5,2 passes.
Mais pour ce LeBron James de la fin des 90’s (en plus fin mais tout aussi complet), les ambitions se heurtent vite à une réalité médicale existante depuis déjà mars 2000, sans que personne en dehors du staff médical des Pistons ne le sache.
« Personne ne sait vraiment que j’ai commencé à avoir des problèmes à ma cheville à la fin de la saison, avant même les playoffs Je pouvais jouer mais j’étais sous traitement et ça me gênait. La blessure a empiré en fin de saison, je ne m’entraînais plus et j’ai même dû déclarer forfait pour un match face à Philly retransmis sur une chaîne nationale. Ma cheville me faisait très mal, j’ai passé une IRM et on m’a dit que j’avais une excroissance osseuse. »
Il apprend sur le tard que sa cheville est cassée !
Le Franchise player, troisième meilleur scoreur NBA derrière le Shaq et Iverson, se repose les trois derniers matches de la saison régulière, avant le choc du premier tour face au Heat. Il ne jouera que les deux premiers actes de cette série maudite.
Free-agent dans les semaines qui suivent l’élimination en playoffs, Hill opte pour le Magic. Il y rejoint Tracy McGrady pour ce qui promet d’être le plus excitant duo de la ligue.« Dans le troisième quart-temps du Game 1, je tire sur ma cheville, ça me gène encore énormément. Mais il y a du temps avant le Game 2, ils me donnent un traitement assez lourd qui ne fait en fait que masquer la douleur. Je me sens enfin bien, mais dans le deuxième quart-temps je sens que ça craque, je tente de continuer mais dans le troisième quart j’en étais incapable. »
« On me dit alors que tout va bien, je sens même que certains pensent que je suis trop soft, que je n’ai pas grand chose et que j’en rajoute. Quand j’apprends que ma cheville est cassée, c’est presque un soulagement car je sais enfin que ce n’est pas moi qui exagérais.«
Opéré en mai il visite Orlando en juillet sur des béquilles et signe son contrat en août et début septembre il est sur les parquets pour disputer des pickup games. Une grave erreur regrette-t-il aujourd’hui.
« Je n’étais absolument pas supposé faire ça, ma cheville me faisait encore mal. Je n’avais jamais été blessé avant, je ne savais pas vraiment ce qu’était une rééducation. Je ne joue qu’une fois par semaine mais je dois mettre de la glace en permanence. Pendant le camp je m’entraîne deux fois, en pré saison je joue trois, quatre matches. »
Résultat, quatre matches disputées dans la saison pour 13,8 pts. Puis seulement 14 en 2001-2002, 29 en 2002-2003 et aucun en 2003-2004.