Haralabos Voulgaris était le directeur « de la recherche et du développement quantitatifs » des Mavericks, mais il était au cœur de la tempête en juin dernier, alors que des tensions avec Luka Doncic étaient évoquées dans la presse. Mark Cuban a dans la foulée secoué son organigramme et le Canadien d’origine grecque de 45 ans n’a pas passé l’été. Ce, alors même qu’il était en très bons termes avec le propriétaire…
Haralabos Voulgaris ne s’était pas encore exprimé sur son départ, et, pour sa première interview, il a comparé l’ambiance de travail dysfonctionnelle des Mavs à « des histoires de lycéens » ou « un club de couture ».
Une menace pour Donnie Nelson
« Je voulais faire partie d’un projet, et je voulais gagner des matchs de basket », lance-t-il sur ESPN. « Changer la structure de la franchise des Mavs n’a jamais été mon objectif, à moins que je sois la personne responsable, et même dans ce cas-là, je n’étais pas sûr de le vouloir. Je n’ai jamais voulu être la personne responsable jusqu’à ce qu’il soit clair que le responsable ne voulait plus de moi. Alors, j’ai compris que ça allait être la guerre. Quand c’est devenu une affaire personnelle, j’ai commencé à ressentir cet esprit de compétition en moi. Ce gars-là veut que je dégage… Cela dit, ça n’a jamais été évident qu’il voulait me dégager. Mais on pouvait le lire entre les lignes, ça se voyait. Pour être très clair, sur mes deux premières années, Donnie [Nelson] était toujours agréable avec moi. Mais j’entendais certaines choses, j’apprenais certaines choses. C’était un environnement de travail avec beaucoup de commérages. Un vrai club de couture. »
Haralabos Voulgaris finit par mentionner son nom : Donnie Nelson. Licencié en juin dernier, l’ancien GM des Mavs était visiblement l’ennemi n°1 du spécialiste des statistiques avancées dans les bureaux de Dallas. Ce dernier estimant que le GM historique des Mavs se sentait « menacé » par sa présence, créant par conséquence cette atmosphère toxique à l’intérieur de la franchise texane.
« Je n’avais aucune relation de travail avec les autres personnes du front office, à tel point que c’était vraiment bizarre. Mais c’est un peu comme ça que ça marchait là-bas : entoure toi de gens qui ne sont pas des menaces. Tu ne deviens pas un GM NBA qui reste si longtemps en poste si tu n’es pas très, très bon pour conserver ton travail. »
Mais Mark Cuban n’était pas non plus innocent dans l’affaire, sciemment ou inconsciemment. Car le propriétaire a bel et bien insisté pour que Voulgaris ne fasse aucune concession dans son travail ou son approche. En bon capitaine d’industrie, Cuban voulait compléter ses faiblesses pour renforcer son entreprise.
« J’ai envoyé un email à Cuban où je lui expliquais que je voulais simplement m’intégrer. J’appréciais cette opportunité mais je ne veux froisser personne. Et il a été très clair en retour : ‘Non, je ne veux pas que tu t’intègres’. On est déficient dans des domaines où tu es bon. Si c’est difficile, c’est qu’on doit avoir des conversations difficiles. A posteriori, je me rends compte que j’étais un peu ce missile qui doit créer un changement et débloquer ces rochers qui ne bougeaient plus. »
La brouille avec Luka Doncic : une « absurdité totale »
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est tombée en avril, lors d’une défaite amère face aux Knicks. Luka Doncic n’a pas du tout apprécié que Haralabos Voulgaris quitte son fauteuil en bord de terrain à 45 secondes de la fin du match. Pour le Slovène, c’était un désaveu, la preuve que le dirigeant lâchait l’équipe.
Une « absurdité totale » selon Haralabos Voulgaris qui contre-attaque en se demandant pourquoi certains membres du coaching staff, dont Jamahl Mosley, l’actuel entraîneur en chef du Magic qui était assistant et très proche de Doncic, n’a pas pris sa défense. Aussi bien sur le moment que dans les jours qui ont suivi…
« Tu as une excellente relation avec ce joueur. Pourquoi ne lui dis-tu pas que je n’ai pas lâché l’équipe ? Je suis simplement retourné à mon bureau pour voir un truc sur mon ordinateur, ou je me suis levé simplement parce que c’est le moment où je partais normalement. Il y a eu beaucoup d’autre occurrences où je suis parti au milieu d’un match. Et puis, bon, pourquoi est-ce un problème ? Ce n’est pas comme si j’étais rentré chez moi pour aller pleurer parce qu’on avait perdu. Ou si j’avais piqué une crise de colère. J’ai simplement regardé le match à la télé depuis mon bureau. C’était tellement un non-événement que je ne pensais jamais que ça deviendra une affaire. Et le simple fait que ça soit devenu une affaire m’a amené à croire que ce boulot n’en valait plus la peine pour moi. »
Plus en odeur de sainteté auprès de l’équipe, Haralabos Voulgaris avait commencé à travailler « à distance » et le nouveau directoire des Mavs, incarné par le duo Jason Kidd – Nico Harrison, a logiquement tranché dans le vif en ne renouvelant pas son contrat. De son côté, il avoue qu’il n’était plus intéressé dans tous les cas.
« Si je deviens une distraction pour ce putain de gars, je n’ai plus de raison de rester. Peu importe la situation, peu importe comment je vois la situation, ça n’importe pas en fin de compte. Il est le coeur de l’équipe. J’ai vite compris, et puis en plus, j’essayais déjà de trouver une porte de sortie de ce boulot. »