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Le jour où Bill Russell est devenu le premier coach noir du sport US

Hall Of Fame – Avant 1966, il n’y avait jamais eu d’entraîneur noir sur les bancs de touche. Tous sports confondus.

Ancien MVP, Dave Cowens avait accepté en 1979 d’être à la fois coach et joueur des Celtics. Depuis son échec avec cette double-casquette, plus aucune franchise n’a tenté cette expérience, pourtant si fréquente lors des premières décennies de la NBA. Une dizaine d’années plus tôt, déjà aux Celtics, Bill Russell avait ainsi accepté de devenir entraîneur-joueur. On est en 1966, et le joueur le plus titré de l’histoire prend la suite du mythique Red Auerbach. C’est un tournant dans l’histoire de la ligue, mais aussi dans l’histoire du sport américain puisque Bill Russell devient le premier entraîneur noir, tous sports confondus.

C’est pour avoir été un pionnier pour les entraîneurs noirs-américains que Bill Russell entrera à nouveau au Hall Of Fame en fin de semaine, et il va ainsi rejoindre Tom Heinsohn, Bill Sharman et Lenny Wilkens, seules personnalités entrées au Hall Of Fame comme joueur et entraîneur en NBA.

« Lorsque j’ai été nommé entraîneur des Celtics, les joueurs m’ont accepté sans le moindre conflit », expliquera Bill Russell quelques années plus tard. « Ils me respectaient en tant que joueur et pour ma connaissance du jeu et ils se donnaient autant à fond pour moi qu’ils le faisaient pour Red Auerbach ».

En 1966, Bill Russell vient de remporter son 9e titre sous la coupe de Red Auerbach, mais le coach des Celtics est fatigué des saisons à 82 matches et des déplacements, et pour lui succéder, il envisage de nommer l’un de ses anciens joueurs, désormais retraités. Forcément, il en parle à son leader, Bill Russell. NBA.com rapporte cette discussion.

« Bill, est-ce que tu penses que Cooz (Bob Cousy) serait un bon entraîneur ? (Tom) Heinsohn ? Et pourquoi pas (Bill) Sharman ? »

« Ce sont de bons choix » lui répond Bill Russell. Mais Red Auerbach a un 4e choix en tête : « Il y a quelqu’un d’autre : pourquoi pas toi ? » Bill Russell accepte, et il finira sa carrière avec cette double casquette pour un bilan de deux titres en trois ans.

« On ne m’a pas proposé le boulot parce que je suis un nègre »

En 1966, deux ans après l’abolition des lois ségrégationnistes, et un an après le décès de Malcolm X, dont Bill Russell partageait les idées, c’est une décision forte des Celtics, mais ce n’est pas une décision politique, ni une faveur. La même année, c’est aussi dans le Massachusetts qu’Edward Brooke devient le premier sénateur noir-américain élu au suffrage universel.

« On ne m’a pas proposé le boulot parce que je suis un nègre » explique Bill Russell à la presse en ce 18 avril 1966. « On me l’a proposé parce que Red estimait que j’en étais capable. Mon allégeance aux Celtics était totale. Je n’ai pas pris ce poste comme un message social, mais parce que je pensais que c’était pour une bonne raison. À ce moment-là, j’étais le meilleur choix. »

À l’époque, il n’y a pas d’assistant sur les bancs de touche, et Bill Russell ne peut compter que sur lui-même pour coacher et jouer à la fois. Il demande les temps-morts, dessine les systèmes… Membre des Celtics à cette époque, devenu le coach le plus victorieux de l’histoire, Don Nelson se souvient de cette nomination : « C’était le scénario parfait pour que Red se retire et que Bill prenne la relève. Il était la personne la plus importante de la franchise, et il voulait le faire. C’était génial de jouer pour lui. J’aimais ce type« .

Une affection mutuelle selon Russell qui s’était donné comme mission première de protéger son groupe. Après une défaite, pas un mot sur ses coéquipiers. Il assume tout, et c’était selon lui le seul moyen de réussir. Cela fonctionnera aux Celtics avec ses coéquipiers, et beaucoup moins aux Sonics et aux Kings lorsqu’il sera juste entraîneur.

Finales de conférence 2021, trois des quatre entraîneurs sont noirs

Ce respect de ses coéquipiers était essentiel pour réussir à ce poste, et cette nomination va ouvrir la porte à d’autres coaches. Au lendemain de sa retraite comme joueur, et comme entraîneur, en 1969, Bill Russell apprend que deux autres franchises ont décidé d’imiter les Celtics. Il s’agit des SuperSonics et des Warriors qui nomment respectivement Lenny Wilkens et Al Attles comme entraîneur-joueur.

Il faudra attendre 1971 pour qu’une franchise passe un cap supplémentaire avec la nomination d’un entraîneur noir à plein temps. Il s’agit d’Earl Lloyd, nommé par les Pistons, et comme Bill Russell, c’est un pionnier puisque vingt ans plus tôt, il était devenu le premier joueur noir de la NBA. Le voici désormais sur le banc, et après son renvoi, les Pistons engageront un autre technicien noir, Ray Scott. En 1974, ce dernier est le premier à recevoir le trophée de Coach Of The Year. Un an plus tard,  Al Attles, qui avait pris sa retraite en tant que joueur, mène les Warriors au titre et devient après Bill Russell, le deuxième entraîneur noir à mener une équipe au titre et le premier à le faire comme « head coach » sans cette double casquette joueur-entraîneur.

Lenny  Wilkens les imite en 1979 du côté de Seattle, et des dizaines d’entraîneurs noirs ont depuis coaché en NBA, et d’autres sont devenus champions comme KC Jones, Doc Rivers et Tyronn Lue. Cinquante-cinq ans après la prise de fonction de Bill Russell, les playoffs 2021 ont été marquées par les présences de Nate McMillan, Tyronn Lue et Monty Williams en finale de conférence. Ils sont les dignes successeurs de Bill Russell, un mythe vivant, joueur le plus titré de l’histoire, qui a laissé son nom au trophée de MVP des Finals.

Mais c’est comme « premier entraîneur noir » qu’il va à nouveau entrer au Panthéon du basket. Il y a quelques années, pour la même raison, il était devenu la première personnalité de la NBA à recevoir la plus haute décoration civile américaine : la « Presidential Medal of Freedom ». Une décoration remise à « des individus ayant contribué à la sécurité ou aux intérêts nationaux des Etats-Unis », et c’est Barack Obama qui était 2011 à la Maison Blanche pour lui remettre.

En 1975, il avait refusé les honneurs du Hall Of Fame

Evidemment, on avait interrogé Bill Russell sur le fait que ce soit un autre pionnier, le premier président noir américain, qui lui remette cette distinction. Voici ce qu’il avait dit à Barack Obama à l’époque : « Je suis très fier de vous, non pas parce que vous êtes le premier président noir, mais parce que vous êtes un politicien intelligent et compétent et que vous êtes arrivé au sommet de votre profession, et donc, je suis fier de vous de vos réussites en tant qu’homme« .

Que la couleur de peau soit un critère pour être distingué dérange Bill Russell, à tel point qu’en 1975, il avait refusé de se rendre au Hall Of Fame à son intronisation comme « premier joueur noir » du Hall Of Fame. « J’ai le sentiment que d’autres méritaient cet honneur plus que moi » se justifie-t-il, et il avait cité Chuck Cooper, le premier noir drafté par une franchise NBA.

Mais à la fin de la semaine, dans ce Massachussetts qu’il connaît si bien, Bill Russell sera cette fois à la tribune pour cette nouvelle entrée au Hall Of Fame. Qu’il se rassure, il n’est pas le premier coach noir à y entrer, mais qu’il le veuille, ou non, il restera pour toujours le premier coach noir du sport américain.

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