Pour Larry Bird, c’était « Monsieur Pacer ». Il faut dire que Bobby « Slick » Leonard, décédé à l’âge de 88 ans, a marqué la franchise de l’Indiana, et globalement toute la culture basket de l’État, depuis près de 70 ans !
Natif de Terre Haute, ce « Hoosier » pur jus a ainsi inscrit les lancers décisifs lors du titre NCAA de la fac d’Indiana, en 1953, avant d’être choisi en 10e position de la Draft 1954 par les Baltimore Bullets et d’intégrer la NBA après son service militaire. Féroce compétiteur, dur au mal, Bobby Leonard passa huit ans en NBA, principalement chez les Minneapolis/Los Angeles Lakers, pour 9.9 points et 3.3 passes décisives de moyenne.
Un téléthon pour sauver le club
Lors de sa dernière campagne, il devint entraîneur/joueur des Chicago Zephyrs, qui déménagèrent pour devenir les Baltimore Bullets. Mais il retrouva vite la maison, en prenant la tête des Indiana Pacers, alors en ABA, en 1968.
Place forte de la ligue concurrente de la NBA, avec trois titres (1970, 1972 et 1973) et deux Finals perdues en huit saisons, grâce à des joueurs comme Roger Brown, Mel Daniels ou encore George McGinnis, la franchise d’Indianapolis fut par contre en grosse difficulté lors de la fusion entre la NBA et l’ABA.
Incapable d’atteindre les playoffs lors de ses quatre premières campagnes dans la ligue, sans star de renom pour attirer les foules, les Pacers furent même sur le point de disparaître, en 1977, les caisses étant vides.
Alors coach/GM, Bobby « Slick » Leonard (il a gagné ce surnom, « le rusé », lors d’une partie de cartes avec George Mikan), sa femme Nancy Leonard et Sandy Knapp, en charge des relations publiques du club, n’ont d’autres choix que d’organiser un téléthon pour tenter de décrocher 8 000 abonnements à l’année, afin d’attirer les investisseurs.
Et ça fonctionne, les Pacers étant sauvés. En 1980, Slick Leonard quitta ses fonctions mais il revint en 1985 dans un rôle de commentateur, à la télévision puis à la radio, avec son célèbre « Boom, baby ! » prononcé après chaque réussite à 3-points. Malgré les problèmes de santé, il continuait de commenter les matchs jusqu’à très récemment.
Coach, GM, commentateur et « esprit de la franchise »
« Les fans des Pacers se souviendront de Bobby « Slick » Leonard comme de l’esprit de notre franchise », explique le propriétaire, Herb Simon, dans un communiqué. « Avec un charisme, une intensité et une intelligence à la hauteur de son surnom, Slick a fait de nous des champions. Il était notre plus grand fan et notre critique le plus affectueux, et il a personnifié le basket des Pacers pour des générations de Hoosiers. »
Connu pour ses coups de sang (il avait proposé à Red Auerbach de se battre sur le terrain, avait arraché un sifflet du coup d’un arbitre ou pourchassé un de ses propres joueurs avec une crosse de hockey), Slick Leonard incarnait le basket, dur et physique, de l’Indiana. Intronisé au Hall of Fame en 2014, il est présent au plafond de la Bankers Life Fieldhouse, le numéro 529 symbolisant son nombre de victoires à la tête de l’équipe, en ABA et NBA.
« J’ai connu une histoire d’amour avec les fans et les habitants de l’Indiana », expliquait-il. « Nous nous appelons les Hoosiers. Et ils m’ont beaucoup soutenu. C’est une histoire d’amour qui dure depuis des années, depuis que je suis passé à l’université de l’Indiana. Et j’aimerais que cela puisse durer éternellement. Je n’aurais pas pu rêver de tout cela. Je ne pensais même pas que j’allais pouvoir aller à l’université. »