Arvydas Sabonis : un Tsar au Panthéon

C’est l’une des grosses (et bonnes) nouvelles de la journée : Arvydas Sabonis (né en 1964) va faire son entrée au prestigieux Hall Of Fame. Ce n’est que justice pour celui que Scottie Pippen (et d’autres…) considère comme « le meilleur joueur européen de tous les temps ».

Pour les plus jeunes qui, hélas, ne l’ont pas connu, Sabonis, c’était tout simplement un génie de la passe dans une armoire de 2m20 et 140 kilos. Un pivot hors normes dont la carrière a été gâchée par une « guerre froide » et des blessures.

Des coups du sort qui ont empêché le Lituanien de véritablement tout écraser et de mater des Olajuwon, Robinson, Ewing et autres Shaq. Car, on n’exagère pas, il en avait le potentiel.

Après avoir débuté sa carrière à Kaunas (Villeurbanne s’en souvient…), celui que l’on surnomme le « Tsar » est drafté en 1985, d’abord par les Hawks, puis en 1986 par Portland.

Mais nous sommes au milieu des années 80, et il reste bloqué en Europe le temps que les Etats-Unis et l’ex-URSS fassent la paix.

En 1988, il part aux Etats-Unis pour être soigné à Portland pour une blessure au genou. Mais au lieu de le laisser récupérer tranquillement, la fédération russe exige de lui qu’il effectue les Jeux Olympiques de Séoul. Bien que mal remis de cette blessure, il domine (il humilie même…) David Robinson et les Américains, et décroche l’or face à la Yougoslavie.

« Plus rien à prouver en Europe »

Mais la suite ne sera qu’un parcours semé de blessures… Lorsque les frontières s’ouvrent, ses tendons d’Achille lâchent, et il préfère rester en Europe. A Valladolid plus exactement, puis au Real Madrid. Dans la Liga, ou en Euroligue, il fait un malheur : trop puissant, trop doué, trop adroit… Ses stats en 1995 : 22.8 pts, 13.2 rbds, 2.6 cts, et 2.4 pds de moyenne. Il a 31 ans, et l’Europe devient trop petite pour lui. Il se décide enfin à traverser l’Atlantique.

« Je n’ai plus rien à prouver sur le plan européen et international. Il me reste la NBA » annonce-t-il en mai 1995.

Il débarque à Portland en novembre 1995. A plus de 30 ans, il court à 2 à l’heure et sa détente est proche des 25 cm. Mais il a toujours de l’or dans les mains, et les Blazers vont en profiter. Dès sa première saison, il compile plus de 14 pts et 8 rbds par match, et termine second dans les votes du Meilleur sixième homme et du Rookie Of The Year.

16 pts et 10 rbds de moyenne à 34 ans

Deux ans plus tard, ses stats grimpent à 16 pts et 10 rbds par match. Il devient l’un des meilleurs pivots de la ligue. Un joueur atypique dans une ligue où les intérieurs sautent au plafond, et courent comme des arrières. Bill Walton, le légendaire pivot de Portland et Boston, le résume parfaitement : c’est un « Larry Bird » du jeu intérieur.

Hélas pour Portland, les Spurs ou les Lakers seront toujours sur leur route pour empêcher « Sabas » de décrocher le titre NBA. En 2001, il préfère faire un break, et prend une saison sabbatique pour soigner ses divers pépins.

Il revient tout de même aux Blazers l’année suivante. A 38 ans, il tournera encore à 6 pts et 4 rbds de moyenne en 15 minutes par match. Ce sera sa dernière en NBA.

Il s’offre un dernier challenge en 2003 avec son équipe de coeur, Kaunas. Le temps pour lui de finir sa carrière avec un trophée de MVP de la saison régulière. A 39 ans…