Le Web fait parfois remonter à la surface de vieilles séquences qui trouvent un écho particulier. C’est le cas de ce temps-mort, lors du Game 5 des Finals 2010. On y entend Phil Jackson motiver ses troupes, menées 87-82.
« Cette équipe a perdu plus de matchs dans le quatrième quart-temps que n’importe qui en NBA », expliquait le « Master Zen » à ses joueurs. « Ils savent perdre dans le quatrième quart-temps, non ? Et ils nous le montrent. »
Paul Pierce avait reconnu que Phil Jackson était dans le vrai même si, cette fois, Boston n’avait pourtant pas craqué, remportant le match 92-86 pour prendre un avantage de 3-2 dans la série. La suite, on la connait, Los Angeles va remporter les deux matchs suivants et donc le titre. Une constante chez Doc Rivers…
Doc Rivers a perdu 3 des 13 séries de l’histoire après avoir mené 3-1
L’entraîneur est ainsi devenu le spécialiste pour gâcher des avances dans des séries. Par six fois déjà, ses équipes ont ainsi eu deux ou trois balles de match, sans parvenir à les convertir.
Il était déjà le seul entraîneur à perdre deux séries dans lesquelles ses équipes menaient 3-1. Avec cette élimination face aux Nuggets, ça lui est désormais arrivé trois fois (au premier tour des playoffs 2003, avec le Magic face aux Pistons puis en demi-finale de conférence 2015, avec les Clippers contre les Rockets). À ces trois échecs, on peut ajouter la demi-finale de conférence 2009 face au Magic, les Finals 2010 face aux Lakers et la finale de conférence 2012 face au Heat, dans lesquelles les Celtics ont mené 3-2 avant de perdre les deux matchs suivants.
Ça fait beaucoup, surtout que lâcher une série après avoir mené 3-1 est extrêmement rare. Ce n’est ainsi arrivé que 13 fois dans toute l’histoire de la NBA, et compter 3 de ces 13 échecs n’est forcément pas anodin.
Comment se fait-il que Doc Rivers n’arrive pas à relancer ses équipes quand les choses tournent en leur défaveur ?
En conférence de presse, le coach a simplement expliqué que ses joueurs ont arrêté de se faire confiance dès que les shoots ne sont plus rentrés. Même à 3-1, le technicien confie ne jamais avoir été rassuré car il avait beaucoup de joueurs qui n’étaient simplement pas en bonne condition physique pour disputer beaucoup de minutes.
Les joueurs ont de leur côté globalement évoqué un manque « d’alchimie », un problème évident toute la saison, l’équipe manquant d’un socle de systèmes et de jeu collectif sur lequel s’appuyer dans les moments compliqués.
De quoi peut-être expliquer cette incroyable disparité sur les trois derniers matchs, avec un +/- de -30 des Nuggets en première mi-temps, à 45% de réussite au tir dont 30% de loin, pour 26 passes et 26 pertes de balle. Mais un +/- de +64 en deuxième mi-temps, à 57% dont 53% à 3-points, pour 42 passes et seulement 20 pertes de balle !
Des problèmes à gérer les groupes hiérarchisés ?
Qu’est-ce que cela dit de Doc Rivers, au final ? La question est complexe car le coach a d’un côté su tirer le maximum de groupes limités (le Magic au début des années 2000, les Clippers de l’an passé) mais il a par contre eu du mal à exploiter la quintessence de ses groupes plus talentueux, et plus hiérarchisés.
On pense évidemment au « Lob City » de Chris Paul et Blake Griffin, qu’il n’a jamais réussi à hisser au-dessus des demi-finales de conférence, et même son « Big Three » de Boston n’a finalement remporté qu’un titre.
À sa décharge, tout de même, les Celtics ont été plombés par la blessure au genou de Kevin Garnett, en 2009.
« Le titre est évidemment ce que je retiendrai de cette aventure. Mais ce à quoi je pense le plus, malheureusement, c’est à 2010, encore plus qu’à 2008. Je pense aussi pas mal à 2009. Je le dis aux gens, on était la meilleure équipe en 2009 mais quand Kevin s’est blessé, ce n’était plus la même donne. Alors je me souviens tout de même du titre de 2008 et je suis reconnaissant de cette chance. Mais je vous jure, si Kevin avait été en pleine santé, on en aurait gagné deux, allez peut-être trois de suite » assurait-il en quittant Boston.
Prolongé par Steve Ballmer l’été dernier, Doc Rivers semble en tout cas difficile à bouger, mais les fans des Clippers attendront qu’il développe une véritable identité pour ce groupe. Et l’an prochain, il n’aura plus l’excuse du « training camp » raté par Paul George ou d’un noyau de joueurs majeurs qui se découvre.