Beaucoup de choses ont été écrites sur le départ de Shaquille O’Neal d’Orlando en 1996. Après quatre saisons au Magic, le principal intéressé avait cédé aux sirènes de Los Angeles et de Jerry West pour confirmer son statut de superstar et s’imposer comme un champion au début des années 2000 avec Kobe Bryant.
Une situation sur laquelle Pat Williams est revenu, expliquant qu’il avait sans doute mal négocié.
« La valeur des joueurs a grimpé tellement rapidement que notre offre pour Shaq était insipide quand Alonzo Mourning a obtenu son nouveau contrat à Miami », se souvient-il pour SiriusXM. « Shaq s’est senti insulté. On a ensuite proposé la même offre, mais Jerry West était déjà passé par là. Shaq étant blessé, c’était trop tard. »
Moins payé que Juwan Howard ?
En 1996, il n’existe pas de salaire maximum et encore moins de « luxury tax ». Ces mécanismes de régulation n’arriveront qu’après le lockout de 1998-1999. Le Magic avait donc tout en main pour conserver son pivot.
Sauf qu’avec une première offre autour de 54 millions de dollars sur quatre saisons, Shaquille O’Neal pouvait se sentir lésé quand, dans le même temps, il voyait Alonzo Mourning signer pour 105 millions de dollars (et sept ans) au Heat. Ou Juwan Howard, pour la même somme, aux Bullets après une histoire rocambolesque.
En plus des doutes du Magic, qui n’était visiblement pas prêt à payer plus de 15 millions la saison pour sa star, il faut rappeler les tensions qui existaient à l’époque. La relation de Shaquille O’Neal avec le coach Brian Hill n’était pas au beau fixe, et le pivot aurait également mal vécu que son coéquipier Penny Hardaway se considère lui aussi comme le leader de l’équipe floridienne, donc lui fasse de l’ombre.
Pour en rajouter davantage, ce même été 1996, le Orlando Sentinel publie deux sondages défavorables au Shaq. Le Magic devrait-il virer Brian Hill si cela permet de conserver Shaq ? Réponses des sondés : « non » à 82 %. Shaquille O’Neal mérite-t-il un contrat à 115 millions de dollars ? Réponses des sondés : « non » à 91 %.
Impossible de s’aligner sur les offres extérieures
Le contexte n’est donc pas favorable. Mais ce qui va encore plomber le Magic, c’est également la situation contractuelle du joueur.
« Mais le vrai problème, c’est que ce moment est particulier dans l’histoire de la NBA », poursuit l’ancien GM. « Cette fin de contrat de Shaq arrive au milieu d’une très courte fenêtre : celle qui faisait de lui un free agent sans aucune possibilité d’égaler les offres extérieures. Il était libre et non protégé. La ligue a corrigé cela ensuite, mais c’était trop tard. Shaq était parti et on ne pouvait pas le retenir. »
En effet, depuis 1995 et le nouvel accord collectif, la notion de free agent protégé avait sauté. Ainsi, quand un joueur arrivait au terme de son contrat, il était totalement libre et la franchise dans laquelle il évoluait ne pouvait s’aligner et le conserver automatiquement. Ce sera de nouveau possible, après le lockout de 1998-1999.
Donc quand les Lakers sont arrivés avec leur offre de 120 millions de dollars, et pour toutes les raisons invoquées, Orlando n’avait plus aucune chance de garder le rookie de l’année 1993.