Quatre mois. C’est le temps qu’il reste avant l’expiration de l’accord salarial actuel.
Il faut bien observer que les progrès sont quasi-nuls, et que les différentes parties comme les commentateurs en sont toujours à explorer des hypothèses, sans rien sortir de concret.
On le sait aussi, les propriétaires mettent une énorme pression pour réduire la part du gâteau attribuée aux joueurs. Et cela pourrait passer par une diminution des salaires, y compris pour les contrats actuels.
Des contrats assujettis à l’accord collectif
De prime abord, il pourrait sembler surprenant qu’il soit possible de réduire les salaires d’un contrat existant. Mais ce serait négliger la manière dont ils sont conçus.
De manière schématique, l’ensemble des contrats des joueurs NBA indiquent qu’ils doivent respecter l’accord collectif. Ce dernier encadre non seulement les salaires (salaire minimum, maximum, augmentation annuelle), mais aussi les durées, les contraintes sur les transferts, la retraite ou encore les prestations dans le vestiaire (par exemple, il y est précisé que la température dans les vestiaires doit être la plus proche possible de celle du terrain !).
A ce titre, il est prévu que les modifications incluses dans un nouvel accord collectif s’appliquent automatiquement à tous les contrats. Il est donc possible que ce dernier précise des effets rétroactifs, notamment sur le montant des salaires ou même la durée.
Les très gros salaires, cibles privilégiées des propriétaires
Que faire lorsqu’on cherche à réaliser des économies à court terme ? On s’attaque aux postes qui sont à la fois importants et sur lesquels on peut agir. Les joueurs payés au salaire maximum représentent une cible de choix.
En 2010-11, les joueurs payés plus de 10 millions de dollars par an représentent à eux seuls 44% de la masse salariale totale. Obtenir 20% de diminution sur cette catégorie de rémunération reviendrait à diminuer le total de 8,86%, ce qui est déjà, du point de vue des propriétaires, un bon départ.
Par ailleurs, le syndicat des joueurs fonctionne sur un mode un joueur = une voix. Il est donc plus facile de faire des concessions envers la majorité des roles players pour obtenir des économies sur le dos des stars que l’inverse. C’est d’ailleurs pour éviter de voir un accord se faire sur leur dos que LeBron James ou Carmelo Anthony s’impliquent directement dans les négociations.
Carmelo Anthony : une stratégie perdante ?
Une conséquence des réductions « rétroactives » est que la stratégie de Richard Jefferson et Carmelo Anthony pourrait bien se révéler inutile. Les deux joueurs ont cherché à signer un nouveau contrat avant l’été 2011 dans l’espoir de bénéficier des conditions de l’accord collectif actuel. Mais, on l’a vu, ils pourraient finalement se voir imposer les modifications qu’ils souhaitaient éviter.
La portée des modifications appliquées aux contrats signés avant l’été 2011 sera l’un des nombreux chapitres des négociations entre joueurs et propriétaires. Et on ne peut pas dire aujourd’hui si la totalité des restrictions nouvelles s’appliquera rétroactivement, si au contraire aucun contrats pré-2011 ne sera impacté, ou si une voie médiane sera trouvée.
Il est ainsi possible que les joueurs acceptent la réduction de salaire rétroactive, mais à condition qu’elle leur donne le droit de rompre le contrat et de devenir agent libre. Cela serait comparable à la possibilité qu’ont les consommateurs français d’annuler l’engagement avec leur opérateur mobile dans le cas où les tarifs sont modifiés.
On pourrait ainsi retrouver sur le marché des joueurs qu’on n’imaginait pas libres avant plusieurs saison. On imagine l’impact sur les rosters…