Chaque saison NBA se conclut par la levée du trophée Larry O’Brien, un Graal convoité par trente équipes mais uniquement accessible à une seule d’entre elles. Sur ces dix dernières saisons, seules six franchises différentes l’ont remporté : Golden State à trois reprises, Cleveland, San Antonio, Miami par deux fois, Dallas et les Lakers deux fois également.
Les équipes championnes sont, fort logiquement, rares et par conséquent, les joueurs titrés aussi.
Seulement 43 joueurs NBA en activité ont une bague
Cette saison, seulement 43 joueurs de la ligue en activité peuvent se targuer d’avoir une bague alors que l’on en dénombre 494 au total, « two-way players » compris, selon les chiffres de rpiratings. En clair, seuls 8.5% des joueurs NBA en activité ont été ou sont champions NBA. À titre informatif, Tony Parker est d’ailleurs actuellement le joueur NBA le plus titré en activité avec quatre bagues, devant LeBron James, Stephen Curry, Dwyane Wade, Klay Thompson, Draymond Green, Shaun Livingston, Andre Iguodala et Udonis Haslem, tous champions à trois reprises.
Douze équipes sans le moindre champion
Du même coup, toutes les équipes ne disposent pas d’un joueur titré dans leur effectif. Sur les 30 franchises de la ligue, 12 d’entre elles ne possèdent pas un joueur ayant l’expérience d’un titre : Atlanta, Brooklyn, Houston, les Clippers, Memphis, Milwaukee, Minnesota, New York, Oklahoma City, Philadelphie, Portland et Utah.
Si les Warriors disposent évidemment de la plus grosse part des joueurs titrés avec dix champions, l’effectif des Cavaliers en présentent cinq depuis le retour de Matthew Dellavedova alors que les Lakers arrivent sur la troisième marche du podium avec quatre champions NBA, tous recrutés cet été ou en cours de saison comme Tyson Chandler.
Une question se pose : si l’on omet évidemment les champions en titre, y a t-il une corrélation entre les résultats d’une équipe et la présence ou non d’un champion NBA dans son effectif ?
Commençons par les bilans actuels : jusqu’ici, douze équipes NBA présentent un bilan négatif… soit le même nombre d’équipes sans champions dans leur effectif. Sont-elles les mêmes ? La réponse est négative puisque parmi ces douze équipes à moins de 50% de victoires, seules six d’entre elles n’ont pas de joueur titré : Atlanta, Brooklyn, New York, Houston, Utah et Minnesota.
Dans le même temps, on constate que dans le Top 4 de chaque conférence, il y a quatre équipes qui n’ont pas de champion dans leur effectif, Milwaukee, Philadelphie, le Thunder et les Clippers, et l’on pourrait même ajouter à cette liste Denver, qui n’a recruté Nick Young que cette semaine.
D’un point de vue comptable, il s’avère que la présence d’un champion dans un effectif ne garantit pas plus de bons résultats qu’elle ne prévient un mauvais bilan.
Les recrues championnes font-elles la différence ?
En revanche, il peut être intéressant d’analyser l’impact qu’un champion NBA peut avoir lorsqu’il change de franchise. Ils sont quinze dans ce cas de figure mais nous omettrons de nous arrêter sur les cas de Chris Boucher (Toronto), Jordan McRae (Washington), Timofey Mozgov (Orlando), Matthew Dellavedova (Cleveland), Nick Young (Denver), soit en raison de leurs statuts de « two-way contracts » pour les deux premiers, soit en raison d’un changement d’équipe trop récent pour les deux derniers. Quant au pivot russe du Magic, il est blessé et n’a pas joué de la saison.
- à Charlotte, l’arrivée de Tony Parker a été saluée comme un renfort de choix par la plupart des éléments de la franchise. Actuellement 6e à l’Est avec 14 victoires pour 13 défaites, les Hornets font en tout cas bien mieux que la saison passée au même stade (10-17) et avec 10.5 points à 46.5% aux tirs et 4.3 passes en 19.5 minutes de jeu par match, soit sa meilleure campagne depuis trois ans, le Français n’est clairement pas étranger à cette progression;
- à Detroit, nouvelle équipe de Zaza Pachulia, le bilan est tout juste équilibré avec 13 victoires en 26 matchs, soit une légère régression par rapport à la saison passée au même stade (14-12). Responsabilisé à hauteur de 13 minutes par match en moyenne, le Georgien compile 4.3 points à 38.6% et 4.4 rebonds par match
- toujours à l’Est, les renforts titrés les plus importants sont sans aucun doute Kawhi Leonard et Danny Green, actuellement premiers de leur conférence avec les Raptors (23-7). Mais l’an passé à la même période, le Toronto de Lowry et DeRozan était sur les mêmes bases (22-8). Cependant, il faut noter que Kawhi Leonard a déjà manqué huit rencontres, ce qui n’a toutefois pas empêché les Raptors d’en remporter sept. Mais si l’ailier est le nom le plus ronflant de ce recrutement des Canadiens, l’impact de Danny Green est jusqu’ici impressionnant avec un différentiel moyen de 28.3 points par match en sa présence sur le terrain.
- à l’Ouest, l’arrivée d’Iman Shumpert chez les Kings se solde jusqu’ici par des résultats concluants puisqu’enfin en bonne santé, il réalise sa meilleure saison depuis… sa première en NBA (9.4 pts à 43.2%, 39% à 3-pts, 3.1 rbds en 26 min). Quant à son équipe, huitième à l’Ouest avec un bilan de 15 victoires pour 12 défaites (2-2 en l’absence de Shumpert), elle fait bien mieux que l’an passé (9-18).
- chez les Spurs, Marco Belinelli est quant à lui plus en difficulté et en dessous de ses standards (9.4 pts à 32.8% à 3-pts en 22 min). Comme son équipe, 11e à l’Ouest avec 14 victoires pour autant de défaites, contre 19-9 l’an passé. Cependant, il est difficile d’imputer cette régression au seul Italien puisque même si les Texans ont retrouvé un champion NBA avec lui, ils en ont perdu quatre autres : Manu Ginobili, Kawhi Leonard, Tony Parker et Danny Green.
- en Californie, les Lakers ont réalisé le plus gros recrutement de champions NBA avec LeBron James, Rajon Rondo, JaVale McGee et, en cours de route, Tyson Chandler. Après un départ difficile, l’équipe remonte dans la hiérarchie à l’Ouest avec 17 victoires pour 10 défaites, soit le bilan opposé de l’an passé au même stade (10-17). Évidemment, parmi ces champions, la présence d’un quadruple MVP est loin d’être anodine… mais notons que c’est avec l’arrivée de Tyson Chandler que les Lakers se sont vraiment mis en route (13-4 avec lui).
- quant à Trevor Ariza, passé de Houston à Phoenix, il ne fait pas de miracle, que ce soit sur le plan individuel (9.8 pts à 37.3%, 5.5 rbds, 3.3 pds) ou collectif (4-24). L’an passé, les Suns avaient même gagné 5 matchs de plus à la même période (avec un Devin Booker bien plus présent toutefois). Au bout du compte, son impact se fait peut-être plus sentir du côté de… Houston, avant-dernier à l’Ouest (12-14), alors que l’équipe n’avait perdu que… quatre matchs au même stade de la saison.
D’ailleurs, en dehors des Sixers (désormais sans Belinelli) et les Bucks (sans Dellavedova), toutes les équipes qui ont perdu des joueurs titrés au cours de la dernière intersaison accusent le coup : Cleveland, San Antonio, Houston, New Orleans et même Golden State, bien qu’avec son noyau dur toujours en place, la situation des champions en titre est moins inquiétante.
Au bout du compte, peu de recrues championnes NBA présentent jusqu’ici un impact négatif sur leur équipe et au-delà du bilan comptable, l’influence dans le cadre de l’environnement de l’équipe est souvent saluée, comme c’est le cas de Tony Parker à Charlotte ou Zaza Pachulia à Detroit, pour ne pas citer l’exemple flagrant des Lakers, dont la culture a inévitablement changé avec LeBron James et les autres vétérans. À l’inverse, les séquelles laissées par les départs de joueurs de ce statut sont criantes, comme on peut le voir à Houston, sur le terrain comme dans le vestiaire, ou San Antonio.