Pour Milwaukee, quelles sont les conséquences de l’échange qui s’est déroulé cette nuit avec Cleveland et Washington ? Pour répondre à cette question, rappelons tout d’abord le contexte.
Les pièces de l’échange
- pour Milwaukee, cette manoeuvre résulte en l’arrivée de George Hill en provenance de Cleveland et de Jason Smith en provenance des Wizards
- du côté de Cleveland, Matthew Dellavedova fait son retour, accompagné de John Henson, d’un premier tour et d’un second tour de draft 2021 de la part des Bucks
- à Washington, on reçoit Sam Dekker de la part des Cavs, tout en échangeant avec ces derniers le second tour de draft 2022 contre leur second tour de draft 2021.
Dans le détail, le premier tour de draft de Milwaukee envoyé à Cleveland est protégé et il est possible que les Cavaliers ne puissent pas l’activer avant 2024, en raison d’une règle qui empêche les franchises de se retrouver sans premier tour de draft deux années consécutives. En effet, Milwaukee doit déjà à Phoenix un autre premier tour d’ici à 2021.
Milwaukee se portait déjà bien
Cette saison se déroule à merveille pour les Bucks : la franchise a inauguré sa nouvelle arène, désormais la plus moderne de la ligue, en attendant la sortie de terre du Chase Center (la future salle des Warriors). Avec l’arrivée de Mike Budenholzer en lieu et place de Joe Prunty, le GM John Horst a entrepris un mouvement dont les conséquences se mesurent déjà sur le plan sportif : deuxième à l’Est, troisième meilleur bilan de la ligue ex-aequo avec les Clippers (16-8), Milwaukee est aussi la deuxième meilleure attaque derrière Golden State avec 114.1 points inscrits sur 100 possessions, conjuguée avec la 6e meilleure défense (104.9 pts encaissés / 100 poss).
De nombreux cadres bientôt free agents
Un tableau radieux qui n’empêche pas ses dirigeants d’anticiper à juste titre l’avenir. Si la pierre angulaire de l’équipe, Giannis Antetokounmpo, est sous contrat jusqu’en 2021, son lieutenant Khris Middleton a quant à lui l’opportunité de tester le marché dès l’été prochain. Or, son contrat (13 millions de dollars annuels) fait de lui l’un des meilleurs rapports qualité-prix du marché, compte tenu de ses performances (18.1 pts à 44%, dont 41% à 3-pts, 5.7 rbds, 3.8 pds et 1.3 int en 31 min de jeu) et de son profil si recherché de « 3 & D ».
Outre l’arrière, les Bucks devront également gérer la situation contractuelle d’Eric Bledsoe, free agent l’été prochain, en pleine santé et complètement relancé cette saison (16 pts à 52%, 36% à 3-pts, 4.3 rbds, 5.8 pds, 1.5 int en 30 min). S’il semble peu probable qu’il obtienne un contrat maximum l’été prochain (131 millions sur 4 ans environ avec le salary cap actuel, censé augmenter la saison prochaine), le meneur et son puissant agent, Rich Paul, exigeront très probablement une augmentation salariale (15 millions).
Aussi, Milwaukee devra négocier avec Malcolm Brogdon, free agent protégé l’été prochain et tout simplement auteur de sa meilleure saison depuis son arrivée dans la ligue en 2016 (15.3 pts à 52%, 47% à 3-pts, 4.5 rbds, 3.4 pds en 30 min). Éligible à une prolongation de 47.5 millions de contrat sur 4 ans jusqu’en octobre dernier, le meneur est désormais destiné à tester le marché et son agent, le célèbre David Falk, compte sans doute utiliser tous ses leviers pour lui permettre d’obtenir un contrat juteux.
Enfin, les Bucks devront également se pencher sur le cas de Brook Lopez, qui prouve définitivement sa compatibilité avec le jeu actuel (36% de réussite à 3-pts sur… 6.7 tentatives par match) et pourra, sauf accident, sans problème négocier un contrat à la hausse (3.4 millions de dollars actuellement).
Une nouvelle souplesse financière idéale pour l’été prochain
Avec l’arrivée de George Hill, Milwaukee acquiert, d’une part, un renfort de choix sur le terrain. À 32 ans, le vétéran se montre en effet toujours précieux (10.8 pts à 51.4%, dont 46.4% à 3-pts en 27 min). Avec lui, Milwaukee dispose d’une autre solution à la mène, voire sur le poste 2, d’un professionnel reconnu et expérimenté.
« Un autre meneur capable de jouer sur deux positions, de percuter ou de tirer à trois-points avec un haut pourcentage », a détaillé Mike Budenholzer au sujet du joueur. « Défensivement, il peut défendre sur plusieurs positions. Je l’ai beaucoup côtoyé [lors de ses trois premières saisons à San Antonio] donc c’est très confortable. »
D’autre part, son contrat permet à Milwaukee d’envisager la prochaine intersaison avec davantage de sérénité puisque la franchise se libère des 20 millions de dollars garantis et cumulés pour la saison prochaine par John Henson et Matthew Dellavedova contre le contrat de 18 millions de dollars, seulement garanti à hauteur de… 1 million, de George Hill.
De la même façon, Jason Smith, rémunéré à hauteur de 5.4 millions de dollars, sera free agent la saison prochaine.
Avant l’échange, la masse salariale des Bucks s’élevait à plus de 81 millions de dollars garantis pour la saison prochaine (en partant du principe que Khris Middleton testera le marché). Désormais, elle n’est plus qu’à environ 57 millions de dollars. À noter que le salaire de Mirza Teletovic, payé sur le régime de la « stretch provision », pourrait également sortir du cap de Milwaukee si la franchise obtient une dérogation en raison de son statut médical.
Avec un salary cap projeté aux alentours des 109 millions de dollars pour la saison prochaine, Milwaukee peut ainsi disposer d’une enveloppe estimée entre 50 et 60 millions de dollars pour le marché estival, de quoi conserver certains de ses joueurs (comme Brook Lopez), tout en recrutant sur la free agency et profiter des « Bird Rights » de Khris Middleton et Malcom Brogdon pour dépasser le cap.
En clair, cet échange est une aubaine pour Milwaukee qui parvient à se renforcer dans l’immédiat sur le plan sportif et à se créer de nombreuses opportunités pour l’avenir sans perte majeure d’un point de vue du terrain puisque John Henson, blessé, et Matthew Dellavedova, troisième meneur, jouaient 13 et 8 minutes par match…