Le dimanche 24 août 2008, en clôture du tournoi de basket des Jeux olympiques, Team USA et l’Espagne vont offrir à 11 083 chanceux d’une salle de Pékin et à des millions de téléspectateurs dans le monde un spectacle inoubliable.
Comment ? En proposant 40 minutes de basket de très haut niveau. Une idée de la perfection même puisque des rencontres semblables, il en existe peu dans l’histoire du sport.
L’épisode – USA-Espagne 2008, le plus grand match de l’histoire ?
« Pour moi, c’est le plus beau match de basket de tous les temps », nous assurait George Eddy, commentateur de la finale pour Canal+. « NBA, basket international et basket universitaire confondus. J’ai eu la chance de le commenter, au premier rang, avec David Cozette. Dès la mi-temps, j’ai dit à mon collègue qu’on était en train d’assister au plus grand match de l’histoire de ce sport. Le niveau d’adresse et le niveau collectif étaient immenses. Tous les paramètres pour un grand match étaient réunis. C’était un alignement parfait des planètes. »
En effet, la première mi-temps fut fantastique. En profitant de la blessure de José Calderon, qui a laissé sa place à la mène à Ricky Rubio, 17 ans, les Américains veulent contrôler le tempo et imposer leur défense. Après dix minutes seulement, le score est déjà impressionnant : 38-31 !
Si Team USA prendra jusqu’à douze points d’avance en second quart-temps, à la mi-temps, le tableau d’affichage pourrait être celui de la fin d’un match de poule : 69-61.
« En première mi-temps, les deux équipes ont dépassé les 60 points marqués, avec plus de 60% de réussite ! », rappelle George Eddy. « Dans un match en 40 minutes, c’est énorme ! On ne voit jamais ça, encore moins entre les deux meilleures équipe du monde et dans une finale olympique. L’enjeu n’a pas tué le jeu. »
Un combat de boxe
On pense alors que la pause va casser le rythme fabuleux et que le money-time approchant, l’adresse va chuter et les défenses prendre le dessus. Certes, les pourcentages retombent – l’Espagne finira à 50%, Team USA à 60% – mais le niveau reste au sommet.
« J’avais en tête le combat de boxe entre Marvin Hagler et Thomas Hearns, diffusé par Canal+, dans les années 1980. Le combat du siècle. Dès les premières secondes, les deux ont cherché le K.O. Les séries de coups étaient incroyables et ça reste une référence dans ce milieu. Ce match entre Team USA et l’Espagne est de cette veine. »
Rudy Fernandez nous offre le dunk du tournoi, sur la tête de Dwight Howard, mais c’est bien Kobe Bryant qui fait basculer la rencontre. Il reste trois minutes et treize secondes, les hommes de Mike Krzyzewski mènent 104-99.
Dwyane Wade attaque la défense de zone espagnole et passe à Kobe Bryant. L’arrière des Lakers feinte Rudy Fernandez et déclenche son 3-pts. Ça rentre, avec la faute ! L’arrière ibérique prend sa cinquième faute, et Kobe Bryant, index sur la bouche, immortalise l’image du tournoi.
Team USA s’impose finalement 117-108 après un match légendaire où le vaincu fut magnifique et mérite un respect éternel.
« Cette équipe d’Espagne est probablement, avec une des grandes équipes yougoslaves à l’époque de Toni Kukoc, Vlade Divac et Drazen Petrovic au début des années 1990, l’une des plus fortes de tous les temps », estime George Eddy. « Ainsi, la victoire de Team USA est encore plus belle, ce match encore plus grandiose. C’était donc plus fort que la « Dream Team » de 1992 puisqu’une surprise était possible. »
La victoire d’un modèle et du basket
Après les échecs de 2002, 2004 et 2006, Team USA, qui avait entamé une reconstruction de son modèle en composant une formation plus cohérente et équilibrée, est enfin revenu sur le toit du monde. De l’Olympe.
« Tout le monde parle des joueurs NBA qui sont égoïstes, arrogants et individualistes », expliquait Kobe Bryant. « Ce que vous avez vu aujourd’hui, c’est une équipe soudée, qui a affronté l’adversité pour finalement remporter une énorme victoire. »
Dans l’esprit, il y a véritablement un très grand gagnant, outre les Américains bien sûr, à l’issue de ces sublimes minutes : le basket.
« Cela va élever l’image de ce sport dans le monde », estimera le patron de USA Basketball, Jerry Colangelo. « Ce fut un des plus grands matches de l’histoire des Jeux olympiques. La qualité et le calibre des joueurs furent extraordinaires. On a mis la barre très haut et ce sera encore mieux la prochaine fois. »
En effet, la finale de 2012 à Londres, toujours entre Team USA et l’Espagne fut un autre monument. Mais il n’a pas la saveur, la perfection du premier.