La free agency 2018, le piège des « role players »

On l’a beaucoup dit : cette free agency 2018 a piégé pas mal de joueurs, les franchises disposant de peu d’argent à dépenser, et beaucoup de basketteurs NBA se retrouvant donc à accepter des contrats moins importants qu’espérés.

En cause ? La hausse soudaine du salary cap en 2016 (+34% sur la saison) qui a alors provoqué un « effet d’aubaine » pour les joueurs. Ceux qui se sont ainsi retrouvés free agents en juillet 2016 étaient ainsi face à des équipes avec tellement de marge que leur valeur s’est retrouvé gonflée de façon artificielle.

La « préférence excessive pour le présent » a plombé les franchises

Pour éviter ce problème, la NBA avait bien essayé de lisser l’augmentation du salary cap, expliquant que cette mesure devait permettre d’éviter que la valeur des joueurs ne dépende trop du moment de la signature de leur contrat.

Une tentative repoussée par le syndicat des joueurs, et sur laquelle la présidente ironise toujours.

« J’entends que certaines pensent que les contrats offerts après le refus du lissage étaient trop importants », expliquait récemment Michele Roberts. « Je suis en profond désaccord, comme les joueurs qui ont négocié ces contrats. Et de toute façon, si c’est le problème, ceux qui se plaignent doivent en parler avec les dirigeants qui ont proposé ces contrats. L’argument selon lequel on a offert trop d’argent aux franchises pour s’amuser est grotesque. »

Il est vrai que dans l’idéal, les franchises auraient dû penser à long terme, et tempérer leur préférence excessive pour le présent. Si les Warriors ont eux profité de cette hausse soudaine pour ajouter Kevin Durant à leur groupe, beaucoup d’autres équipes ont misé beaucoup trop d’argent sur des « role players » qui plombent désormais leurs finances. Et les empêchent de recruter un ou deux ans plus tard.

La free agency 2016 fut ainsi un record, avec près de 3.7 milliards de dollars dépensés au total par les franchises.

Surtout, les clubs NBA ont alors tenté des investissements à long terme puisque le salaire moyen annuel des contrats signés est resté stable depuis. Cet été, 49 des 93 contrats signés (soit 53%, un record de la free agency) ne sont que sur un an et la plupart des contrats de deux ans (Kevin Durant, Jabari Parker, Derrick Favors, Nerlens Noel, Julius Randle…) ont des options ou ne sont pas garantis sur la deuxième année.

Mais qui sont donc les gagnants et les perdants de cette hausse brusque du salary cap en 2016 ? En représentant les contrats signés depuis 2015 par les joueurs NBA en fonction du nombre de victoires ajoutées (le Win Shares de Basketball-Reference) lors de leur dernière saison, on repère vite le lien entre les deux paramètres.

En comparant les signatures de l’été 2016 et 2018, on voit ainsi que les contrats de plus de 54 millions de dollars étaient beaucoup plus nombreux il y a deux ans : 24 joueurs avec des offres supérieures à ce montant, contre seulement 8 cet été.

Les « role players » gâtés en 2016… et punis en 2018

Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a par contre davantage de joueurs à plus de 8 victoires apportées qui ont signé des contrats de plus de 54 millions de dollars en 2018 (6) par rapport à 2016 (5). En fait, ce sont donc les « role players » qui ont énormément profité de la hausse du salary cap en 2016 avec 19 joueurs (dont seuls Andre Drummond et Bradley Beal ont été All-Stars depuis) qui ont signé de gros contrats avec moins de 8 victoires apportées la saison précédente.

Par contre, cet été, seuls deux joueurs ont eu droit à des contrats de ce niveau en ayant apporté moins de 8 victoires supplémentaires à leurs équipes : Zach LaVine et Aaron Gordon. Deux jeunes joueurs, dont le premier revenait d’une rupture des ligaments croisés, et sur lesquels on s’appuie d’abord sur le potentiel.