La semaine passée, DeMar DeRozan a avoué connaître des moments de dépression. Un aveu fort dans le monde du sport où les problèmes de ce type sont en général peu exprimés.
Les propos de l’arrière des Raptors ont surpris et touché Kevin Love, au point que l’intérieur des Cavaliers a pris la plume sur The Players’ Tribune pour évoquer un épisode de sa saison actuelle : une crise de panique en plein match.
« C’était le 5 novembre dernier, deux mois et trois jours après mes 29 ans. C’était un match à la maison contre les Hawks, le 10e de la saison. Une tempête d’éléments allait entrer en collision. J’étais stressé à cause de soucis familiaux, je ne dormais pas bien. Sur le terrain, je pense que les attentes autour de la saison, en plus de notre mauvais départ, pesaient sur moi. Juste après le coup d’envoi, je savais que quelque chose n’allait pas. »
« Comme si mon corps me disait que j’allais mourir »
C’est après la pause que la crise va apparaître.
« Coach Tyronn Lue a demandé un temps-mort en troisième quart-temps. Quand je suis revenu sur le banc, j’ai senti que mon cœur battait plus fort que d’habitude. Ensuite, j’ai eu des problèmes pour reprendre mon souffle. C’est difficile à décrire, mais tout tournait comme si mon cerveau essayait de sortir de mon crâne. L’air était épais et lourd. Ma bouche était comme de la craie. À ce moment-là, j’ai paniqué. Je ne pouvais littéralement pas reprendre. Physiquement. »
Ensuite ?
« Coach Lue est venu vers moi, je pense qu’il a senti que quelque chose n’allait pas. Je suis rentré au vestiaire, je courais de salle en salle, comme si je cherchais quelque chose que je ne trouvais pas. J’espérais que mon cœur ralentisse. C’est comme si mon corps me disait que j’allais mourir. Je me suis retrouvé au sol, dans la salle d’entraînement, sur le dos, essayant de retrouver mon souffle. »
De la suite, Kevin Love ne s’en souvient pas précisément. Il raconte que quelqu’un des Cavaliers l’a accompagné à l’hôpital où il passé une batterie de tests. Si tout allait bien sur le plan physique, psychologiquement, le champion 2016 est profondément frappé par ce qu’il vient de vivre. Il n’a pas compris cette crise de panique.
« C’était un territoire nouveau pour moi, et c’était plutôt déroutant. Mais j’étais certain d’une chose : je ne pouvais pas enterrer ça et essayer d’aller de l’avant. Une partie de moi le voulait, mais je ne pouvais pas me permettre de mettre cela sous le tapis. Je ne désirais pas avoir à gérer tout ça dans le futur si, en plus, cela s’aggravait. »
« Me confronter à l’idée que j’avais besoin d’aide »
Comme pour DeMar DeRozan, Kevin Love espère que ce texte va mettre en lumière le fait que les sportifs sont aussi touchés par la dépression, la panique et les problèmes psychologiques. Ce qui lui semblait pourtant une hérésie il y a peu.
« Je me souviens que deux ou trois ans après mon arrivée dans la ligue, un ami m’a demandé pourquoi les joueurs NBA ne voyaient pas de thérapeutes. Je me suis moqué de lui. Personne n’allait parler à quelqu’un. Je me souviens avoir pensé : quels sont mes problèmes ? Je suis en bonne santé, je gagne ma vie en jouant au basket, pourquoi devrais-je être inquiet ? Je n’avais jamais entendu un athlète professionnel parler de santé mentale, et je ne voulais pas être le premier. »
Depuis, Kevin Love consulte un psychologue plusieurs fois par mois afin d’évoquer et essayer d’évacuer ses problèmes.
« Je ne dis pas que chacun devrait voir un thérapeute. La plus grande leçon pour moi, depuis novembre, n’est pas de voir un psychologue, c’est de me confronter à l’idée que j’avais besoin d’aide. »