Donovan Mitchell est la surprise du chef du Utah Jazz cette saison, voire même de la saison chez les rookies. L’ancien de Louisville a surpris tout son monde avec son ascension fulgurante. À plus de 18 points, 3 rebonds et 3 passes de moyenne, l’arrière est rapidement devenu le leader du Jazz, après le départ de Gordon Hayward, et en l’absence de Rudy Gobert.
Tout va très vite avec lui. Probablement un héritage de son passage sous les ordres de Rick Pitino…
« J’ai perdu plus de 10 kilos à la fac »
« Le jeu en ligue d’été m’a paru lent. Venant de l’école Rick Pitino où on doit courir, presser, jouer vite, ça m’a paru lent. Mais ça m’a aidé, ça m’a préparé pour le jeu en NBA. »
Et comment ! Sorti de nulle part pour atterrir à Utah après une Draft en 13e position (par les Nuggets), Donovan Mitchell continue de passer sous les radars en évoluant dans le petit marché de Salt Lake City. Mais cela ne lui déplaît pas du tout, bien au contraire.
« J’ai toujours été méconnu et sous-estimé durant ma carrière. Mais j’aime ça, j’aime être un assassin silencieux. Ça me permet de continuer à travailler dur. Et de rester humble et simple », explique-t-il dans le podcast de Michael Rapaport. « Et Humble de Kendrick Lamar est ma chanson préférée. Le DJ du Jazz la met toujours pendant l’échauffement. »
Avant d’arriver à briller sous les spotlights de la Grande Ligue, Donovan Mitchell avoue avoir complètement changé son éthique de travail à Louisville. Surtout, il a perdu plus de dix kilos pour pouvoir jouer vite.
« La première chose que j’ai apprise au contact de Pitino, c’est de ne rien lâcher. C’est une chose de jouer avec du cœur mais c’en est un autre d’être un chien sur le terrain, de ne jamais reculer ou se laisser impressionner. Il sait parfaitement comment pousser ses joueurs et il est le premier à m’avoir transformé comme ça. Et puis, le tir. Lors de mon année freshman, j’ai terminé avec un 18/72 à 3-points. Mais Rick m’a demandé de changer l’arc de mon tir. Quand tu regardes Steph Curry ou Dame Lillard, ils peuvent tirer de si loin parce que l’arc de leurs tirs est très haut. Et quand mon tir à 3-points s’est mis en place, ça a complètement ouvert mon jeu pour partir en pénétration et créer. Enfin, j’ai perdu plus de 10 kilos, ce que peu de gens savent. Je suis passé de 100kg à 89kg, c’était un des trucs les plus durs que j’ai eu à faire dans ma vie. Avant, je mangeais une grande pizza deux heures avant chaque entraînement. Et puis, j’ai tout arrêté : plus de friandises après 21h, plus de steaks, plus de malbouffe… »
« Je m’identifie beaucoup à Westbrook »
Cette prise de conscience suivie d’une prise en mains radicale a effectivement propulsé Donovan Mitchell vers une saison sophomore de toute beauté à Louisville : 19 points, 6 rebonds, 3 passes et 3 interceptions. Pas de quoi pavaner néanmoins. L’arrière ne pensait même pas être drafté malgré cette belle campagne !
« Je ne pensais pas vraiment à partir pour la NBA avant le dernier match de la saison à vrai dire. J’avais entendu parler de certaines choses mais très peu. En fait, il n’y avait que ma mère qui m’en parlait vraiment en me montrant des mock drafts. Je suis allé m’entraîner à Los Angeles. J’ai payé mon avion, mon hôtel, et les séances d’entraînement avec Don MacLean. Il y avait aussi Luke Kennard, John Collins, Jordan Bell qui avaient déjà signé avec une agence. Moi à l’inverse, je ne voulais pas perdre mon admissibilité [en NCAA]. Je me suis entraîné 4 ou 5 jours. Puis après avec Chris Paul et Paul George. Quand j’ai vu arriver CP, j’ai bugué. Mais par la suite, avec Julius Randle et Corey Maggette plus Luke, John et Jordan, on a fait des 3 contre 3 en roulement. Et j’ai super bien joué. Je n’ai quasiment rien raté offensivement. J’ai réussi 9 tirs à 3-points de suite ! Et là, je me suis dit que je pouvais aller en NBA. »
Sa rencontre avec Chris Paul l’été passé a effectivement servi de déclic psychologique pour Donovan Mitchell.
« Je me disais que j’avais été dans un bon jour. Et puis, ensuite, ce jour est devenu une bonne semaine. Un bon mois. Je ne voulais pas m’enflammer et j’essaie encore de ne pas m’accorder le bénéfice du doute. »
Dans ce rêve éveillé qu’est sa première saison NBA, Donovan Mitchell a vécu plusieurs moments très forts. Et notamment des rencontres avec ses deux idoles de jeunesse : LeBron James et Russell Westbrook. Son match, et les mots du meneur d’OKC à son égard après le match, sont clairement son highlight personnel.
« Je suis fan de Westbrook et je m’identifie pas mal avec lui car il fait ma taille. J’étais titulaire et j’étais calme. Je ne l’avais jamais vu jouer en live. C’était impressionnant mais j’étais super concentré sur mon match. »
Un bon faire-valoir au prochain concours de dunks ?
Quant à LeBron James, Donovan Mitchell a également vécu un moment particulier en réussissant à le battre dans un superbe mano a mano. Mais c’est son passage à Miami, et plus particulièrement dans les vestiaires où le King a fêté son tout premier titre, qui a retenu l’attention du rookie.
« J’ai fait des workouts pour quinze équipes en un mois. J’en ai fait un à New York, un jour avant la Draft, c’était mon tout dernier. Le moment le plus surréaliste pour moi était d’entrer dans les vestiaires de Miami. Etant fan de LeBron, je vivais un rêve. Mais c’était mon pire workout aussi. Gian Clavell m’a tué. Il joue maintenant pour Dallas, et il m’a dominé. On m’a dit de ne pas avouer ça mais c’était le cas. »
Humble jusqu’à reconnaître ses ratés, Donovan Mitchell détonne dans le milieu NBA où la virilité et la confiance affichée sont des valeurs consacrées. L’explosif joueur du Jazz n’en a cure : il continue de prouver, soir après soir, qu’il est une vraie pépite. En passant notamment de 8 points en octobre, 18 points en novembre et même 23 points en décembre !
Dunkeur spectaculaire, Donovan Mitchell est même prêt à faire exploser du prochain concours, à Los Angeles…
« Je le ferai, ça serait vraiment excellent ! J’ai déjà participé à 13 concours de dunks dans ma carrière et j’en ai perdu 12 ! À chaque fois, c’était à cause de Derrick Jones Jr. ! Je pense pouvoir réussir quelques dunks sympas, qui surprendraient le public. Mais quand on voit ce qu’ont fait Aaron Gordon ou Zach LaVine… »
En attendant de savoir s’il se frottera aux meilleurs dunkeurs de la ligue, Donovan Mitchell va devoir prouver que sa forme actuelle représente bien son potentiel. Etant donné son éthique de travail et son humilité, ça ne fait guère de doutes.
Donovan Mitchell | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2017-18 | UTH | 79 | 33 | 43.7 | 34.0 | 80.5 | 0.7 | 3.1 | 3.7 | 3.7 | 2.7 | 1.5 | 2.7 | 0.3 | 20.5 |
2018-19 | UTH | 77 | 34 | 43.2 | 36.2 | 80.6 | 0.8 | 3.3 | 4.1 | 4.2 | 2.7 | 1.4 | 2.8 | 0.4 | 23.8 |
2019-20 ☆ | UTH | 69 | 34 | 44.9 | 36.6 | 86.3 | 0.8 | 3.6 | 4.4 | 4.3 | 2.5 | 1.0 | 2.7 | 0.2 | 24.0 |
2020-21 ☆ | UTH | 53 | 33 | 43.8 | 38.6 | 84.5 | 0.9 | 3.5 | 4.4 | 5.2 | 2.2 | 1.0 | 2.8 | 0.3 | 26.4 |
2021-22 ☆ | UTH | 67 | 34 | 44.8 | 35.5 | 85.3 | 0.8 | 3.4 | 4.2 | 5.3 | 2.4 | 1.5 | 3.0 | 0.2 | 25.9 |
2022-23 ☆ | CLE | 68 | 36 | 48.4 | 38.6 | 86.7 | 0.9 | 3.3 | 4.2 | 4.4 | 2.5 | 1.5 | 2.6 | 0.4 | 28.3 |
2023-24 ☆ | CLE | 55 | 35 | 46.2 | 36.8 | 86.5 | 0.8 | 4.3 | 5.1 | 6.1 | 2.1 | 1.8 | 2.8 | 0.5 | 26.6 |
2024-25 ☆ | CLE | 71 | 31 | 44.3 | 36.8 | 82.3 | 0.8 | 3.7 | 4.5 | 5.0 | 2.0 | 1.3 | 2.1 | 0.2 | 24.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.