Utah espère que Rudy Gobert sera "le Bill Russell du Jazz" • Basket USA

Encore énorme cette nuit avec 20 points, 19 rebonds plus 2 contres et 2 interceptions, Rudy Gobert n’a malheureusement rien pu faire dans le finish incroyable de LeBron James et de ses Cavs. Si Utah a dû s’incliner, le pivot du Jazz a encore une fois marqué les esprits… et ajouté une page à son dossier pour le titre de meilleur défenseur de l’année.

Dans sa quatrième saison en NBA, Rudy Gobert a en effet passé un cap immense. Actuellement à 13 points, 13 rebonds et plus de 2 contres de moyenne par match (contre 9 points, 11 rebonds et 2 contres l’an passé), le tout à 65% aux tirs, le pivot tricolore continue d’épater par ses progrès continus.

Pas brillant avant la Draft

Mais il faut dire que sa franchise a placé la barre haut…

« On espère qu’il sera le Bill Russell du Jazz », envoie carrément le GM, Dennis Lindsey sur ESPN. « Je sais que ça peut paraitre fou mais c’est encore prouvé à ce jour : sa volonté d’être bon est aussi unique que son envergure. »

Grand pote de celui qu’il appelle « Gobi », Evan Fournier peut attester de cette courbe de progression exceptionnelle : « Gamin, il n’était pas nécessairement confiant. Mais il a toujours aimé la compétition. »

Et pour cause, c’est ce qui a attiré l’oeil de Dannis Lindsey, en déplacement dans les Mauges, alors que le jeune Rudy fait tout à l’envers durant l’échauffement de son équipe de Cholet. Ce dernier repère l’envie de l’apprenti à perfectionner son jeu.

À l’étape suivante des workouts d’avant la draft, Rudy Gobert n’est pas non plus forcément très convaincant face à des monstres physiques tels que Steven Adams ou Gorgui Dieng. À Chicago, il touche même le fond. Dans les mots de son agent, Bouna N’Diaye : « il était vraiment mauvais » !

Dans l’Utah par contre, avec l’assistance de Matthew Dellavedova qui lui envoie des passes en l’air dans tous les sens, il dévoile son véritable potentiel. Son envergure, son timing, son explosivité finissent par convaincre le Jazz.

« Je pense que c’était très important pour nous de mettre en place notre workout de cette manière », se souvient le GM. « Il n’était jamais en retard d’une seconde pour jouer le contre. De ce point de vue-là, il a été exceptionnel. »

Convaincu, le Jazz drafte donc Rudy Gobert à l’aune de ce potentiel physique. Mais à son arrivée en NBA, le pivot a encore beaucoup à apprendre. Notamment à bien placer ses immenses abattis sous les barres de musculation.

« Ça peut paraître élémentaire… mais il aime le jeu ! »

L’idée de la franchise d’Utah est de renforcer ce physique gringalet et fragile en insistant notamment sur les hanches et les fessiers. Non pas d’en faire un golgoth qui perdrait en mobilité et en réactivité : deux de ses grandes forces.

Bloqué derrière Enes Kanter et Derrick Favors comme rookie, Rudy Gobert se venge ainsi sur les poids, en coulisses.

« Vu que je ne jouais pas, j’avais beaucoup d’énergie pour faire de la musculation. Et d’une certaine manière, je lâchais toute ma colère en muscu. »

Trois ans plus tard, Rudy Gobert est le pivot titulaire du Jazz (décisif l’autre soir face aux Kings) alors qu’Enes Kanter joue les jokers pour Oklahoma City et que Derrick Favors doit malheureusement jongler avec un genou douloureux.

Le gamin de Saint Quentin a suivi son programme à la lettre et le voilà tout en haut des classements défensifs : 1e aux contres à 2.49 ou encore 1er au Defensive Win Share et 4e au pourcentage de réussite aux tirs au cercle laissé à l’adversaire à 43% (et encore, il est derrière Embiid et Hibbert qui ont très peu joué)…

Plus important encore aux yeux de son employeur, qui vient tout de même de lui accorder le deuxième plus gros contrat de l’histoire du sport français (plus de 100 millions de dollars sur quatre ans), Rudy Gobert aime son métier.

« Il aime jouer. Il prend vraiment du plaisir à jouer », ajoute Alex Jensen, l’assistant coach dédié au pivot tricolore. « Beaucoup d’intérieurs tombent dans le basket parce qu’ils sont précisément grands, mais lui aime vraiment ça. Et il veut être bon ! Ça peut sembler élémentaire mais c’est rare. Croyez-moi, ce n’est pas la norme ! »

Ses highlights défensifs