C’est l’histoire d’une franchise sur laquelle l’ombre d’un certain Michael Jordan ne cesse de peser. Une franchise dont les fans attendent avec ferveur l’opportunité d’écrire de nouvelles pages dans l’histoire, des pages (presque) libérées de l’éternelle comparaison avec les années 90. C’est l’histoire d’une franchise qui ne cesse de progresser, et qui affiche pour la saison prochaine une véritable ambition.
Les Bulls avaient d’ailleurs préparé l’intersaison avec le plus grand sérieux, en faisant le ménage dans leur roster (et leur masse salariale), se préparant à accueillir plusieurs superstars. Au final, on sait ce qu’il est advenu : les 3 Amigos sont partis à Miami, et on aurait pu craindre que Windy City ne se retrouve Gros-Jean comme devant.
Mais avec l’arrivée de Carlos Boozer, et un recrutement complémentaire intelligent, les Bulls se sont donnés les moyens de réussir.
Meneurs : Derrick Rose, CJ Watson
Arrières : Ronnie Brewer, Keith Bogans
Ailiers : Luol Deng, Kyle Korver, James Johnson
Intérieurs : Carlos Boozer, Taj Gibson
Pivots : Joakim Noah, Kurt Thomas, Ömer Asik
CJ Watson peut aussi jouer arrière, tandis que James Johnson est positionné au poste 4 régulièrement.
Même si l’équipe est séduisante, il a fallu passer par des sacrifices pour y parvenir. Le plus important est Kirk Hinrich, transféré à Washington contre rien juste avant la draft, pour libérer de la place dans la masse salariale. 6ème homme de l’équipe en 2008-09 puis titularisé avec le départ de Ben Gordon, il apportait son shoot extérieur et derrière l’arc en plus de son expérience, pour 11 points / match. Premier au nombre de 3 points marqués dans l’histoire des Bulls, les mauvaises langues notent qu’il ne fait pas partie des 10 meilleurs de l’histoire de la franchise à la réussite derrière l’arc (37,1% la saison dernière, 37,9% en carrière).
Brad Miller, agent libre, est aussi parti pour le Texas, à Houston. Son contrat mirobolant (12,5 millions la saison dernière) n’avait plus de raison d’être, mais il avait pour lui sa taille, son expérience de jeu et son shoot mi-distance.
Acie Law, Hakim Warrick ou encore Jannero Pargo ont quitté le navire, sans grand regret de part et d’autre.
Hinrich regretté ?
Tranférer Hinrich et ses 9 millions de dollars annuels aurait été une très bonne opération si un joueur au contrat max avait rejoint le franchise. Ce ne fut pas le cas, et Forman a d’ailleurs dit a posteriori regretter son départ. Conséquence logique d’une marge de manoeuvre incomplètement utilisée, les Bulls sont encore à l’heure actuelle 2 millions de dollars sous le cap.
Mais la franchise est maintenant concentrée à regarder vers l’avant. Avec 12 joueurs sous contrat, l’effectif est quasi complet.
Derrick Rose constitue le pilier de l’équipe. Rookie of the Year 2009, All Star 2010, meilleur marqueur de son équipe la saison dernière, membre de la team USA, Rose est déjà un grand et est attendu comme un très grand. Bon organisateur, explosif en pénétration, il devrait améliorer son shoot à mi-distance, qu’il a travaillé cet été.
Derrière, CJ Watson pourra assurer le backup au poste 1 et 2. Plus scoreur qu’organisateur, il apportera son scoring en sortie de banc. Nous avions d’ailleurs analysé son profil il y a quelques semaines.
Trois Jazz recrutés !
Ronnie Brewer sort d’une fin de saison difficile, blessé immédiatement après son transfert aux Grizzlies, il n’a joué que 5 matchs depuis février. Titulaire la plupart du temps chez les Jazzs avant son départ, capable de jouer à l’aile, il compense un shooteur extérieur inférieur à celui d’Hinrich par une meilleure capacité à s’approcher du cercle et à défendre. Sa capacité à être efficace sans un passeur exceptionnel tel que Deron Williams restera un point d’interrogation.
Bogans complètera au poste 2, même s’il est capable de jouer 3, vu le monde dans l’effectif à ce poste. Dernier joueur signé, il complète la rotation sans vraiment répondre au besoin d’un shooter supplémentaire souhaité par Thibodeau très récemment. On peut donc s’attendre à ce que le prochain joueur signé (un franchise NBA doit avoir 13 joueurs sous contrat) réponde à ce profil.
Luol Deng sera titulaire à l’aile. Scoreur dans l’âme, avec un bon shoot à 5-6 mètres, il risque d’avoir moins de tickets shoot avec l’arrivée de Boozer. Le staff espère une meilleure régularité, pour complètement justifier son contrat (11,3 millions cette saison).
Korver assurera le service « longue distance » et 3 points, 2 domaines où il a quasiment atteint 50% de réussite la saison dernière. Il complète intelligemment une équipe jusque plutôt faible à l’extérieur avec le départ de Hinrich. Sa présence sur le parquet permettra de libérer des espaces pour le secteur intérieur ou en pénétration pour Derrick Rose.
James Johnson sort d’une saison rookie contrastée, où, drafté avant Taj Gibson, il a dû lui céder la place en temps que pièce majeure du roster. Il devrait continuer à montrer qu’il mérite des minutes derrière Deng, Korver, Boozer et Gibson.
Boozer-Noah : une paire complémentaire
Carlos Boozer est la pièce maîtresse du recrutement 2010. Joueur en double-double de moyenne depuis 4 saisons, il apporte sa présence offensive à l’intérieur, ses muscles, sa maîtrise des picks-and-roll, qui pourra mettre en place avec Derrick Rose. Son jeu poste bas et ses capacités de rebondeur seront utiles dans la raquette. Il est aussi capable de shooter à 5-6 mètres.
Son association avec Joakim Noah dans la raquette promet d’être intéressante. Boozer et Noah sont extrêmement complémentaires, le premier traditionnellement concentré sur l’attaque et le second sur la défense tout en offrant tout deux de très bonne qualités de rebondeurs. La raquette des Bulls est l’une des plus impressionnantes de la ligue.
Par ailleurs, Noah progresse régulièrement depuis son arrivée dans la ligue, dans tous les domaines. Il ne se limite désormais plus à la défense et a complété sa palette offensive la saison dernière, passant dans la catégorie des joueurs en double-double de moyenne. Après avoir maîtrisé un petit hook mains gauche et droite, il est en train de rajouter un shoot mi-distance qui fera de lui un joueur vraiment complet. Individuellement, le statut de All-Star ne semble pas inaccessible à moyen terme, surtout avec la concurrence limitée à l’Est à ce poste (hormis Howard évidemment).
Gibson, Thomas et Asik complètent le roster à l’intérieur. Le premier devra trouver un nouvel statut après avoir été dans le 5 majeur pour sa saison de rookie. Les belles choses qu’il a montrées laissent espérer une contribution intéressante. Thomas apportera des minutes de vétéran et sa présence défensive. Asik, pour sa part, devra faire ses preuves pour trouver sa place dans la rotation.
Un coach réputé mais inexpérimenté
Le dernier élément de ce tableau est le front office. Tom Thibodeau a remplacé Vinny Del Negro à la fin de la saison. Spécialiste reconnu de la défense, ses premiers sorties dans les médias laissent anticiper un jeu basé sur la défense, les rebonds, une bonne circulation de balle, un jeu intérieur-extérieur et collectif. Son staff doit encore être complété depuis le départ de Myers. Néanmoins ses états de service et son expérience laissent à penser qu’il a les moyens de mener loin son équipe.
Thibodeau l’a dit : l’objectif est de construire immédiatement une équipe candidate au titre. Autour de l’axe Rose-Noah, les Bulls ont rajouté un intérieur All-Star, un très bon shooteur extérieur, un arrière athlétique et défensive, et de bons joueurs de complément.
A bien y regarder, on peut dire que les Bulls ont réussi leur intersaison, et l’objectif ne se limite plus à atteindre les playoffs. Après deux saisons intéressantes, leur présence au plus haut niveau ne sera pas une surprise. A eux de confirmer ce qu’on attend d’eux.