[Previews] Le Thunder donne les clés à Russell Westbrook

Comme chaque année, Basket USA propose une présentation de la saison NBA et des 30 franchises sous la forme d’un compte à rebours, de la 30e place à notre favori pour le titre de champion NBA.

En 13e position, avec la 8e place à l’Ouest, c’est au tour d’OKC de passer sur le grill. Après le coup de tonnerre et la décision de Kevin Durant de rejoindre les Golden State Warriors, le Thunder espère se reconstruire avec un effectif de qualité pour entourer Russell Westbrook, autoproclamé « Go-to-guy ». Victor Oladipo et Ersan Ilyasova sont arrivés en provenance d’Orlando pour aider Oklahoma City à faire au moins aussi bien que la saison précédente, à l’affût des intouchables Warriors et des Spurs.

C’est le jour de la fête nationale aux Etats-Unis (4 juillet), que Kevin Durant a officialisé son départ d’Oklahoma pour l’ennemi juré Golden State. La nouvelle a été dure à avaler pour les fans du Thunder, surtout après la lutte acharnée qui avait opposé les deux formations en finale de conférence Ouest un mois plus tôt. A l’époque, le tandem de feu Westbrook-Durant venait de réaliser l’un des exploits les plus retentissants de la post-season en sortant les Spurs au tour précédent sans l’avantage du terrain. Aux portes de la finale face aux champion en titre et son duo Curry-Thompson, OKC croyait avoir fait le plus dur en menant jusqu’à 3-1 dans la série, avant de mordre la poussière et de finalement céder sur le match 7. Une terrible désillusion pour les hommes de Billy Donovan et leur deux superstars qui rêvaient de croiser à nouveau le fer avec LeBron James pour une revanche des finales de 2012, lorsqu’ils avaient laisser filer la bague suprême malgré l’avantage du terrain.

Tout a donc basculé le 4 juillet, jour célébrant la déclaration d’indépendance des Etats-Unis vis à vis du royaume britannique. Un clin d’oeil sympathique de l’histoire, puisque Kevin Durant aussi a signé son indépendance ce jour là en quittant la franchise qui l’a vu grandir pendant de longues années.

Mis devant le fait accompli, Russell Westbrook, propulsé leader d’une franchise qui appartenait historiquement au n°35, s’est par la même occasion libéré de cette ombre, parfois pesante, notamment vis-à-vis des médias qui ont souvent cherché à opposer les deux superstars. Preuve de son attachement pour la franchise où il a tout appris, Westbrook a signé une extension de son contrat pour 3 ans supplémentaires et 86 millions de dollars, un mois pile après le départ de Durant. A l’image de son ancien coéquipier James Harden (parti en 2012), c’est désormais dans le costume de seul leader que « RussWest » retrouvera la lumière le 27 octobre prochain pour la reprise de la saison régulière. Et il y a fort à parier qu’il attaquera ce nouvel exercice motivé comme jamais.

Une raquette en béton

Si Durant n’a pas été numériquement remplacé à l’aile au cours de l’intersaison (Ilyasova remplaçant Ibaka au poste 4, Kyle Singler n’a pas l’étoffe d’un titulaire), le numéro 0 pourra compter sur un effectif solide pour mener sa mission à bien. Au poste 2 Victor Oladipo débarque de Floride surmotivé après avoir été destitué de son rôle de franchise player (au profit d’un jeune frenchy aux dents longues). Son style de jeu colle parfaitement à la philosophie d’OKC, et son association avec RW s’annonce prometteuse, en témoigne sa première sortie remarquée contre le Real Madrid (34 pts, 5 pds). A l’intérieur, en plus d’Ilyasova (poste 4-3), Billy Donovan aura de quoi voir venir avec Steven Adams, auteur d’une post-season remarquable, Enes Kanter (lui aussi poussé par la sortie au Jazz par un ami proche du frenchy aux dents longues), dont le potentiel n’est plus à démontrer et deux « petits nouveaux » qui ne demandent qu’à briller : Joffrey Lauvergne et le rookie lituanien Domantas Sabonis (drafté en 11e position puis échangé dans le deal avec Ilyasova et Oladipo), fiston du légendaire Arvydas, et dont les premiers pas seront forcément attendus. Enfin, à 35 ans, le mythique Nick Collison, qui entame sa 12e saison avec la même franchise (Seattle puis OKC) sera toujours là pour filer un coup de main si besoin.

Sur les postes extérieurs, le meneur-danseur Cameron Payne (lorsqu’il reviendra) et le facteur X Andre Roberson devraient hériter de plus de responsabilités, tout comme Anthony Morrow, qui sort d’une saison décevante (13 minutes de jeu en moyenne, 11 de moins que la saison précédente et un pourcentage à 3 points tombé sous la barre de 40%). On suivra également de très près l’évolution du Barcelonais Alex Abrines (23 ans), arrière en devenir pour sa première saison dans la grande ligue.

Sur le papier, voilà un effectif qui a tous les moyens d’aller titiller les grosses écuries pour jouer le Top 4 à l’Ouest même s’il y a un trou béant à l’aile. Coach Donovan a prouvé l’an passé ses capacités d’adaptation et sa flexibilité. S’il arrive à ce que la mayonnaise prenne, jouer ce Thunder sera tout sauf une partie de plaisir. Et puis avec un joueur de la trempe de Russell Westbrook, rien ne semble impossible. Il faudra donc plus qu’un départ du « Kid Clutch » pour doucher les ambitions d’Oklahoma City cette saison.

Arrivées : Victor Oladipo et Ersan Ilyasova (Magic), Domantas Sabonis, Alex Abrines, Ronnie Price

Départs : Serge Ibaka (Magic), Kevin Durant (Warriors), Randy Foye (Nets), Dion Waiters (Heat)

Ça alors, quelle surprise ! Avec ses performances ahurissantes depuis deux saisons, le meneur explosif d’OKC au caractère bien trempé a réussi l’inimaginable, détrôner Kevin Durant de son titre de leader historique de la franchise débarquée de Seattle il y a 8 ans. Après James Harden (et Reggie Jackson), c’est donc KD qui a laissé les pleins pouvoirs à RW, brisant l’un des « one-two punch » les plus extraordinaires de la ligue. Avec ses 23 triple-double réalisés sur l’ensemble de la saison passée, et une ligne de stats pour le moins impressionnante (23,5 pts, 10,4 rbds, 7,8 pds), le futur Hall of Famer de l’état d’Oklahoma sera désormais le seul franchise player aux commandes. Pour le meilleur et pour le pire.

Souvent comparé à Allen Iverson et Kobe Bryant pour sa détermination à toute épreuve, « RussWest » est l’archétype du joueur NBA moderne : toujours plus puissant, plus athlétique, plus explosif. Même s’il a déjà prouvé qu’il pouvait tenir la baraque sans son alter-ego, lors de la saison 2014-2015 notamment, l’attente autour de lui n’en sera que décuplée pour l’exercice à venir. Le meneur-arrière de 27 ans devra apprendre à se canaliser, quitte à revoir ses priorités, comme sa sélection de tirs afin de franchir un cap et aider son équipe à rivaliser avec les gros à l’Ouest. Son pourcentage à 3 points par exemple (en dessous des 30% depuis deux saisons) devra être amélioré s’il veut continuer de soutenir la comparaison avec « The Answer ». Si le Thunder se maintient parmi les meilleures équipes à l’Ouest, il sera un redoutable candidat pour le titre de MVP.

Meneurs : Cameron Payne, Ronnie Price, Semaj Christon
Arrières : Antony Morrow, Alex Abrines
Ailiers : Kyle Singler, Josh Huestis
Ailiers-forts : Domantas Sabonis, Joffrey Lauvergne, Chris McGary
Pivots : Enes Kanter, Nick Collison

Parfois pointé du doigt comme l’un des maux du Thunder, Billy Donovan a réussi à retourner l’opinion publique cet été, prouvant qu’il avait les qualités pour tirer le meilleur de son groupe lors de la dernière campagne de Playoffs, notamment face aux Spurs. Avec ce nouvel effectif où le danger sera davantage dilué dans le collectif, le Head coach d’OKC a les moyens de créer l’amalgame et de faire de cette équipe revancharde un poil à gratter dans la course au top 4 à l’Ouest. Leader charismatique, Russell Westbrook a lui aussi les moyens de tirer son groupe vers le haut, et lui inculquer sa culture de la gagne. Sous les panneaux, Steven Adams confirme ses très bons playoffs, et Enes Kanter reste l’un des remplaçants les plus efficaces de la ligue. Ajoutez à cela un Oladipo libéré, et ça donne une équipe du Top 4 à l’Ouest.

Russell Westbrook a les qualités de ses défauts, il est imprévisible. Dans ses mauvais côtés ressort aussi l’individualisme qui peut finir par irriter ses coéquipiers à terme, surtout si les résultats ne suivent pas. Dans ce nouveau contexte, tous les faits et gestes d’un « Mister Explosive » désormais en première ligne seront épiés. Gare à ce que l’exercice 2016-2017 ne tourne pas à la guerre des égos, car il y a beau avoir du talent à tous les postes, il n’y a qu’un ballon, et il faudra le partager de la meilleure façon afin de ne pas tomber dans un basket stéréotypé qui a parfois desservi OKC par le passé. C’est le gros souci de cette équipe où Oladipo ne parvient pas à jouer sans ballon. On ne serait pas surpris que Donovan décide en cours de saison d’en faire son 6e homme, pour reprendre le rôle de Dion Waiters.