Essentiel pour Gregg Popovich mais parfois négligé par certains joueurs et entraineurs, le repos est un facteur sans doute déterminant sur l’ensemble d’une saison. En revanche, il l’est moins quand il s’agit des finales NBA. D’ici jeudi, on risque pourtant d’en entendre beaucoup parler puisque les Cavaliers vont attaquer le remake des Finals 2015 avec près d’une semaine sans jouer.
Avec deux sweeps et une qualification en six matches face à Toronto, Cleveland arrive dans la dernière ligne droite avec plus de « day off » que son adversaire, qui a dû batailler en sept manches éprouvantes face au Thunder. Mais les « jeunes » Warriors ne sont pas les « vieux » Spurs et pour les joueurs de Steve Kerr, manquer un match en cours de saison n’a jamais été une option.
« On a un noyau de joueurs qui, si on lui demande de sauter une rencontre, ne sera pas vraiment ravi » avouait l’entraineur en fin de saison. « Je vais bien » expliquait de son côté Draymond Green. « J’ai 26 ans, certains doivent peut-être se reposer, pas moi. »
Tyronn Lue préconise le repos, Stephen Curry ne voit pas l’intérêt
Cette année, sûrement pour éviter ces blessures qui ont été si dommageables aux Cavaliers l’an passé, Tyronn Lue a lui privilégié le repos par rapport au bilan de son équipe.
« On veut vraiment la première place si on peut, mais je pense qu’on doit aussi reposer nos joueurs » confiait l’entraineur fin mars. « La santé est plus importante à l’approche des playoffs, que le classement. Je pense qu’il faut gagner en déplacement pour être champion de toute façon. »
Une vision que les Warriors n’ont pas partagée, obligés de tirer sur la corde pour accrocher les 73 victoires. Hasard ou coïncidence, Stephen Curry s’est d’ailleurs blessé à la cheville puis au genou au début des playoffs. Mais ne demandez pas au double MVP de se reposer, il n’en voit pas l’utilité.
« Nous ne voulons pas arriver doucement en playoffs, nous voulons continuer à nous améliorer dans tous les domaines » expliquait-il en course de saison. « Nous voulons continuer à gagner, garder cette mentalité de vainqueur, peu importe ce qui nous motive. S’assoir et regarder est juste ennuyeux, je n’aime pas regarder des matches quand je peux les jouer. »
Equilibre entre « repos » et « rouille »
Jeune et en bonne santé ces dernières années, Stephen Curry met en exergue l’aspect psychologique, la dynamique et le rythme d’une équipe qui se soucie de garder les automatismes de la gagne. Quitte à jouer diminué. De toute façon, quand le MVP est laissé au repos justement, il n’a qu’une seule peur à son retour : être rouillé.
« C’était affreux. J’étais rouillé » commentait Curry lors de son retour au jeu au premier tour après sa blessure à la cheville. « Je dois retrouver mon rythme, ma mécanique et toutes ces choses. Quand vous arrêtez plusieurs jours sans rien faire, c’est dur. »
Surtout qu’à ce stade de la compétition, l’adrénaline joue un rôle primordial. Même diminué, le double MVP en titre a su sortir deux gros matches pour aider son équipe face au Thunder. Il a retrouvé son tir, ses appuis, son talent et toutes les qualités qui ont fait de lui le meilleur joueur de la planète. Qu’importe les petits pépins, le meneur de jeu semble capable de tenir ce rythme encore deux ou trois semaines.
Le repos n’est pas gage de titre
L’équilibre entre « rest » et « rust » (repos et rouille) est finalement la chose la plus importante à gérer pour les coaches tout au long de l’année. D’après les chiffres, le repos n’est d’ailleurs pas gage de réussite. Si celui-ci peut se mesurer en fonction des matches joués lors des tours précédents, l’avantage ne va pas tout le temps à l’équipe qui s’est le plus reposée, et pour cause : dans l’histoire récente des finales, le bilan est plus ou moins équilibrée entre les équipes les plus reposées, et celles qui l’étaient moins.
Depuis l’instauration du système actuel de playoffs en 1984, avec seize équipes s’affrontant lors de trois tours avant d’accéder à la finale, les équipes arrivant plus fraiches ont en effet un avantage très relatif.
En 2008, les Celtics s’imposent après un parcours plus long que celui des Lakers
À seize reprises, l’équipe qui avait disputé le moins de matches lors des trois tours précédents l’a emporté alors qu’à douze reprises, c’est la franchise qui avait dû le plus batailler pour en arriver là qui s’est quand même imposée. Deux exemples pour prouver que l’importance du repos est aléatoire : les Lakers, arrivés en finale en 2001 sans avoir perdu le moindre match, ont écrasé des Sixers qui en avaient joués sept de plus. À l’inverse, les Celtics ont été champions en 2008 en ayant joué cinq rencontres de plus que Los Angeles.
En clair, il y a peu de chance de voir des Warriors sur les rotules ou des Cavs hors de forme. Reste à savoir où se placera le curseur cette année, mais entre des Cavs en bonne santé et des Warriors en rythme, la revanche de l’an passé promet d’être explosive.