Alors que tous les débats se sont concentrés sur le coup de pied de Draymond Green dans les parties intimes de Steven Adams, cette finale de conférence Ouest est une passionnante partie d’échecs entre deux équipes au réservoir de talents quasiment inépuisable. Et pour le moment, Oklahoma City semble en position favorable pour battre les champions en titre, tout simplement car ses joueurs sont plus rapides, plus forts… et donc meilleurs ?
Les champions frustrés
De nouveau opposés ce soir pour le match 4, toujours à la ‘Peake, Thunder et Warriors vont encore en découdre, mais cette fois, on devrait en savoir plus sur l’orientation de la série : soit Oklahoma City l’emporte et prend un avantage très net, soit Golden State se comporte en champion et revient à égalité, tout en reprenant l’avantage du terrain. La pression va être énorme sur les épaules des Warriors, qui seront en situation de must win cette nuit.
Et si le magma médiatique autour du volcanique Green ne cesse de s’écouler, c’est bel et bien, comme l’a dit Steve Kerr inconsciemment, que la frustration commence à gagner les rangs californiens.
« Je bossais à la télé il y a deux ans quand Serge l’a fait à Blake Griffin sur un rebond offensif [sur une action normale en fait, et un geste qui semble (là aussi) malencontreux]. Il lui avait mis un coup. Il y avait de la frustration, et ces deux-là ont un passif l’un contre l’autre aussi, » explique le coach sur ESPN. « Vous savez, ce sont des matchs à très haute intensité. Il y a de la frustration. Et beaucoup de grands gestes. Des flops aussi. Chaque match, il y en a. Parfois, ça amène à un contact. Mais ça fait partie du jeu désormais. »
Reconnaissant de la frustration de la part de ses joueurs sur ce coup bas, Steve Kerr a également avoué hier que ce Thunder-là était l’équipe la plus talentueuse qu’ils ont dû affronter en deux ans. Dos au mur à 2-1, avec un nouveau match à l’extérieur, l’équipe de Golden State, qui (doit-on le rappeler) n’a jamais perdu deux matchs de suite cette saison, est plus que jamais dans une situation inconfortable.
Le Thunder domine la « rotation de la mort » des Warriors
De fait, le Thunder a craqué lors du match 2 à Golden State quand les Warriors avaient enfin lâché les chevaux. Pour tenir les rênes, leur fameuse rotation de la mort (« death lineup ») composée de Curry, Thompson, Iguodala, Barnes, et Green avait effectivement tué tout intérêt dans ce match.
Mais, comme un match ne ressemble pas au suivant en playoffs, et surtout dans cette série, OKC a fait les ajustements nécessaires et lors du match 3, la troupe de Billy Donovan a trouvé la parade. Avec un cinq comptant Westbrook, Waiters, Roberson, Durant et Ibaka, le Thunder a tout simplement fait exploser cette « rotation de la mort » des Warriors, en shootant à 25/35 aux tirs (pour un hallucinant 71% de réussite) tout en tenant les champions en titre en respect, à 33% précisément (12/36). Un exemple avec ce contre de Durant suivi d’un 3-points sur la contre-attaque. Une action à 5 points puisqu’au lieu de revenir à -12, Golden State se retrouve à -17 !
Après l’option « big » choisie par Donovan et son staff pour venir à bout des Spurs, le Thunder joue désormais « petit » par séquences pour faire déjouer les Warriors.
« Avec l’effectif et les joueurs qu’on a, on a énormément de souplesse » savoure Billy Donovan sur ESPN. « Différentes séries créent différentes situations. On a bien réussi à jouer avec Enes et Steven contre San Antonio, et on aime bien cette rotation. On veut encore l’utiliser. Mais face à Curry et Thompson, défensivement surtout, il valait mieux pour nous qu’on se tourne vers un cinq plus orienté sur les lignes arrières. Ça crée plus d’espace pour notre attaque. »
De nouvelles surprises dans le Game 4 ?
Au centre de ce dispositif, c’est Durant qui détient la clé. Avec sa capacité à shooter comme un arrière, mais sa taille d’intérieur, Kevin Durant a effectivement posé bien des problèmes aux Warriors lors de la dernière levée. Avec 3 contres, il a changé le cours du match quand Billy Donovan a décidé de jouer petit… pendant 18 minutes seulement !
« Ça ne signifie pas qu’au prochain match, le small ball sera encore le bon choix. Ça peut aller dans les deux sens. Bien souvent, il faut surtout voir qui joue bien, et qui joue bien avec qui, » conclut le coach dans l’Oklahoman. « Avec tous les outils statistiques d’aujourd’hui, on peut comparer les duels et les rotations. Mais les chiffres ne disent pas tout, il faut encore regarder la vidéo et voir ce qui n’a pas marché. Dans le fond, j’essaie simplement de me garder plusieurs options pour les remplacements. »
La progression constante d’Andre Roberson, et le flegme nouveau incarné par Dion Waiters, sont deux éléments qui sont également à prendre en ligne de compte, mais les stars du Thunder semblent en mesure de dominer les shooteurs soyeux de la Baie. Car les seconds rôles autour d’eux sont montés en puissance d’une part, mais aussi parce qu’ils disposent tous d’une capacité athlétique supérieure d’autre part. Et le contre de Steven Adams sur un trois points de Curry (la deuxième fois seulement, après Danny Green, que Curry se fait bâcher derrière l’arc) en est bien la preuve la plus éclatante…
Sur l’action ci-dessus, c’est cette dimension physique supérieure d’OKC qui est résumée. Ibaka hérite d’un duel compliqué après un changement sur l’écran, mais le grand Congolais tient bien le choc face au MVP en titre en contestant son tir malgré un écart sur le dribble du Warrior. Le tir raté, Westbrook gobe le rebond et enclenche sans tarder la marche avant. Et ça part fort ! En bon accélérateur de particules, le meneur du Thunder avale les espaces et met la défense californienne aux abois, et même sur les talons. Durant débarque sur la scène et n’a plus qu’à placer un gros marteau en deuxième lame de la contre-attaque.
Il y a quelque temps, peut-être que Russell Westbrook serait allé au bout pour un tir compliqué. Aujourd’hui, il pense à la passe avant le tir, et ça donne un dunk facile pour Kevin Durant face à des Warriors spectateurs.
Plus rapide, plus costaud, plus fort, ce Thunder a frappé un grand coup contre Golden State. Et pourrait bien mettre un pied et demi en finale avec une nouvelle victoire cette nuit. Ce serait l’un des plus grands succès de l’ère Sam Presti à Oklahoma City, lui l’architecte de l’ombre qui a construit brique par brique le succès de son équipe à Bricktown….