Annoncés au bord du gouffre après le game 1, les Warriors ont renversé la vapeur avec une large victoire lors de la deuxième manche. Aussi convaincant soit-il, ce succès ne doit pas faire oublier que c’est bien le Thunder qui contrôle actuellement cette série. En clair, Golden State devra l’emporter à Oklahoma City pour récupérer l’avantage du terrain.
À quelques heures du game 3, le jeu d’échec entre Steve Kerr et Billy Donovan bat son plein. Le coach de l’année n’a pas changé grand chose entre les deux premiers matchs. La seule différence est venu du niveau d’intensité, de concentration et d’exécution de ses joueurs. Paradoxalement, les ajustements pourraient venir d’OKC. Que faire face à la défense de Golden State et du cas Andre Roberson ? Est-ce que le Thunder peut jouer grand pendant toute la série ? Les coéquipiers de Kevin Durant ont l’avantage mais le champion présente un défi unique.
Que faire d’Andre Roberson ?
Comme face à Memphis et Tony Allen l’année dernière, les Dubs laissent Andre Roberson grand ouvert. Cette tactique permet à son défenseur, Draymond Green ou Andrew Bogut, de limiter les solutions offertes à Kevin Durant et Russell Westbrook. KD a d’ailleurs eu du mal à s’adapter à cette défense avec huit ballons perdus lors du dernier match.
« Ils envoyaient trois joueurs sur moi à chaque fois, et je ne vais pas tirer au dessus de trois défenseurs. J’ai voulu lâcher le ballon mais ils étaient sur les lignes de passes. Il faut que je regarde la vidéo pour voir ce que je peux faire différemment. Je sais très bien que je n’aurais pas beaucoup d’espace mais je dois être plus intelligent. »
Pourquoi ne pas mettre Roberson sur le banc et insérer Dion Waiters, ou Randy Foye, dans le cinq de départ, obligeant les Warriors à défendre sur tout le monde. Billy Donovan y pense mais un tel changement semble prématuré.
« Je ne suis pas encore décidé. Nous allons en discuter mais je pense que nous devons attendre de voir la direction que prendra le prochain match. »
Après tout, lors du dernier match joué à Oklahoma, Roberson avait puni les Spurs qui avait utilisé la même tactique. Si cette situation n’est pas nouvelle pour le Thunder ou pour le joueur, la stratégie employée par les Warriors, et conçue par Ron Adams (ancien du Thunder), est-elle différente de ce qu’ils ont vu cette saison. Donovan et son staff ont eu trois jours pour trouver une solution, et mettre Roberson sur le banc aura un impact négatif sur la défense du Thunder, et serait considéré comme un aveu d’impuissance. Ne soyez donc pas surpris si l’arrière débute non seulement la rencontre mais s’il est également plus impliqué en phase offensive.
Une question de rythme
L’un des points forts des Warriors réside dans cette capacité à hausser le rythme au fil des minutes. Face aux Blazers, les coéquipiers de Klay Thompson ont souvent attendu la fin de match pour faire la différence. L’effectif est riche, polyvalent et mobile, la circulation de balle est efficace, la défense est agressive… Pour espérer battre les Warriors, il faut casser leur rythme ou le tenir jusqu’au bout. A la moindre défaillance, c’est la punition, et il suffit de quelques minutes pour les Warriors fassent le break. Ce fut le cas dans le 3e quart-temps du Game 2. Le Thunder avait un poil de retard sur les écrans ou les sorties sur les shooteurs, et face aux Warriors, ça ne pardonne pas.
Cette question de rythme renvoie directement au choix du Thunder de jouer « grand ». Les deux premiers matchs ont confirmés que le Thunder n’a pas les moyens de jouer petit sur de longues séquences. Si Enes Kanter a pu s’exprimer face à San Antonio, les gabarits plus petits et plus rapides de Golden State lui posent problème. Avec lui sur le terrain, l’exécution défensive d’OKC s’effondre, obligeant Donovan à maintenir sur le terrain la paire Steven Adams – Serge Ibaka.
Déterminants lors du premier match, leur efficacité a pris du plomb dans l’aile lors du deuxième match, en particulier celle de l’Espagnol. Le mouvement et les écrans loin du ballon de Golden State l’ont mis dans des situations difficiles qui soulignent toute la difficulté de changer sur tous les écrans. La communication du Thunder est donc cruciale.
Fatiguer les intérieurs du Thunder
Exceptionnel dans ce domaine lors du game 1, le retour du mouvement dans l’attaque des Dubs les a dépassés dans le game 2. Si les intérieurs sont habitués à changer sur pick & roll, ils n’ont pas la même rigueur loin du ballon. Alors que les Warriors s’étaient retranchés dans des isolations lors du match inaugural, ils ont impliqué Ibaka sur de nombreux écrans secondaires lors du deuxième match pour le mettre en retard sur les pick & roll. C’était notamment le cas sur les deux minutes de folie de Stephen Curry.
Il serait étonnant que Steve Kerr change de fusil d’épaule pour le reste de la série, gardant Adams et Ibaka sous pression. Autant physiquement que mentalement, changer sur tous les écrans exige de gros efforts. Des efforts que ni Adams, ni Ibaka ne sont habitués à produire pendant de si longues périodes. Peuvent-ils maintenir le niveau de concentration nécessaire pour le faire sur trois, quatre ou cinq matchs de plus ?
La bataille du rebond
Paradoxe du Game 2, les « grands » du Thunder n’ont pas gagné la bataille du rebond, et Serge Ibaka reconnaît que c’est une statistique étrange…
« Ils étaient plus durs et plus agressifs que nous au rebond, et c’est quelque peu bizarre puisque nous nous appuyons sur des grands, et ils sont petits. »
Pour l’intérieur du Thunder, ce n’est qu’une question d’agressivité, et de la part de tout le monde. Russell Westbrook n’a pris qu’un rebond dans le Game 2, et ça ne lui arrive quasiment jamais. En limitant les rebonds de Westbrook, les Warriors ont limité les secondes chances, mais aussi les relances à 200 à l’heure du meneur du Thunder.
Dans une série où le rythme est si essentiel, mais aussi les changements de rythme, gagner la bataille du rebond permet d’imposer son tempo, tout en limitant celui de l’adversaire, mais aussi d’aller chercher des secondes chances. C’est ce que rappelle Durant.
« Leur activité et leur énergie des deux côtés du terrain étaient supérieures. Évidemment, on a laissé Curry prendre feu en troisième quart temps mais par exemple en première mi-temps ils ont pris 10 rebonds offensifs. Sur la moitié de leur tirs manqués, ils ont pu avoir une seconde chance. C’est beaucoup trop ».