Ça va faire maintenant huit ans qu’ils jouent ensemble. Depuis l’arrivée de Russell Westbrook (et de la franchise toute entière déracinée de Seattle) à Oklahoma City en 2008, le Thunder s’est construit depuis huit saisons sur les épaules de Kevin Durant et Russell Westbrook. Un duo de talents purs à leur sortie de la fac, qui au contact l’un de l’autre, sont devenus des All Stars, et même des superstars, année après année. Deux phénomènes qui affolent les défenses… mais qui sont encore sans bague au doigt !
La dernière aventure du duo infernal du Thunder ?
Après avoir atteint les Finales en 2012, alors que ses quatre meilleurs joueurs n’avaient pas encore 24 ans, le Thunder n’a toujours pas réussi à conclure, à amener à son terme heureux ce cycle positif lancé par son GM, Sam Presti. Avec la fin de contrat de Durant cet été, et l’intersaison de feu qui se prépare à cause de la flambée des prix, l’issue de ces playoffs va peser lourd dans l’avenir de l’équipe. Selon ce qui se passe, il se pourrait bien que ce soit la dernière aventure de l’ère Durant – Westbrook sous la tunique d’OKC…
Arrivé en troisième place derrière les deux bolides des Warriors et des Spurs, tous deux au-dessus des 65 victoires, le Thunder n’a pas fait montre du même sérieux que ses deux camarades de tête. Souvent indigents dans leur concentration pour ne pas dire carrément la tête ailleurs, les stars du Thunder vont désormais devoir jouer leur va-tout. Durant et Westbrook jouent en fait leur couple !
S’ils n’arrivent toujours pas à gagner les matchs qu’il faut dans les moments importants, peut-être que leur union n’est pas faite pour la consécration ultime. Et Durant, libre d’aller voir ailleurs, pourrait finalement se laisser tenter par un départ, même si l’on sait son attachement à son équipe et sa ville.
En tout état de cause, opposé aux Mavs dans ce que certains observateurs appellent « un tour d’échauffement », le Thunder dispose d’atouts intéressants dans sa manche. Au bout de sa première année à la tête de l’équipe, Billy Donovan a quelques chiffres en sa faveur.
Un jeu d’attaque moins prévisible ?
L’un des plus importants, c’est que le Thunder prend moins de fautes techniques. Cela peut paraître anodin mais c’est la preuve tangible d’un gain certain de maturité. Pour ne prendre qu’un exemple, Westbrook est passé de 17 fautes techniques l’an passé (l’année sans Durant, rappelez-vous) à 7 cette saison. Au rayon croissance, Royce Young d’ESPN note également que coach Donovan a beaucoup moins appelé de systèmes pendant le jeu que ne le faisait Scott Brooks par le passé. L’ancien de Florida prône la continuité en toutes circonstances.
« L’idée préconçue des playoffs, c’est qu’on remet les compteurs à zéro et une nouvelle saison commence. Mais ce n’est pas le cas pour nous, les coachs. » nuance Donovan pour l’Oklahoman à la fin de la séance d’entraînement d’hier. « Pour nous, il s’agit d’un processus continu d’amélioration. Ce n’est pas parce que c’est les playoffs qu’on va s’arrêter de bosser sur nos points faibles et arrêter de nous améliorer. On peut encore faire mieux et on doit faire mieux sur les choses qu’on peut contrôler, les balles perdues par exemple. »
En conséquence, et si le jeu d’OKC tourne encore autour des mêmes systèmes en isolation, ou quelques mouvements fondamentaux en sortie d’écran, pour le meneur (Westbrook) ou pour le shooteur (Durant), Donovan a insisté sur la notion de concepts de jeu, plutôt que de systèmes à répéter. Dès lors, le Thunder est un peu moins prévisible.
Toujours du côté des satisfactions, on peut relever la domination offensive d’Oklahoma City. Avec 109,9 points sur 100 possessions, selon NBA.com/stats, le Thunder est deuxième de la ligue, juste derrière les Warriors (112,5). Cela s’explique du fait qu’ils ont réussi à trouver davantage de positions ouvertes sur les trois points dans les coins (5e en NBA) et, plus important encore, ils insistent beaucoup plus dans la peinture, avec 30% de leurs points qui proviennent de l’intérieur (l’impact du duo Adams-Kanter notamment).
Cela réduit de fait la nécessité pour Durant et Westbrook de vouloir en faire trop, ce qui est là aussi un des penchants sempiternels du Thunder. Sachant que le cinq majeur est toujours plus mis à contribution en playoffs, et que celui d’OKC est tout simplement le meilleur et de loin (ils ont mis un +258 à leurs adversaire en cumulé !), un bon vétéran du circuit tel que Tony Parker a raison d’émettre ses craintes quant au Thunder.
La défense, une affaire d’honneur
Néanmoins, que TP se rassure, la carapace d’OKC n’est pas sans faille. Au contraire, sa défense est une véritable passoire ! Avec 103 points encaissés sur 100 possessions, toujours selon NBA.com/stats, bon pour le 12e rang en NBA, le Thunder n’a jamais montré l’envie nécessaire, même sur certaines grosses affiches, de s’arracher, de se faire mal en défense pour étouffer son adversaire. Toujours confiant en sa force offensive supérieure, le Thunder n’a pas les bonnes habitudes défensives.
Celles des Spurs, voire des Warriors maintenant, à enchaîner plusieurs possessions de suite. Et surtout après un rebond offensif de l’adversaire, à exécuter ses systèmes en défense et suivre à la ligne les rotations défensives définies en début de match. Habituée à lâcher facilement, dès le premier rideau (hein, Russell) défensif, OKC va devoir changer la donne.
« En playoffs, tout est différent. C’est beaucoup plus intense. Dans le jeu déjà, ça joue plus fort, plus dur. Mais aussi parce qu’on finit par savoir tous les moindres détails de notre adversaire, ça devient également une bataille psychologique. Et puis, chaque possession compte ! » prévient Steven Adams. « Aujourd’hui, on s’est bien entraîné. On se serait cru au camp d’entraînement, c’était du sérieux. »
Et c’est là qu’intervient le facteur peur. L’appréhension, bien palpable car bien réelle, de la fin proche et fort plausible d’une époque dorée. Bien conscients de la douleur de l’échec, les joueurs du Thunder vont certainement se nourrir de cette haine de la défaite pour aller le plus loin possible. Et enfin montrer cette envie des deux côtés du terrain !
« Je me souviens de l’an dernier, à ce moment-là. Je rentrais chez moi et je m’étais posé sur mon canapé. Heureusement, cette année, on a la possibilité de jouer le titre. La saison a été longue mais on est arrivé. Je suis impatient de jouer. » explique Kevin Durant. « On sait qu’on a une équipe athlétique qui peut courir et pousser le ballon. On sait aussi qu’ils vont vouloir ralentir le tempo du match. A nous de bien nous préparer pour ça. On l’a déjà fait par le passé. »
Toutes les cartes sont entre leurs mains. Durant, Westbrook, Ibaka, Adams, Kanter, Foye, Waiters, Morrow, Singler, tous sont fringants et en bonne santé. De l’avis de tous, le dernier entraînement a été un pas dans la bonne direction, intense et physique ainsi qu’attendu face à Dallas. D’ici à ce que les affaires sérieuses commencent, a priori dès les demi-finales de conférence, le Thunder doit absolument tout donner sur le terrain. A défaut de gagner, au moins pour pouvoir se regarder en face dans le miroir… et espérer que le duo Westbrook-Durant n’entame pas sa dernière danse ensemble.