Si la défaite peut être honorable lorsqu’elle est vaillamment concédée, elle peut aussi se révéler infamante pour celui qui a déposé les armes sans même s’avancer. Cette nuit, les Lakers n’ont même pas pris la peine de se déplacer à Salt Lake City avec leurs munitions. En face, le Jazz s’en est donné à coeur joie, Rodney Hood en premier avec ses 30 points en une mi-temps, un festival pour celui dont le record en carrière est établi à 32 unités. Au terme de ces 48 minutes de parodie de basket, les Lakers sont repartis avec une défaite de 48 points dans leur valise, un point d’écart par minute, la plus grosse défaite de l’histoire de la franchise à égalité avec celle offerte aux Clippers il y a deux ans.
Après son ultime match face à ce public, les mots manquaient à Kobe Bryant pour décrire sa déception.
« On en est à quoi, 15 victoires sur la saison ? » a t-il demandé. « C’est ça ? Perdre de 48 points, gagner 15 matchs en une saison. Ce n’est pas comme si c’était nouveau pour nous. On s’est fait laminer toute la saison. »
Même constat chez Magic Johnson qui s’est exprimé sur Twitter en expliquant qu’il « pensait que la dernière saison était mauvaise parce que c’était la pire de l’histoire des Lakers » mais que celle-ci « sera la pire de l’histoire des Lakers »…
I thought last season was bad because it was the worst in Lakers history. It looks like this season will be the worst in Lakers history.
— Earvin Magic Johnson (@MagicJohnson) March 29, 2016
Rodney Hood seulement limité par Kobe Bryant
Lors de ses longues sessions de travail individuel pour revenir au jeu, l’arrière des Lakers ne s’imaginait sans doute pas vivre pareille débâcle, la pire de sa carrière. C’est de sa faute, diront ceux qui pointent du doigt son salaire de nabab pour son âge canonique. Sa punition, diront les autres qui criaient dès le début à la saison de trop.
Pourtant, cette nuit, Kobe Bryant fut l’un des rares joueurs à mouiller le maillot, le seul même à neutraliser le chaud bouillant Rodney Hood lors de la seconde mi-temps. Le n°24 a certes sorti l’un de ses pires matchs en carrière en attaque avec son 1 sur 11 aux tirs mais il s’est au moins donné la peine de défendre, au contraire de ses cadets.
« C’est une honte que ce soit notre joueur le plus vieux qui ait dû relever ce défi, » s’est indigné à juste titre Byron Scott auprès du LA Times. « Personne d’autre n’a voulu faire face et le relever. C’est une honte que notre joueur le plus vieux, qui quitte la ligue dans huit matchs, ait été celui qui a dû l’éteindre. »
Byron Scott : « Il faut montrer que l’on mérite d’être ici »
Huit matchs. C’est en effet ce qu’il reste de vie à Kobe Bryant en NBA. C’est aussi ce qu’il reste aux Lakers dans cette saison. Vient alors cette question : « Et après ? » Que restera t-il des Lakers après cette nouvelle saison marquée par les défaites ? À nouveau, certains argueront que le départ du quintuple champion permettra enfin à la franchise d’entamer une reconstruction en profondeur. Encore faut-il que l’état d’esprit soit en adéquation avec ces rêves de grandeur…
« Il faut montrer à cette franchise que l’on mérite d’être ici, que l’on comprend ce que signifie de porter le violine & or, » rappelle Byron Scott à ses ouailles. « Je ne pense pas que beaucoup de nos gars dans le vestiaire le comprennent actuellement. »
Le fait est que même si ce n’est plus que son fantôme qui erre depuis trois ans sur les parquets, Kobe Bryant fut le joueur d’une génération, celui qui n’arrive qu’une fois tous les dix ou vingt ans. Pendant plus de quinze ans, les Lakers ont traversé toutes les étapes avec lui. Maintenant qu’il s’apprête à partir, le vide est immense.
Cette franchise s’est toujours construite à travers ses icônes : George Mikan, Jerry West, Wilt Chamberlain, Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson, Shaquille O’Neal ou Kobe Bryant. Aujourd’hui, personne n’est en mesure de prendre la relève dans l’immédiat. Et dans leur ADN, les Lakers n’ont jamais gagné autrement que par le prisme d’un joueur capable de focaliser toute l’attention. Kobe Bryant va partir mais son aura pourrait bien hanter longtemps les couloirs du Staples Center.
« Quand on regarde nos jeunes, je ne vois aucun d’entre eux capable de devenir le prochain Kobe, » renchérit Byron Scott. « Je pense qu’ils peuvent l’approcher mais aucun ne pourra atteindre le niveau qu’il a atteint. S’il y en a un en mesure de le faire, cela va demander un sacré travail à l’entraînement, et beaucoup d’engagement pour arriver à ce sommet. »
La chance de la jeune garde des Lakers est aussi sa déveine : elle a pu côtoyer une légende du jeu pour ses débuts professionnels mais elle lui sera toujours comparée. Byron Scott a probablement raison, il est peu probable que l’un de ces jeunes puisse avoir le même succès que leur aîné mais c’est aussi sans doute pourquoi il est temps que les Lakers tirent un trait sur lui pour enfin commencer à comprendre ce que peuvent être les clefs du succès sans lui.
Beaucoup d’autres franchises ont du succès sans jamais avoir eu de Kobe Bryant dans l’effectif.
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