Si la défense de Toronto est encore perfectible, les fondations sont désormais solides dans l’Ontario. Avec 107.7 points encaissés sur 100 possessions l’an passé, les Canadiens étaient la 25e défense NBA lors de la dernière campagne. Cette saison, ils ont fait un bond à la 9e place (103.3 points encaissés pour 100 possessions).
Avec 24 victoires et 15 défaites, Toronto réalise ainsi une première partie de saison digne de son exercice de l’an passé… mais avec un supplément d’âme. Plus question en effet de se fracasser les dents sur le premier tour des playoffs, ces dinosaures-là ne veulent pas être annoncés en voie de disparition.
« Comment passe-t-on de bonne équipe à grande équipe en NBA ? » se demande le GM, Masai Ujiri. « C’est la plus grosse difficulté. »
Une assise défensive largement renforcée
Déjà dans le Top 10 des meilleures défenses il y a deux saisons, la troupe canadienne avait connu un gros coup de mou l’an passé, notamment en deuxième partie de saison. Mais elle semble avoir repris de bonnes habitudes.
Pour cela, elle a d’abord engagé Andy Greer, un des fidèles assistants de Tom Thibodeau à Chicago (et de Jeff Van Gundy avant ça à New York puis Houston), et gourou des schémas défensifs intemporels. De plus, les Raptors n’ont pas fait dans la demie-mesure pendant l’intersaison en récupérant DeMarre Carroll, Cory Joseph et Bismack Biyombo, soit trois joueurs plus connus pour leurs qualités défensives qu’offensives.
« C’est la meilleure équipe dans laquelle j’ai jouée, » s’enthousiasmait récemment DeMar DeRozan sur ESPN.
Pour le moment, cela se confirme dans les faits. Les Raptors tournent bien. L’arrivée de vétérans tels que Carroll mais surtout Luis Scola et Cory Joseph, ont également tassé le terrain pour remettre tout ça à plat. Et les remplaçants forment une seconde unité très intéressante, avec de la polyvalence et suffisamment de la défense aux postes clés.
« Notre banc va devenir une de nos armes, » déclarait Dwane Casey lors d’une victoire arrachée à Milwaukee… grâce à son banc. « Si nos titulaires n’arrivent pas à faire le métier, nos remplaçants pourront devenir une vraie menace, et pas seulement pour l’énergie, pour la dureté, l’effort et la défense aussi. J’ai confiance en mes remplaçants pour tout ça. »
Défaits récemment, et coup sur coup, par les Cavaliers et les Bulls, Toronto ne s’est pas désuni lors de ce dernier « road trip », battant par la suite les Wizards, les Nets et les Sixers. Avec Kyle Lowry et DeMar DeRozan en pleine fleur de l’âge, les Raptors sont une vraie place forte de NBA.
DeMar DeRozan arrive à maturité
Une illustration de cet assainissement général est précisément le jeu de DeMar DeRozan. Franchise player, si l’on en croit notamment les dires de Kyle Lowry, l’arrière réalise sa meilleure saison en NBA avec 23 points, plus de 4 rebonds et 4 passes de moyenne, le tout à un très honnête 45% de réussite. Et il en est à sa 7e saison dans la ligue.
« Franchement, je ne pensais pas qu’il pouvait être aussi bon sur le pick & roll, » concède Dwane Casey.
Après de longues années à étudier le jeu, s’inspirant notamment des meneurs à l’ancienne, « très près du sol » (Andre Miller, Sam Cassell), DeRozan arrive désormais à mieux exploiter ses situations d’attaque. Il se permet des changements de rythme, avec protection de la gonfle, dans la peinture qu’il n’aurait jamais pu tenter lors de ses vertes années.
« J’ai adoré regarder comment ces anciens jouaient. J’essayais de montrer à mes amis comment nous les joueurs, on regarde les matchs. Mais ils me demandaient ce que je pouvais y voir, ou ce que je trouvais à voir dans ces vidéos [que je mettais sans cesse sur pause]. »
Beaucoup moins attiré par le tir à mi-distance, qu’il gomme petit à petit de sa liste de péchés mignons, DeMar DeRozan est désormais plus efficace, à l’image de ses Raptors. En attaque, Toronto a cédé à la tendance du moment : c’est soit le trois points (avec Kyle Lowry, Terrence Ross, DeMarre Carroll…), soit la pénétration jusqu’au cercle.
« Je n’ai aucun souci à shooter à trois points, » confirme DeRozan. « J’ai simplement le sentiment que je peux attaquer le cercle quand je veux, et le trois points ressemble donc presque à un mauvais choix. Mais je sais que je peux en prendre, donc je vais les tenter. »