Le CV NBA de Rudy Gobert s’articule pour l’instant sur son savoir-faire défensif, mais le Français sait qu’il doit encore passer un cap pour justifier sa réputation naissante. Prétendant naturel au titre de meilleur défenseur de la ligue, le pivot a dû gérer la fatigue post Euro avant de retourner au charbon dans la raquette d’un Jazz candidat aux playoffs. Avant la victoire face aux Clippers, Basket USA est allé discuter avec celui qui sera peut-être le premier Français à 100 millions de dollars.
Tu nous avais expliqué l’an passé, à la même époque, à quel point la Coupe du monde t’avait été bénéfique. Tu sors d’un Euro qui malgré le bronze reste quand même une déception. Comment en as-tu tiré le meilleur ?
Bien sûr qu’on était déçu mais on essaye vite dans ce cas-là de passer à autre chose et surtout de retenir le positif. On n’oubliera jamais ce match perdu qu’on aurait pu gagner mais on apprend. Avec le recul, je me suis dit qu’aucun joueur n’a tout gagné dans sa carrière et que même les plus grands ont subi des défaites douloureuses. Il faut donc en tirer le meilleur et l’utiliser comme une motivation. Il faut aussi comprendre pourquoi on n’a pas gagné pour faire mieux la prochaine fois.
Justement, c’est ce processus qui t’a permis de progresser ?
Oui. Parfois on apprend plus d’une défaite que d’une victoire pour la simple et bonne raison qu’après une victoire, on peut avoir tendance à penser que tout était bien alors que ce n’est pas le cas. À l’inverse, une défaite ne signifie pas automatiquement que rien n’a été bien dans le match.
« En présaison, j’étais K.O. »
Le fameux coup de pompe physique d’après compétition internationale, est-ce un mythe ou tu le redoutes ?
En présaison, j’étais KO, mais je me suis bien géré pour me remettre en forme. C’est une longue saison. Equipe de France ou pas, y’a toujours un moment où tu auras un coup de moins bien. Je prends bien soin de mon corps et ça va plutôt bien pour l’instant. Quand tu veux vraiment être sérieux, tu as tous les outils pour en NBA. C’est un sacrifice à faire pour pouvoir être en forme pendant le match, je le fais et c’est normal.
Penses-tu être entré dans cette catégorie de joueurs qui sont jugés sur leurs stats ? Dans ton cas, celui qui ne regarde pas ton match mais juste la feuille de stats peut se dire que tu n’as pas été super bon s’il ne voit pas un double double !
Moi-même quand je ne fais pas un double double, je me dis que je n’ai pas fait un super match. Après, ce qui fait gagner ton équipe ne se voit pas sur les stats et je le sais bien. C’est vrai que les gens se basent beaucoup sur les stats pour juger les performances d’un joueur. Mais aujourd’hui, je sens bien que quand je suis là les équipes en face ne viennent plus au panier comme elles le faisaient avant. Pour moi, ça veut dire beaucoup.
Si on reste sur les stats, est-ce que finalement et surtout pour un joueur comme toi, la seule colonne à analyser est celle du différentiel ?
Les gens en général ne connaissent pas vraiment le basket, c’est triste mais c’est comme ça. Ils voient un beau dunk et peuvent juger là-dessus. Mais bon au moins y’a des fans et c’est mieux que rien (sourire). Evidemment que le « +/- » est une stat qui a plus de sens que les autres, surtout sur la durée. Après tu peux aussi être sur le terrain, ne pas toucher la balle et être à -2 si ton équipe perd le ballon et prend un panier derrière.
« On est davantage respecté mais aussi davantage attendu »
Te sens-tu dans l’obligation de franchir un cap cette saison ?
Je dois franchir un nouveau palier, oui. Je suis attendu et c’est une vraie différence par rapport à avant. Je change, je ne suis plus le petit jeune. Je suis passé à un étage supérieur et c’est une transition. C’est pareil pour le Jazz, on est plus respecté aujourd’hui, plus attendu. Nos adversaires savent désormais que s’ils ne sont pas à 100%, ils vont passer une sale soirée.
Enfin, je suppose que quand tu vois l’explosion des salaires, tu penses à ce contrat qui, comme l’évoquait Evan (Fournier), peut complètement changer ta vie ?
Tout joueur NBA voit ce qui se passe, moi le premier (sourire). Que ce soit il y a cinq ans ou dans quelques années, cela reste beaucoup d’argent. Mais je me concentre uniquement sur le basket. Je sais que si je suis bon, le reste viendra à moi.
Propos recueillis à Los Angeles
Rudy Gobert | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2013-14 | UTH | 45 | 10 | 48.6 | 0.0 | 49.2 | 1.1 | 2.3 | 3.4 | 0.2 | 1.3 | 0.2 | 0.7 | 0.9 | 2.3 |
2014-15 | UTH | 82 | 26 | 60.4 | 0.0 | 62.3 | 3.2 | 6.2 | 9.5 | 1.3 | 2.1 | 0.8 | 1.4 | 2.3 | 8.4 |
2015-16 | UTH | 61 | 32 | 55.9 | 0.0 | 56.9 | 3.4 | 7.5 | 11.0 | 1.5 | 2.7 | 0.7 | 1.9 | 2.2 | 9.1 |
2016-17 | UTH | 81 | 34 | 66.1 | 0.0 | 65.3 | 3.9 | 8.9 | 12.8 | 1.2 | 3.0 | 0.6 | 1.8 | 2.6 | 14.0 |
2017-18 | UTH | 56 | 32 | 62.2 | 0.0 | 68.2 | 2.9 | 7.8 | 10.7 | 1.4 | 2.7 | 0.8 | 1.9 | 2.3 | 13.5 |
2018-19 | UTH | 81 | 32 | 66.9 | 0.0 | 63.6 | 3.8 | 9.0 | 12.9 | 2.0 | 2.9 | 0.8 | 1.6 | 2.3 | 15.9 |
2019-20 ☆ | UTH | 68 | 34 | 69.3 | 0.0 | 63.0 | 3.4 | 10.1 | 13.5 | 1.5 | 3.2 | 0.8 | 1.9 | 2.0 | 15.1 |
2020-21 ☆ | UTH | 71 | 31 | 67.5 | 0.0 | 62.3 | 3.4 | 10.1 | 13.5 | 1.3 | 2.3 | 0.6 | 1.7 | 2.7 | 14.3 |
2021-22 ☆ | UTH | 66 | 32 | 71.3 | 0.0 | 69.0 | 3.7 | 11.0 | 14.7 | 1.1 | 2.7 | 0.7 | 1.8 | 2.1 | 15.6 |
2022-23 | MIN | 70 | 31 | 65.9 | 0.0 | 64.4 | 3.3 | 8.3 | 11.6 | 1.2 | 3.0 | 0.8 | 1.7 | 1.4 | 13.4 |
2023-24 | MIN | 76 | 34 | 66.1 | 0.0 | 63.8 | 3.8 | 9.2 | 12.9 | 1.3 | 3.1 | 0.7 | 1.6 | 2.1 | 14.0 |
2024-25 | MIN | 72 | 33 | 66.9 | 0.0 | 67.4 | 3.7 | 7.2 | 10.9 | 1.8 | 2.5 | 0.8 | 1.2 | 1.4 | 12.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.