Il est l’une des figures de proue du basket américain. Mieux, ce fils d’immigrés italiens incarne parfaitement l’idéal du rêve américain.
Gamin bosseur issu d’un milieu ouvrier, Jerry Colangelo a grimpé les échelons un à un pour devenir le patron de l’équipe nationale, Team USA, et redonner son lustre au bijou ultime du basket mondial. Afin de le replacer bien confortablement dans son écrin.
Il essuie les plâtres chez les Bulls
Âgé de 75 ans, Papy Jerry a encore bon pied bon œil. De retour sur ses terres illinoises de Hungry Hill, USA Today a ainsi pu suivre Jerry Colangelo dans les lieux qui ont construit son enfance.
« J’ai mes racines ici même, dans ce vieux quartier. La foi, la famille, les amis, c’est la vie. Tous ceux qui bossaient aux moulins derrière s’arrêtaient ici au coin pour un petit remontant et une bière, retournaient chez eux et mangeaient leur dîner. C’était comme ça la vie à l’époque. »
Star locale aussi bien au basket qu’au baseball, Jerry Colangelo sait pourtant que son avenir ne sera pas sur le terrain mais dans les coulisses. En 1958, il débarque à Kansas dans l’idée de jouer aux côtés de Wilt Chamberlain. Mais comme le géant quitte déjà le campus pour rejoindre les Harlem Globe Trotters, Jerry Colangelo ne fait pas long feu et retourne chez lui, à la fac d’Illinois.
Il termine son cursus avec un diplôme d’éducation physique puis bosse d’abord dans une entreprise de location de costards. À 26 ans, il retourne à Chicago. La NBA est alors à une période difficile de son évolution et c’est par la force de persuasion d’individus comme Jerry Colangelo (et leur inventivité) que la Grande Ligue grandit.
« Une importante annonce, d’intérêt local et national, sera faite demain à la Water Tower Inn à 9h du matin. Signé, les Chicago Bulls. »
C’est ainsi qu’en 1966, la jeune mégalopole de l’Illinois se dote de sa franchise NBA. À l’origine du logo qui est encore inchangé aujourd’hui, Jerry Colangelo cumule alors les postes de scout, directeur marketing et assistant du président. C’est alors qu’il développe sa philosophie de travail, créant au passage le premier partenariat entre une marque (Converse) et une franchise (les Bulls).
Il innove sur tous les fronts en Arizona
Il deviendra plus tard le plus jeune GM de l’histoire en débarquant à Phoenix en 1968 avec sa femme, ses trois enfants, et 200 dollars en poche.
« J’ai quitté Chicago et il faisait -30. Quand je suis arrivé à Phoenix, il faisait 20 degrés, il y avait des palmiers et je pouvais sentir des oranges quand je suis sorti du Terminal 1. J’ai été choqué. C’était un endroit incroyable. Tout était si propre et nouveau, c’était véritablement comme une toile blanche. Et tout ce que j’allais faire allait l’être pour la première fois. »
Huit ans plus tard, les Suns jouent les finales NBA. Rebelote quelques années après, en 1998, quand Jerry Colangelo crée une nouvelle équipe professionnelle à Phoenix, les Diamondbacks en baseball. Et trois saisons plus tard, en 2001, ils sont déjà champions ! Un véritable coup de maître.
Propriétaire multi-casquette, Jerry Colangelo a géré les destinées des Suns en NBA, des Diamondbacks en MLB, du Mercury en WNBA, des Arizona Sandsharks dans la ligue de foot en salle ou encore des Arizona Rattlers de l’Arena Football League.
Appelé en 2005 au chevet d’USA Basketball, il a mis sur pieds un programme à long-terme qui a permis à la sélection américaine de retrouver les plus hautes marches des podiums internationaux. Élu quatre fois meilleur GM de la ligue en NBA (1976, 1981, 1989 et 1993), Jerry Colangelo a également fait son entrée dans le Panthéon du basket, au Hall of Fame, en 2004. Un grand bonhomme du basket, pour sûr !
Et ce n’est pas Steve Nash, qui l’a bien connu pendant ses longues années à Phoenix, qui dira le contraire…
« Ça m’a marqué dès notre première rencontre. Il était très professionnel, ne faisait pas dans l’exagération, mais il était aussi très réel, un gars à qui on peut parler. Ça le différencie de beaucoup d’autres propriétaires et c’était une des raisons essentielles qui m’ont fait revenir. »