Le 27 août dernier, Doc Rivers signait une prolongation de contrat de 5 ans avec 50 millions de dollars à la clé. Président/coach des Clippers jusqu’en 2019, il est l’un des entraîneurs les mieux rémunérés de la ligue. À tel point, et on l’oublie souvent, que l’échange avec les Celtics pour Doc Rivers a également valu un premier tour de draft à l’époque…
Mais ses choix en tant que General Manager ne se sont pas avérés très judicieux ces deux dernières années à LA. Au contraire, le manque de banc et la fatigue des stars, Chris Paul et Blake Griffin, ont été fatales aux californiens face à la grinta des Rockets en playoffs… tout comme ils avaient annoncé le déclin de l’empire californien face à OKC la saison précédente.
Rétrospectivement, le bilan des transactions des Clippers sur la dernière saison est assez troublant. Retour sur les erreurs de casting de Doc Rivers le GM, pas non plus exempt de toute reproche dans son coaching…
Mercato de l’été 2014
Tourmentés par l’affaire Donald Sterling dès les playoffs et longtemps dans l’été (ce qui n’a pas aidé pour le recrutement, il est vrai), les Clippers ont rapidement agi après la prise en main de Steve Ballmer à la fin août. Doc Rivers vite resigné, ce sont aussi Carlos Delfino et Miroslav Raduljica qui sont sacrifiés. L’un est blessé (et n’a toujours pas rejoué) mais le second, vu depuis à Minnesota pour des contrats courts, aurait certainement pu jouer à l’intérieur quand on sait que ni Spencer Hawes, ni Big Baby Davis n’ont vraiment apporté.
Et puis, parmi les départs, ce sont Danny Granger, Willie Green mais surtout Darren Collison qui font leurs valises. La doublure de Chris Paul s’est logiquement laissée tenter par une place de titulaire à Sacramento et les Clippers peuvent s’en mordre les doigts. La blessure de Chris Paul, accablé de minutes à rallonge, est venu souligner l’erreur dans ce département tandis que le départ de Collison, ainsi que le mauvais pari sur Jordan Farmar limogé en janvier (parti depuis en Turquie), ont pesé lourd.
Signé pour 23 millions de dollars sur 4 saisons, Spencer Hawes avait lui été choisi aux dépens de Paul Pierce et Trevor Ariza, alors que les Clippers ont souffert d’un manque cruel de scoring à l’aile avec Matt Barnes. Ensuite, Doc Rivers a trouvé bon d’envoyer Jared Dudley, plus un tour de draft à Milwaukee pour ensuite recruter Hedo Turkoglu et Glen Davis. Et là, l’erreur est double car d’un côté, les deux recrues n’ont pas véritablement été utilisées en playoffs, ne serait-ce que pour faire souffler les titulaires. Et puis surtout, ce choix de draft aurait certainement été d’une grande utilité persuasive à la fin de la période des transferts en février !
Période des transferts en saison régulière
Au coeur de l’hiver, les déficiences des seconds couteaux sont déjà pointées du doigt dans nos colonnes et Doc Rivers en personne reconnait que le manque de recrutement de son équipe est difficile à avaler. Mais en l’état, les Clippers ont alors recruté Austin Rivers en échange de Chris Douglas-Roberts et un autre choix de draft (deuxième tour celui-là). Au passage, signalons également qu’ils ont laissé partir Joe Ingles qui s’est ensuite régalé dans la belle saison du Jazz.
Et les noms des derniers arrivés rassurent encore moins : Dahntay Jones, Jordan Hamilton, et Nate Robinson (blessé, et finalement remplacé par l’obscur Lester Hudson, meneur de 30 ans, double MVP en titre en Chine). Ayant longtemps convoité des Arron Afflalo ou Jeff Green, les Clippers ont fait chou blanc, bloqués par leur manque de souplesse, et concrètement, leurs choix de draft déjà partis…
Autour des titulaires, ce sont seulement trois joueurs qui dépassent les 15 minutes de moyenne en saison régulière : Jamal Crawford, Austin Rivers et Spencer Hawes. Déjà, la rotation est courte. Et la corde usée pour les Griffin, Paul, Jordan, Redick et Barnes…
En playoffs, des stars flapies…
Avec quatre de ses titulaires largement au-dessus des 30 minutes par match en playoffs, et Matt Barnes à 29.7, dire que Doc Rivers fait peu tourner son effectif relève du doux euphémisme. Malgré des stats déjà hallucinantes, à 26 points, 13 rebonds et 6 passes, 1 contre et 1 interception en playoffs, Blake Griffin a fini sur les rotules. Ses interventions défensives étaient empreintes d’une fatigue extrême, surtout quand on le voit dépasser par la réactivité du papy Prigioni sur un rebond.
« Je n’ai jamais été aussi fatigué de ma carrière » a-t-il avoué après le revers face aux Rockets.
De la même manière, on ne peut s’empêcher de penser que Chris Paul et JJ Redick ont dû terminer complètement à plat. Le meneur va à nouveau partir en vacances anticipées, avec le coeur brisé mais aussi avec le corps meurtri. Forçat des parquets par obligation, il a encore beaucoup donné, marquant notamment ce lay up spectaculaire et légendaire pour la victoire contre les Spurs. Contre les Rockets, il était trop esseulé.
Son rôle étant précisément de courir dans tous les sens pour se démarquer et enchaîner par un shoot de loin, Redick (comme Kyle Korver d’ailleurs) s’est lui aussi tué à la tâche et son rendement en a beaucoup pâti… et surtout dans le game 7 contre Houston, là où il était le plus nécessaire ! Avec 2 balles perdues ou plus pour ces trois hommes, la charge de travail était évidemment trop lourde à porter.
Sans véritable largesse financière alors qu’il va falloir prolonger DeAndre Jordan avec un contrat à la taille de son envergure, les Clippers ne disposent pas non plus de belles amplitudes au niveau des échanges. Ayant lui-même construit cet effectif beaucoup trop court, le coach des Clippers s’est embarqué tout seul dans une sale galère.
Et il est même fort possible que de fidèles moussaillons soient éjectés du bateau en pleine mer cet été (Crawford ou Barnes). Le passager qui doit en avoir la nausée, c’est le pauvre Chris Paul (30 ans) qui cherche toujours à atteindre la finale de conférence après tant d’années…