Pendant que certains dirigeants se focalisent sur les statistiques avancées, et que d’autres préfèrent enrichir leur staff médical, d’autres explorent des voies plus originales. C’est le cas des Bucks qui ont fait appel à un spécialiste des expressions du visage, semblable au héros de « Lie To Me ». Engagé en mai, et spécialiste du genre depuis 16 ans, Dan Hill n’est pas là pour enquêter sur la vie des hommes de Jason Kidd, mais pour étudier les micro-expressions des joueurs NCAA et NBA susceptibles de rejoindre Milwaukee.
A partir des réactions des joueurs en conférence de presse ou sur le terrain, comparés à une grille définie (Facial Action Coding System), Hill est capable de définir si tel ou tel joueur est quelqu’un d’émotif, susceptible par exemple de résister ou pas à la pression, ou encore de s’intégrer dans un groupe.
Pour exprimer ou trahir les émotions d’un joueur, les 43 muscles du visage effectuent des micro-mouvements, décomposés ensuite en unités d’action. Au total, cette grille dénombre 46 unités d’action, qui combinées entre elles, permettent de définir sept émotions ou sentiments bien distincts : la joie, la surprise, le dégoût, la tristesse, la colère, la peur et le mépris.
« On passe beaucoup de temps à évaluer les joueurs, et leurs statistiques » rappelle David Morway, l’assistant GM des Bucks, dans le New York Times. « Mais la pièce la plus difficile du puzzle concerne la partie sur la psychologie, et pas uniquement celle du joueur et son caractère, mais sa capacité à s’intégrer dans l’équipe. »
Le sourire de Russell Westbrook
Avant la draft, Hill a donc passé des heures à regarder des vidéos des joueurs qui intéressaient les Bucks, et son avis, par exemple, a incité les dirigeants à choisir Jabari Parker plutôt que Dante Exum.
« Nous n’avons rien contre Exum, mais la résistance et la stabilité émotionnelles, la capacité à être efficace de suite ont été des aspects concrets pour soutenir le choix de Parker ».
Attentif à tous les sports, Hill a beaucoup regardé Rafael Nadal, et aujourd’hui, il se dit impressionné par l’enthousiasme d’un Russell Westbrook dont la « joie » se traduit dans son efficacité.
Cette saison, les Bucks surprennent par leurs résultats, et séduisent par la bonne ambiance qui règne au sein du groupe. Une « bonne ambiance » qui semble aujourd’hui être un élément clé de la réussite pour les nouveaux dirigeants, déterminés à recruter des joueurs forts dans leur tête et altruistes.