Interview Elfrid Payton : « J’essaie de m’inspirer de Rajon Rondo »

Dixième choix de la Draft en juin dernier, Elfrid Payton découvre cette saison la NBA et à la lourde mission de remplacer Jameer Nelson pour mener le jeu du Orlando Magic. Du haut de ses 20 ans, l’ancien joueur de Louisiana-Lafayette est prêt à relever tous les défis et à mener son équipe vers les sommets. Nous l’avons rencontré lors de son passage à Washington.

Elfrid, quels sont les principaux ajustements que vous avez dû faire depuis votre arrivée en NBA ?

En tant que meneur de jeu, je me dois d’être un leader sur le terrain. Je suis encore très jeune et ma carrière ne fait que commencer mais cela ne change rien aux responsabilités qui sont celles d’un meneur en NBA. Mon rôle est de contrôler notre rythme de jeu et de m’assurer que nous avons la meilleure position de tir possible à la fin de chaque possession. C’est à moi de gagner le respect des joueurs plus expérimentés en NBA et de leur montrer que je suis capable d’assumer ces missions avec succès et de dominer. La NBA est beaucoup plus physique et je trouve que les arbitres sont beaucoup plus stricts, en tout cas avec moi (rires), par rapport à la saison passée dans le championnat universitaire.

Sur le plan physique, beaucoup de rookies souffrent à leurs débuts. Est-ce également le cas pour vous ?

Souffrir est un grand mot mais c’est clair que je dois me renforcer et prendre du volume si je veux m’imposer en NBA. Je travaille beaucoup avec notre préparateur physique et j’ai passé une grande partie de l’intersaison en salle de musculation. Le jeu en NBA est évidemment plus rapide et la saison bien plus longue et il est donc essentiel de se mettre dans les meilleures conditions physiques pour que son corps puisse tenir le choc jusqu’au printemps. Entre la préparation, les matchs et la récupération, il faut savoir gérer ses efforts et c’est quelque chose que je vais apprendre cette année.

L’équipe est très jeune et le noyau dure du groupe dépasse à peine les 20 ans de moyenne d’âge. Malgré tout, le niveau de jeu affiché par l’équipe est plutôt bon. De quoi viser les playoffs ?

C’est l’objectif. Nous savons que nous avons tous l’avenir devant nous mais nous allons nous battre pour accrocher une place dans les huit au sein de la Conférence Est. Je pense que si nous restons ensemble pendant deux ou trois ans avec Nikola (Vucevic), Victor (Oladipo), Aaron (Gordon), Evan (Fournier) et les autres, nous pouvons viser le titre. Nous apprenons encore à jouer ensemble et Oladipo a manqué une grande partie de la préparation et le début de saison. La route est encore longue mais nous savons que si nous jouons à notre meilleur niveau, nous sommes capables de battre n’importe qui. Si nous arrivons à progresser à chaque match, nous serons sur de bons rails.

Vous êtes un joueur très complet (19,2 points, 6,0 rebonds, 5,9 passes décisives l’an dernier en NCAA). Avez-vous un modèle ou un joueur auquel vous aimeriez ressembler ?

Rajon Rondo est un meneur dont j’essaye de m’inspirer. Mon jeu est assez proche du sien, aussi bien en attaque qu’en défense. Il est lui aussi un joueur très complet et peut réaliser un triple double à n’importer quel match. Je ne sais pas encore quand cela arrivera mais j’espère vraiment signer un triple double cette saison. Mais il n’est pas le seul joueur que je considère comme modèle. Chris Paul et Tony Parker sont deux autres meneurs que je respecte énormément. Leur vitesse balle en main est phénoménale et leur leadership sur le terrain est quelque chose de très intéressant à voir et analyser.

« Je suis convaincu qu’il y aura beaucoup d’All-Stars dans notre promotion »

Quels sont vos principaux axes de progression ?

Le tir pour commencer. Je ne suis pas un bon shooteur (32,9% cette saison) et je le sais, mais les adversaires le savent aussi. Je dois vraiment m’améliorer parce qu’en NBA, il n’y a jamais de panier facile. Je bosse mon tir à mi-distance et mon tir à 3-points. Ensuite, il faut aussi que je progresse dans la gestion des possessions. Comme je l’ai dit, mon but est de nous mettre dans les meilleures dispositions possibles pour marquer et pour l’instant, ce n’est pas toujours le cas. Enfin, je pense que je peux encore améliorer ma lecture du jeu en défense.

La promotion de rookie 2014 est attendue comme l’une des meilleures de l’histoire mais pour le moment, beaucoup d’observateurs la trouvent plutôt décevante. Un avis ?

Je pense que nous sommes tous encore entrain de découvrir le jeu NBA. La transition n’est pas facile à gérer et il n’est pas évident de gagner du temps de jeu. Certains rookies évoluent sur des postes identiques à des joueurs de premier plan. En NBA, rien n’est acquis et il faut travailler dur et mériter sa place sur le terrain. Je ne suis pas inquiet pour mes camarades de promo. Avec de l’expérience, je suis convaincu que nous serons beaucoup à devenir des All-Stars. Tous les ans, les mois de novembre et décembre sont les plus faibles pour les débutants, parce qu’il faut s’adapter à un nouvel univers. Revenez dans deux ou trois mois et je sûr que ça ira déjà beaucoup mieux pour pas mal de rookies.

Depuis quelques saisons, des joueurs issues de « petites » universités réussissent à percer en NBA comme Damian Lillard ou Kenneth Faried. En quoi le fait de venir d’une fac moins cotée est un avantage ou un inconvénient pour réussir en NBA ?

L’écart entre les universités de premier plan comme Kentucky ou Duke et les universités n’évoluant pas dans les conférences majeures s’est considérablement réduit. Si vous regardez la March Madness l’an dernier beaucoup de « mid-majors » ont sorti des grosses écuries. Je crois aussi que le fait de n’avoir pas été recruté par des universités majeures donne une motivation supplémentaire. Vouloir montrer ce dont quoi on est capable. Il est vrai qu’en terme d’exposition nationale, on ne bénéficie pas de la même chose. Je crois qu’avec les Ragin’ Cajuns, on n’est passé sur les antennes nationales que deux ou trois fois dans mon cursus. Mais les scouts de la NBA savent ce que valent les meilleurs joueurs dans les conférences moins cotées. Enfin, en terme de responsabilités, je pense qu’elles sont plus importantes quand on joue dans une « mid-major » parce qu’on doit jouer en patron et être le leader de l’équipe à chaque instant. C’est un apprentissage très utile si l’on veut s’imposer en NBA.

Propos recueillis à Washington.