« J’ai été appelé Hasheem Thabeet plus d’une fois dans les aéroports. »
Plus que tout autre, Roy Hibbert sait bien que les critiques sont souvent proportionnelles à la taille de leur cible. Et avec plus de sept pieds de hauteur, le pivot des Pacers en a ramassé à la pelle à travers sa jeunesse.
« J’étais bloqué sur moi-même et tout le monde avançait »
Désormais sur le marché des transferts après une dernière saison à tourner les serviettes du côté d’OKC, l’ancien numéro 2 de la draft venu de Tanzanie est devenu le point de comparaison moqueur pour un Roy Hibbert bien conscient d’avoir raté sa saison l’an passé. Ou plutôt d’avoir cédé sous la pression durant la deuxième partie de la saison passée…
« La seule personne qui pouvait corriger cette situation, c’est moi. » reconnaît-il sans détour pour USA Today. « J’ai pris une décision en mon âme et conscience. Je devais changer. Tout ce que je dis, la manière dont je joue, tout est observé. Donc j’ai décidé de prendre davantage de recul car je dépensais mon énergie à me focaliser sur les mauvaises choses. »
Emporté par le flot des critiques qui pullulent sur les réseaux sociaux, Hibbert a peu à peu perdu pied dans sa saison. Car l’ancien Hoya avait débuté tambour battant l’an passé. En novembre, il tournait à 12 points, 9 rebonds et 3 contres de moyenne. En décembre, il en était à 13 points, 8 rebonds et 2 contres. En janvier ? 11, 7 et 2 !
C’est après le All Star Break que tout s’est gâté. Pour Hibbert et pour Indiana. Ou vice-versa d’ailleurs !
« Mon rôle a changé un peu et je devais l’accepter, même si on ne me l’a pas dit explicitement aux entraînements. C’est un de ces moments où il faut vraiment rester équilibré. Au début de la saison, je pensais avoir atteint un certain niveau mais quand les choses ont mal tourné et qu’on a commencé à perdre, j’ai commencé à rater mes tirs, à ne pas jouer aussi bien. Le vent a tourné. Le staff a dû avancer et c’est Lance qui jouait très bien. Pour moi, le plus dur a été que j’avais l’impression de me retenir à cause du mental et de ce fait, je n’étais pas bon physiquement sur le parquet. J’étais bloqué sur moi-même et tout le monde allait de l’avant. Et je n’ai jamais réussi à les rattraper. »
Se blinder au niveau mental
Comme paralysé par ses performances de moins en moins bonnes, Roy devait en plus faire face aux mots de plus en plus durs de fans (qui n’en sont clairement pas !) mécontents et pas timorés au moment de lancer les insultes et les noms d’oiseaux.
C’est après son match à 0 pointé (0 point, 0 rebond) face à Atlanta le 6 avril dernier que Roy a touché le fond. Déjà reclus et replié sur lui-même, d’aucuns diraient qu’il était en dépression, Hibbert a été voir le psychologue des Pacers. Et ce fut le début de la prise de conscience.
Ayant depuis travaillé avec Kareem Abdul-Jabbar (plutôt qu’avec Hakeem Olajuwon), Hibbert a bossé sur les aspects mental et psychologique du basket. De la méditation, des exercices de respiration, du travail sur soi en somme. Le pivot All Star d’Indy doit pouvoir gérer les moments de stress et garder sa ligne de conduite sans perdre les pédales. Faire abstraction du public et des distractions extérieures, ça fait partie du métier. Et Roy l’a appris violemment l’an passé !
Sans son ami Paul George, auquel il a rendu visite fréquemment à l’hôpital après son horrible blessure, Hibbert sait qu’il va avoir un rôle important cette saison. Si les Pacers veulent se maintenir au plus haut-niveau dans la conférence Est, c’est évidemment à ce bon Roy qu’ils vont le devoir.
« Quand il s’est blessé, j’ai compris que j’allais avoir encore plus besoin de travailler. Je dois être encore plus efficace. Je veux être mieux préparé pour aborder les moments faibles de ma saison. L’an passé, j’ai connu beaucoup de journées pluvieuses. Et je sortais même sans mon parapluie. Maintenant, je suis préparé à tout ça. Et j’espère bien que le soleil brillera pour nous. »