Boris Diaw : « On ne méritait pas la victoire »

Depuis des semaines, Vincent Collet s’essaye à un compliqué numéro d’équilibriste. D’un côté, il veut profiter de l’insouciance de ce groupe jeune et inexpérimenté et laisser son talent s’exprimer. De l’autre, il essaie de cadrer les choses pour que les forces de ce groupe soient au service du collectif.

Face à l’Espagne, cet équilibre compliqué fut parfait. Ce soir, ce fut loin d’être le cas et le coach pestait logiquement contre les errements du début de match, qui ont coûté trop cher.

Des Serbes plus agressifs et plus concentrés

« On a mal démarré ce match, on n’avait pas la concentration et l’énergie de mercredi », constatait le sélectionneur. « Il y a certainement pleins de raisons : peut-être un peu de fatigue, peut-être qu’on était encore sur un nuage dont on n’était pas totalement redescendu. On a vite senti qu’ils étaient plus dedans que nous ».

Un constat partagé par Boris Diaw.

« On ne méritait pas la victoire. On n’était pas concentré dès le début du match. On a encore une marge de progression, on n’est pas encore assez mature. Les Serbes sont eux rentrés dans la rencontre avec beaucoup d’agressivité mais on n’était pas prêt par rapport à eux ».

Trop tendres défensivement dans les vingt première minutes, notamment face à Milos Teodosic, et pas assez appliqués offensivement, les Bleus n’ont pas suivi le plan de jeu défini par leur coach.

« J’ai beaucoup de regrets parce qu’on n’a pas appliqué avec le même sérieux ce qu’on voulait faire. Ce que je regrette, c’est qu’on ait été un peu immature sur certaines séquences et certains comportements. Tout le monde voulait faire un grand match mais ce n’est pas suffisant. Le grand match, il faut le faire ensemble ».

Des consignes non respectées en début de match

Dès le début, Vincent Collet a ainsi compris que ses joueurs étaient rattrapés par leur jeunesse.

« Ça fait deux jours qu’on répète que si on leur court derrière, ils deviennent presque injouables. Pour cela, il faut défendre haut et mettre du contact alors qu’au départ, on était tendre. On avait dit qu’on voulait être à hauteur sur les écrans mais sur le premier panier, Milos Teodosic arrive derrière l’écran et Joffrey [Lauvergne] est 1,5 mètre dessous. Il y en a eu pleins des actions comme ça mais, en demi-finale, on ne peut pas oublier une telle consigne. Cela montre qu’on n’était pas dans le même état d’esprit que mercredi ».

La lèvre gonflée et après avoir complètement oublié le choc à la tête qui l’a obligé à sortir un moment, Nicolas Batum expliquait ainsi que l’équipe de France ne veut pas la médaille en chocolat.

« On a une médaille à aller chercher. Ça n’a jamais été fait dans le basket français, une médaille dans un championnat du monde ou une Coupe du monde. On ne veut pas terminer avec rien. On a quand même réussi un beau parcours donc ça serait mérité de finir avec une médaille autour du cou ».

Une Lituanie qui a eu un jour de récupération en plus

Mais comme l’indiquait Vincent Collet, l’organisation bizarre de cette Coupe du monde met la France dans une situation compliquée puisque la Lituanie, qu’elle affrontera à 18h, sera plus reposée.

« On est dans une situation très compliquée par rapport à la Lituanie. Ils ont un jour de plus de récupération, on a fini le match à minuit et dans 18 heures, il faudra à nouveau ferrailler. Par contre, il faut oublier la fatigue. Il ne reste plus qu’un match et demain, à 20 heures, ce sera de toute façon terminé ».

Ce sera donc un combat mental. Un nouveau défi pour cette jeune équipe de France.

« Demain, on verra si on est fort de caractère », conclut Evan Fournier. « C’est dur à encaisser mais on verra si on est dur demain. Le physique n’est pas important dans ce cas-là, c’est vraiment l’aspect mental qui joue ».

Propos recueillis à Madrid