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Quand Boris Diaw discute football, intelligence de jeu et quête de titre

Boris Diaw et Steve NashOctobre 2008. Les Phoenix Suns repartent en campagne. Dans l’effectif, aux côtés de Steve Nash, Shaquille O’Neal ou encore le rookie Goran Dragic, il y a Boris Diaw. Le récent champion NBA fait partie des cadres, heureux comme un poisson dans l’eau dans les systèmes des Suns, même si Mike D’Antoni a fait ses valises pour New York.

A l’époque, nos confrères de « So Foot » se rendent sur place pour décortiquer avec lui et Steve Nash les points communs entre le football et le basket, les différences, les notions de collectif, d’intelligence de jeu (fameux « QI basket »), et de système. Même si D’Antoni n’est plus là, les Suns joueront encore un peu selon ses principes. Un jeu rapide, intelligent, enjoué, qui rappelle le jeu du Barça de l’époque. Pas encore celui de Guardiola qui marquera l’histoire au moins autant que les esprits, mais celui de Ronaldinho, Eto’o, Messi, Deco, Xavi et le tout jeune Iniesta.

Finalement, lorsque le SoFoot numéro 60, spécial USA, à l’occasion des élections américaines, paraîtra, seule une courte partie des propos de Boris Diaw sera publiée. Il faut dire que Boris Diaw n’était pas encore champion NBA. Aujourd’hui, il l’est, et voici l’intégralité des propos qu’avaient tenus alors le capitaine de l’équipe de France de basket.

Au niveau du jeu de Phoenix, le principe majeur avec D’Antoni est qu’une défense est plus facile à déstabiliser quand elle se replie, et quand elle se déplace en arrière?

Ce n’est pas que ça, toutes les équipes essaient de jouer le jeu rapide la contre-attaque de toute façon. S’ils ont une contre-attaque, ils la jouent. Attaquer quand la défense n’est pas en place, profiter du surnombre, tout le monde essaie de faire ça. La différence c’est que nous, même quand la défense s’était mise en place, on jouait rapide quand même.

La remise en jeu devait se faire rapidement, être effectuée par le joueur le plus proche de la ligne de fond, on devait partir le plus vite possible et avoir des actions de jeu les plus rapides possibles et, dès qu’on a un tir ouvert, le prendre. Au lieu d’attendre et de se créer un tir ouvert en travaillant une défense en 20 secondes ou plus, si on arrive à avoir un tir ouvert dès le début, on tire dès le début.

Pourquoi ?

Le principe est de prendre chaque shoot ouvert parce que tu ne sais jamais si tu vas le retrouver plus tard.

Est-ce que ce type de jeu est adaptable à tous les joueurs? Ou D’Antoni a fait ça parce qu’il avait les joueurs pour ?

Il avait l’idée du style de jeu et a construit l’équipe par rapport à ça. Il prend les joueurs qui peuvent jouer ce jeu-là. Maintenant tous les joueurs ne peuvent pas le jouer

 

« Ne pas confondre intelligence de jeu et lecture de jeu »

 

Tous les joueurs ne peuvent pas le jouer ?

Non, mais les joueurs qu’il va recruter, ce sont des joueurs qui peuvent le jouer justement.  A New York, avec sa nouvelle équipe, il va essayer de faire la même chose et après… voilà. Il vient d’arriver, il a déjà changé quelques joueurs, il a déjà ramené d’autres joueurs, qui vont être capables de jouer ce jeu là. Tu va voir au fur et à mesure des années, y’a des joueurs qui vont partir, des joueurs qui vont arriver, qui seront justement plus aptes à jouer ce type de jeu.

 

De quels types de joueur s’agit-il ?

Déjà c’est un jeu qui est basé sur l’intelligence de jeu, la capacité à s’adapter assez rapidement. Ce sont typiquement des joueurs comme Steve Nash qui sont adaptés à ce style de jeu.

 

L’intelligence de jeu et la capacité à s’adapter facilement, est-ce la même chose ?

S’adapter en fait partie, l’intelligence de jeu ça englobe tout. Etre capable de pouvoir lire les actions avant même qu’elles arrivent, savoir anticiper, lire où ça arrive, comprendre la situation et avoir la capacité de s’adapter au bon moment, ça s’appelle la lecture de jeu.

 

La lecture donc, et la récitation. Le fait de bien connaitre les systèmes et de savoir les exécuter.

L’intelligence de jeu par rapport au système de Mike (D’Antoni) c’est d’être capable d’évoluer en dehors des systèmes, de savoir lire aussi ce que font les autres. Tes coéquipiers vont faire quelque chose, tu dois savoir où te mettre pour être tout seul, pour faire chier la défense, en te plaçant entre 2 défenseurs etc…

 

Et certains joueurs n’ont pas cette faculté ?

Bah… tous les joueurs l’ont plus ou moins.

 

Donc au plus haut niveau, il y’a des joueurs qui savent très mal s’adapter à une situation de jeu ?

Oui bien sûr. Tu as des joueurs qui sont capables de le faire et t’as des joueurs qui vont être bons parce que tu leur donnes une tache à remplir. Y’a plein de profils de joueurs différents. Y’a des joueurs tu leur dis : « Ecoutes mec, tu te mets là, tu fais ça ça et ça », ils vont être très bons pour le faire mais ils n’auront pas de lecture de jeu, de connaissances ou de quoi que ce soit. Y’a toujours des joueurs qui sont des rôole players, qui ont des rôles précis : un shooteur, un gars qui va poser des écrans, un gars qui va prendre des rebonds.

 

« T’es toujours meilleur quand tu prends du plaisir à jouer »

 

Si on compare au foot, ce serait quoi un rôle player ?

En foot c’est différent parce que t’as les attaquants et les défenseurs. En tout cas, je pense que le joueur qui doit avoir le plus d’intelligence de jeu, c’est le 10, le meneur.

 

Les 10, y’en a de moins en moins, on les met sur un côté, parce qu’on recherche l’espace.

Eh bien Nash, c’est le retour du pouvoir au meneur de jeu, au 10 dans le foot. C’est ça, on a le meilleur meneur de jeu dans le monde, ça aide.

 

Est-ce que cette révolution c’est dû à Nash ou D’Antoni ?

C’est les deux.

 

Mais à Dallas, Steve Nash, on ne le pensait pas capable de révolutionner la NBA.

Si déjà un peu, mais on ne lui demandait pas de faire autant de choses

 

Ok, mais il n’aurait jamais gagné deux titres de MVP s’il n’avait pas joué sous D’Antoni ?

Sûrement pas.

 

Dans le même esprit, je me demande où en serait ta carrière si tu n’avais pas vu D’Antoni…

Exactement. C’est le coach, ce qu’il te demande de faire, comment il te demande d’être sur le terrain qui fait ce que tu es aussi. Après, il faut savoir répondre au moment où on te le demande. Si on me demande des trucs que je ne peux pas faire, je ne peux pas les faire. A Atlanta, on me demandait de prendre la balle, de la donner à l’ailier et d’aller dans le coin et d’attendre là-bas.

 

Quand tu arrives à Phoenix, tu te dis de suite « c’est bon y’a un truc à faire » ?

Oui, et je me dis que j’aime bien le système et tout. En plus, les joueurs ont tous envie de jouer comme ça, c’est ludique. C’est un système de jeu où tu prends du vraiment du plaisir à jouer. T’es toujours meilleur quand tu prends du plaisir à jouer que quand tu te fais chier sur le terrain.

 

Si tout le monde aime ce type de jeu, pourquoi tout le monde ne veut pas jouer comme ça ?

Ce sont les entraineurs qui décident. La plupart des entraineurs, et ce n’est pas faux non plus, se disent que les titres se gagnent en défense. Toutes les équipes qui ont gagné ces dernières années… Depuis le Showtime et Magic Johnson…

 

Mais c’est justement ça qu’il fallait aller chercher à Phoenix. La victoire en dansant. Et puis dans les esprits, Phoenix a gagné. N’est-ce pas mieux de gagner dans les esprits, dans la tête des gens, de rentrer dans la légende ?

On a battu tous les records NBA de tous les temps, on avait la meilleure attaque. Alors bien sur je me suis fait plaisir, mais ça manque de ne pas avoir de titres. Le truc ultime, c’est de gagner le titre. Chaque saison, on joue pour gagner.

 

« Le titre valide le style »

 

Et le côté changer de mentalité, influencer les esprits, il n’est pas au dessus du palmarès ?

Faire plaisir au public c’est bien, mais on sera toujours déçu de ne pas gagner le titre. Les gens vont peut-être en conserver de meilleurs souvenirs, on va influencer, on entre dans la légende, on influence le style, le changement mais personnellement, en tant que joueur, ce que tu veux, c’est gagner un titre.

 

Cette équipe des Suns me rappelle la Hollande de Cruyff , qui a perdu deux fois en finale mais reste considérée comme l’une des plus belles équipes de tous les temps.

Oui, c’est peut-être la plus belle équipe de tous les temps, mais va demander à Cruyff s’il n’est pas déçu de ne pas avoir gagné la Coupe du Monde. Les deux vont ensemble. Le titre valide le style. T’es content de gagner avec la manière, la façon dont tu joues et en gagnant le titre, tu prouves que ça marche.

 

Est-ce que tu préfères gagner un titre en jouant mal ou perdre avec la manière ?

Déjà faudrait que je gagne un titre pour savoir (ndlr : entretien réalisé en 2008). Mais dès que tu gagnes, tu prends du plaisir, en jouant, tu as pris du plaisir quand même. Mais aujourd’hui, j’ai envie de gagner un titre. Bien sûr.

 

C’est pour ça que comme toi, les joueurs acceptent le changement de coach, de mentalité. 

De toute façon, quoiqu’il arrive, on doit accepter le modèle dans lequel on est, sinon ça ne marchera pas de toute façon, il faut accepter ce qu’on te demande.

 

Mais les joueurs jugés intelligents, polyvalents, seront toujours plus admirés que les role players.

T’as besoin de tout dans une équipe, de tous les éléments. T’as besoin de joueurs qui vont bien faire une chose comme t’as besoin de mecs polyvalents. Maintenant la réputation, ça passe. Quand tu joues, ce que tu veux faire, c’est répondre aux besoins de ton entraineur pour le bien de l’équipe.

 

Donc ça part du coach, de ce qu’il demande, de l’importance de la rencontre ?

Ben ouais. Et si tu ne prends pas de plaisir, si tu te fais chier, tu peux demander à aller ailleurs. J’ai demandé à Atlanta de partir, ça aurait pu être pire mais c’était pas terrible.

 

« Au fur et à mesure, t’as plus d’intelligence de jeu, moins de qualités athlétiques »

 

Si D’Antoni a su voir ton intelligence de jeu, est-ce que pour autant l’intelligence de jeu, ça se travaille ?

Ouais surtout sur les lectures de jeu mais y’a une part qui est innée où tu sais, tu vois comment ça se passe. Tu ne sais pas pourquoi tu le sais, mais tu le sais, t’as une bonne lecture mais après ça se travaille.

Comment ?

Déjà au contact d’autres joueurs, etc. C’est de l’expérience, ça vient avec le temps. Le fait de t’entrainer tous les jours, par exemple avec Steve Nash, de voir comment il réagit, comment il passe la balle, qu’est ce qu’il regarde, qui, à qui il essaie de donner la balle, à qui il n’essaie pas. Tu apprends aussi quand tu joues contre les autres équipes, et puis après ça devient ce qu’on appelle l’expérience.

 

L’intelligence de jeu s’acquiert donc avec le temps ?

Au début de leur carrière, même Jordan, les mecs misent davantage sur leurs qualités athlétiques. Après, au fur et à mesure, t’as plus d’intelligence de jeu, moins de qualités athlétiques. C’est pour ça qu’ils disent que le top, c’est entre 27 et 30 ans, t’es bon athlétiquement et t’as de l’expérience. Après, tu prends de l’expérience, dont t’es quand même bon au dessus de 30 ans mais tu perds en qualités physiques.

 

Existe-t-il des profils plus adéquats à la polyvalence, à l’intelligence de jeu, certaines capacités physiques nécessaires ?

Y’a en basket une certaine taille où c’est plus facile d’être polyvalent, si t’es grand. Comme ça tu peux aussi aller à l’intérieur. Steve, il aura du mal dedans même s’il a une autre type de polyvalence, s’il sait faire plein de choses. Même si au départ il n’a pas un physique-type de basketteur, il a été élu deux fois meilleur joueur. C’est un truc que tu travailles déjà quand t’es jeune. Après c’est dur de le changer quand tu vieillis et t’arrives à maturité, mais quand j’étais jeune j’avais envie de savoir tout faire. Quand l’entraineur travaillait avec les intérieurs, je regardais ce qu’il faisait faire aux intérieurs, quand on travaillait avec les extérieurs etc… J’essayais de travailler sur tout. T’as des joueurs, parce que par exemple, ils sont grands, on va leur faire travailler que des trucs d’intérieur, toute leur vie.

 

Donc la qualité principale, c’est la curiosité ?

Oui ! Avoir envie de savoir tout faire, je voyais d’autres joueurs à d’autres postes qui faisaient des trucs, et bien je voulais savoir comment le faire aussi.

 

Si je te suis, un joueur de basket intelligent, il va de suite mieux comprendre et se débrouiller en foot qu’un joueur surtout athlétique, grâce à son intelligence de jeu ?

Oui, et  ça j’en suis certain ! Quand t’arrives à lire des situations etc, etc… Regarde le foot, c’est un peu comparable à notre défense de zone, ce sont les principes d’espace, où tu peux être à cet endroit là et pas à celui là, où tu peux prendre les joueurs en homme à homme etc… Et je suis sur que c’est transférable d’un sport à l’autre, au niveau de la compréhension de jeu.

 

« La polyvalence, c’est travailler sur ses points faibles »

 

T’as eu des exemples de mecs arrivés sans intelligence de jeu en NBA ? Par exemple, Shaq, au début, c’était pas ça, et il a lu de mieux en mieux le jeu.

Comme tu le dis, Shaq est passé par Los Angeles, avec un schéma fort, le jeu triangle, et le travail, toujours le travail, la vidéo après chaque match…

 

Donc y’a un espoir que tous les joueurs deviennent intelligents ?

Ui, bien sûr. Il faut travailler, faire des exercices, travailler sur tes points faibles. La polyvalence, c’est travailler sur ses points faibles.

 

Si n’importe qui peut gagner en intelligence de jeu, pourquoi les coachs continuent avec ce système de role players ? Pourquoi ne pas mettre 5 polyvalents et c’est parti ?

Parce que t’as besoin de ça, dans un système t’as besoin de ça. Même nous, si on avait beaucoup de polyvalence, on avait aussi des mecs qui se concentraient sur un truc. Raja Bell ne faisait que prendre des shoots et défendre, et Marion ne faisait pas de passes, c’était pas son rôle de créer.

 

Certes, mais vous étiez l’équipe la plus polyvalente, qui misait le plus sur l’intelligence de jeu.

Parce qu’on était petits, et le jeu rapide favorise la polyvalence, on n’avait pas le choix, alors on jouait qu’avec uniquement des joueurs qui avaient une bonne lecture du jeu.

 

Mais là c’est fini, avec l’arrivée du Shaq, c’est un changement de cap.

On va voir comment ça se passe mais on va quand même se servir de la lecture de jeu…

 

« Il faut pouvoir donner une certaine liberté aux joueurs qui en sont capables »

 

Le jeu de D’Antoni, s’il avait l’air bordélique, était quand même tout aussi  organisé, pensé, voire plus.

Les gens font souvent l’amalgame, ils disent qu’on n’a pas de système, c’est faux. Mais c’est vrai qu’on a une grande liberté de choix. Steve Nash a la liberté d’orienter plutôt de ce côté-là ou de celui-ci du terrain. Puis nous c’est pareil : si je déclenche à droite, ça va enchaîner une réaction en chaine des autres, c’est ce qu’on travaille. Maintenant si je pars à gauche, ça va être différent. Alors c’est quand même travaillé, mais on a une surtout une certaine liberté.

 

Une liberté que vous aviez méritée ?

C’est le coach qui choisit les joueurs qu’il veut, qui ont cette lecture de jeu, cette intelligence de jeu pour jouer ainsi, qui ne vont pas faire n’importe quoi avec la liberté qu’il donne, ce sont des joueurs qui n’en abusent pas.

 

Mais on disait tout à l’heure que tous les joueurs pouvaient à terme en être capables ?

Oui mais t’as des joueurs qui n’ont pas envie. Parce qu’il faut savoir aussi sacrifier ses statistiques personnelles, y’a plein de choses derrière, c’est synonyme de contrat.

Barcelone, attaquait comme vous, en allant vite et en écartant au maximum sur jeu posé, pour dégager intervalles et lignes de passes

Oui, il y’avait aussi des similitudes au niveau de l’enthousiasme, de l’envie.

 

Tout ce qu’on a dit, on peut avoir la même conversation en l’appliquant au foot ?

Le jeu est un peu différent, on n’a pas d’attaque et de défense séparées comme a foot. On est obligé de faire les deux. En revanche, c’est vrai pour tout ce qui concerne la lecture de jeu.

 

Que penses-tu des entraîneurs encore très conservateurs qui ne laissent pas cette liberté de choix aux joueurs, comme à San Antonio ?

Ça dépend des joueurs que t’as. Même à San Antonio, Popovich laisse Ginobili faire ce qu’il veut, évoluer comme un électron libre parce qu’il sait qu’il peut avoir des coups de génies qui vont apporter plus à l’équipe. Qui vont permettre de gagner quand le système ne suffit plus. Il faut pouvoir donner une certaine liberté aux joueurs qui en sont capables.

Propos recueillis à Phoenix, en 2008

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