« Il est le meilleur Pacer de tous les temps » raconte Reggie Miller.
« Les Pacers étaient les meilleurs de la ligue, et Roger était le meilleur de la meilleure équipe » ajoute Julius Erving à USA Today.
Illustre inconnu pour les non-initiés, Roger Brown (1942-1997) va enfin retrouver la place qu’il mérite au Panthéon du basket américain, en étant enfin intronisé au Hall of Fame de Springfield. Véritable star de l’ABA dans les années 60 et 70, Roger Brown est surtout resté dans l’histoire pour avoir été banni de la NBA à une époque où la Grande Ligue luttait encore pour sa survie… et avait condamné, à tort, l’un des plus grands talents de sa génération…
Légende vivante à New York… mais privé de NBA !
Véritable légendes des playgrounds dans son New York natal, Roger Brown est tombé au mauvais endroit au mauvais moment. Recruté par la fac de Dayton, il n’y passera qu’une seule année mais une année suffisante pour que son nom soit mêlé à une sombre histoire de paris truqués fomenté par Jack Molinas.
Ce dernier, bon joueur en son temps, était passé de l’autre côté de la barrière offrant des « faveurs » à certains joueurs dont Connie Hawkins (le Dr. J des années 60)… et donc Roger Brown qui tous deux étaient souvent vus (et bien accompagnés) dans la luxueuse Buick de Molinas dans les rues de Gotham.
Mais bien qu’il n’y ait jamais eu de preuves tangibles, comme pour The Hawk, que Brown ait participé à des matchs truqués, le mal était fait. Brown se fait expulser de son université en 1961 et les portes de la NBA se ferment violemment devant lui. Au fond du trou, c’est dans l’usine de General Motors de Dayton qu’il bosse pour remplir la marmite, avec 114 dollars par semaine à la clé.
Imaginez deux secondes, un Kobe Bryant, un LeBron James, un Andrew Wiggins qui serait contraint d’aller pointer au McDo du coin pour boucler leurs fins de mois ! Au lieu des Knicks, des Celtics brodés sur le torse, le jersey de Brown lisait « Pompes funèbres Jones » dans les petits matchs des gymnases locaux.
L’ABA et les Pacers : la renaissance
Pour ajouter à l’insulte, Brown est également rejeté comme un mal propre alors que l’équipe américaine prépare son effectif en vue des Jeux Olympiques de Tokyo en 1964. Pour Roger, c’est l’ultime outrage !
« Je ne peux pas continuer à vivre comme ça ! »
Et puis en 1967, après trois ans de purgatoire, la ville d’Indianapolis se dote d’une équipe de basket professionnel : les Pacers qui évolueront dans la nouvelle ligue, l’American Basketball Association (ABA). Les Pacers font directement appel à lui, et évidemment pour Brown, c’est la délivrance !
18 points de moyenne en 8 ans de carrière avec 3 titres de champion à la clé et un titre honorifique de MVP en 1970 au sommet de sa gloire, Roger Brown a enfin renoué avec son destin. Il est enfin le joueur de basket professionnel qu’il aurait toujours dû être !
Et avec cette cuvée 2013 de Hall of Famers, la boucle est enfin bouclée. Malheureusement, Roger Brown ne sera pas en costard trois pièces pour monter sur l’estrade et recevoir les applaudissements qu’il aurait mérités : il a succombé à un cancer du foie en 1997. Ce sera Arlena Smith, 84 ans, qui viendra récupérer le trophée en son nom : elle, sa mère adoptive, qui l’avait recueilli alors que Roger avait tout perdu…
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