Avec la nomination de Brett Brown à Philadelphie, c’est un nouvel assistant coach des Spurs qui prend le contrôle d’une franchise NBA. Après Budenholzer à Atlanta et la nomination de Mike Brown chez les Cavs cet été, ça fait désormais 5 anciens assistants de Popovich désormais à la tête de leur équipe respective.
Si on y ajoute Doc Rivers qui est passé par la maison Spurs en tant que joueur, ainsi que les 6 General Manager qui ont révisé leurs gammes du côté de Fort Alamo avant de voler de leurs propres ailes un peu partout dans la grande ligue, on se rend rapidement compte qu’il existe bien un grand réseau Spurs.
BasketUSA fait le point sur le phénomène.
C’est quoi le système Spurs en fait ?
Dans l’idée, c’est assez simple, et comme le dit son principal apôtre, Gregg Popovich : « On a drafté Tim Duncan, et on a créé une dynastie. » Un joueur mythique et le tour est joué…
Certes, mais dans les faits, c’est plus compliqué: San Antonio est un petit marché. Dès lors, la franchise texane a peu de marge de manœuvre au niveau financier. Comme pour Tony Parker ou Manu Ginobili, les Spurs ont ainsi dû ruser pour recruter des talents cachés.
Mais surtout, en interne, la philosophie du club a prouvé au terme d’une décennie marquée de 3 titres (et une finale cette saison) que le travail d’équipe payait. Dans notre portrait de Gregg Popovich lors des dernières finales, on revenait notamment sur l’importance du relationnel avec les joueurs mais également avec ses collègues du staff de coachs.
« Si tu donnes la possibilité aux gens d’exprimer, sans peur, leurs opinions en sachant que ça ne met pas en péril leur job, alors tu crées une dynamique puissante au sein de la franchise. Et maintenant que ces idées circulent, et bien, je me fiche de savoir d’où elles proviennent », explicite Pop.
Ce sont ainsi RC Buford et Sam Presti qui ont convaincu Pop de redonner une chance à Tony Parker. Plus récemment, c’est Budenholzer qui a travaillé au corps le coach des Spurs pour finalement échanger George Hill contre Kawhi Leonard. Comme le dit TP, « on peut parler avec Pop. Avec d’autres entraineurs, ce n’est pas possible. »
L’architecte méconnu: RC Buford
Joueur pas terrible selon son propre aveu, RC Buford a pourtant su trouver un moyen de faire carrière dans le basket. Sa chance est d’avoir rejoint le staff de Kansas alors que Larry Brown en était le coach en 1983. Pendant 11 années, il va suivre Brown de Kansas à San Antonio, puis de San Antonio à Los Angeles. Dans ses mots, « avec Larry Brown et aussi avec Pop, ce n’était pas Basketball pour les débutants, mais Basketball pour docteurs chaque jour. »
Passé rapidement par la fac de Florida en 1994 (avec une apparition au Final Four), Buford revient à San Antonio après que Popovich lui ait proposé le poste de directeur du scouting. Nommé General Manager en 2002, Buford a été à l’origine de la draft de Tony Parker, ainsi que du coup de poker sur Ginobili (« avec beaucoup de chance» selon lui).
Depuis l’achat de la franchise par Peter Holt en 1993, ce triumvirat Holt – Buford – Popovich est synonyme de succès à partir des valeurs de partage et de collectif que la franchise défend au sein de la communauté locale.
La lignée des coachs
Mike Brown (Cleveland)
Viré sans ménagement après une pige compliquée chez les Lakers, l’ancien mentor de LeBron James aux Cavs rentre donc au bercail à Cleveland. Coach spécialisé dans la défense, il aura pour tâche de donner forme au collectif des Cavs emmené par Kyrie Irving (et Andrew Bynum ?). Assistant aux Spurs de 2000 à 2003, Brown a réussi une belle carrière en tant que head coach, profitant à plein de la vague LeBron James.
Monty Williams (La Nouvelle Orléans)
Stagiaire assistant coach en 2005 alors que les Spurs remportent un nouveau trophée de champion, Monty Williams a en fait effectué ses gammes aux Blazers de Portland sous les ordres de Nate McMillan. Désormais patron des Pelicans de la Nouvelle Orléans, cet ancien joueur de devoir aux 456 matchs NBA est un coach proche de ses joueurs… qui a un superbe défi à relever avec les jeunes pousses rassemblées en Louisiane (Holiday, Gordon, Davis, Rivers, Evans).
Jacque Vaughn (Orlando)
Champion avec les Spurs en 2007 alors qu’il était la doublure de Tony Parker, Jacque Vaughn n’a pas quitté la maison après sa retraite sportive. Au contraire, il a entamé sa seconde carrière, celle de coach, sous les ordres de Popovich. Promu head coach à Orlando par Rob Hennigan, un autre ancien de la maison, Vaughn a réalisé une première saison correcte. La phase de reconstruction post-Howard progresse positivement en Floride.
Mike Budenholzer (Atlanta)
Joueur très côté… au Danemark en son temps, Mike Budenholzer incarne le parcours typique du coach NBA. Entré par la petite porte en tant que coordinateur vidéo en 1996 à San Antonio, il a gravi les échelons internes pour devenir l’assistant coach numéro 1 de Popovich en 2007. Et après 27 ans de bons et loyaux services, Budenholzer a enfin décidé cet été 2013 de quitter le nid texan pour aller prodiguer ses conseils à Atlanta, là aussi, où un autre ancien de la maison est devenu GM (Danny Ferry).
Brett Brown (Philadelphie)
C’est le dernier de la liste, Brett Brown, accessoirement aussi coach de la sélection australienne aux derniers JO de Londres. Et de fait, sa carrière de coach est inévitablement liée à l’Australie où il a débuté comme assistant à Melbourne avant de prendre les rênes des Géants du Nord Melbourne avec lesquels il remporte le titre national. Invité par les Spurs en 1999, il est signé l’année suivante en tant que directeur du développement des joueurs. La suite, on la connait. À la tête des Sixers, Brown va devoir s’armer de patience, car tout est à refaire à Philly !
Doc Rivers (LA Clippers)
Il n’a certes jamais été assistant de Popovich aux Spurs (car ce dernier était encore côté bureau), mais alors qu’il est un joueur sur le déclin, Doc Rivers signe pour un an à San Antonio. Suffisant pour s’imprégner des valeurs de cohésion « made in Spurs ». Coach faiseur de miracles pour sa première expérience à Orlando, Doc est ensuite en charge des Celtics jusqu’à l’avènement du Big Three et ce titre tant attendu en 2008. Désormais aux Clippers, Rivers entend bien faire passer les parents pauvres de Los Angeles au tout premier plan.
Et ceux qui cherchent une pige
– Vinny Del Negro (ex Clippers)
– Avery Johnson (ex Nets)
La lignée des General Manager
Kevin Pritchard (Indiana)
L’université de Kansas est une des filiales du réseau Spurs. Plus exactement, c’en est plus ou moins l’origine ! Larry Brown en était le coach ; RC Buford, Alvin Gentry et Gregg Popovich en étaient les assistants… et Kevin Pritchard en était un joueur, par ailleurs sacré champion NCAA en 1988. Il est entré chez les Spurs en tant que scout par l’intermédiaire du GM RC Buford après avoir remporté le titre ABA avec les « chevaliers » de Kansas City, et deux ans plus tard, c’est aux Blazers qu’atterrit Pritchard. Il y effectuera de nombreux transferts (pour Aldridge et Batum notamment) ainsi que des drafts (Greg Oden) plus ou moins convaincantes. Il a rejoint les Pacers en 2011 et occupe désormais le poste de GM de la franchise d’Indiana.
Dennis Lindsey (Utah)
Méconnu du grand public, Dennis Lindsey est un Texan pur jus. Né à Freeport, il a joué pour l’université de Baylor (avec l’ancien NBAer David Wesley notamment) avant d’entrer chez les Houston Rockets en tant que coordinateur vidéo (encore un !) en 1996. Gravissant les échelons, il sera successivement directeur du développement des joueurs puis directeur du personnel basket de la franchise. C’est en 2007 qu’il rejoint les Spurs où il sera l’assistant GM et le Vice Président des affaires basket. Après 5 années à San Antonio, c’est le Jazz d’Utah qui met le grappin dessus en lui offrant une promotion en tant que General Manager à part entière. La dernière draft de Rudy Gobert à Salt Lake City n’est certainement pas un hasard pour Lindsey qui a supervisé les précédentes drafts (très internationales) des Spurs.
Danny Ferry (Atlanta)
Ailier de devoir aux Cavs de 1990 à 2000, Danny Ferry a eu la bonne idée d’accepter un contrat des Spurs. En 2003, il se voit récompensé de ses efforts et peut quitter la NBA avec une bague au doigt. Il est ensuite nommé directeur des opérations basket chez les Spurs. Après un nouveau titre en 2005 avec les Spurs, il va tenter sa chance chez les Cavs où il permettra, entre autres, à la franchise d’atteindre ses premières finales NBA avec LeBron James. Revenu aux Spurs en 2010, il est à nouveau débauché, cette fois par les Hawks, en 2012. Son dernier acte de GM est d’avoir recruté Budenholzer, l’assistant numéro 1 de Popovich.
Dell Demps (La Nouvelle Orléans)
Fugace joueur NBA pendant trois saisons galère entre Golden State, San Antonio et Orlando, Dell Demps a vite fait son deuil de sa carrière professionnelle pour passer à autre chose. Et bien lui en a pris puisqu’en 2005, il entre dans le cœur des opérations basket des Spurs. Il devient indispensable au point de gérer la nouvelle franchise de D-League des Spurs, les Austin Toros, et prendre la place de Vice-Président des affaires basket de San Antonio. Débauché en 2010 par les Hornets, il a marqué les esprits par l’échange qui a envoyé Chris Paul aux Clippers et permis à La Nouvelle Orléans de disposer actuellement d’un effectif jeune et talentueux.
Sam Presti (Oklahoma City)
Considéré par de nombreux spécialistes comme la pépite de la formation à la Spurs, Sam Presti a effectivement pour lui d’avoir réalisé une ascension fulgurante. Simple stagiaire en 2000 à sa sortie de la fac d’Emerson, il est déjà en 2002 l’assistant directeur du scouting. Puis, dès 2003, il est le directeur du personnel basket avant, en 2005 d’être nommé assistant au General Manager. En 2007, Presti choisit de quitter le cocon et s’envole pour Seattle en tant que General Manager. Déplacé à OKC, sa franchise du Thunder a rapidement grandi avec les éclosions de Kevin Durant et Russell Westbrook. Seule ombre au tableau impeccable de Presti : ce fameux échange avec Houston qui a démantelé le trio Harden – Durant – Westbrook.
Rob Hennigan (Orlando)
Engagé comme General Manager du Magic à seulement 30 ans, Rob Hennigan est un « naturel » du basket et le dernier cerveau issu de la toile Spurs. Joueur clutch au lycée, défenseur féroce à la fac, Hennigan n’est jamais passé pro. Du coup, quand Sam Presti (un ancien de la même fac d’Emerson à Boston) lui propose un stage chez les Spurs, Rob n’hésite pas. Il bossera 4 années à San Antonio avant de suivre son mentor Presti chez le Thunder à Oklahoma City. Assistant au General Manager, c’est le Magic qui lui proposera de voler de ses propres ailes. La phase de reconstruction entamé à Orlando depuis le départ de Dwight Howard est son bébé… et la dernière draft d’Oladipo aidant, le projet avance plutôt correctement !