Kevin Durant et l’art de la patience offensive

On a déjà souligné la performance exceptionnelle de Kevin Durant pour ses débuts en finale, avec 36 points et 8 rebonds, se plaçant derrière les 48 unités d’Allen Iverson en 2001 ; mais ce qui est encore plus remarquable, c’est que KD pointait à 19 points à 6/10 aux tirs avant le dernier quart.

Avec ses 17 points à 6/10 en dernier quart, Durantula a tissé sa toile tout en douceur, en attendant son heure patiemment, malgré les 3-points de Battier, malgré l’omniprésence de LeBron James, malgré les choix parfois pas très judicieux de son camarade Westbrook. Plus que d’être un incroyable attaquant, Durant a l’art et la manière d’attendre son moment. A 23 ans seulement, c’est presque du jamais vu !

Un scoreur qui ne phagocyte pas le jeu

Alors que les Michael Jordan, Kobe Bryant, Allen Iverson, Dirk Nowitzki voire Lebron James et Dwyane Wade sont des joueurs qui dépassent allègrement la barre des 20 tirs par match pour souvent friser les 30 unités, Kevin Durant dispose déjà de la maturité nécessaire pour savoir artiller à bon escient.

Il avait déjà fait le coup contre San Antonio dans un match 4 sous haute tension, et alors que le Thunder peinait à trouver des solutions offensives. Le système offensif qui libère Durant est plutôt simpliste ; Westbrook se débarrasse de la balle après l’avoir amené en territoire offensif, sert Harden qui fait l’appât, puis s’en va poser un écran en bas pour Durant.

Sa position préférentielle : face au panier en tête de raquette

KD crée donc l’espace nécessaire (la fameuse ‘separation’ en ricain) pour obtenir la gonfle, en tête de raquette le plus souvent. Et après, c’est place à l’artiste. Il se retrouve en situation de un contre un avec la meilleure position possible pour lui : face au panier et avec des options de passes sur les deux côtés.

Trop grand et longiligne pour Wade ou Lebron, trop rapide pour Haslem ou Battier, Durant a le champ libre pour créer du jeu pour sa pomme, mais aussi pour ses coéquipiers (Westbrook, Harden voire Fisher postés dans les coins). Les possibilités sont infinies pour le Thunder dans cette configuration.

Un Nowitkzi 2.0

Et comme le disaient Dennis Scott et Brent Barry en post-game, Kevin Durant continue d’adapter son jeu aux besoins de son équipe. Battu l’an passé par un Nowitzki en état de grâce, Durant a compris tout l’intérêt qu’il avait à s’inspirer de cette défaite douloureuse et en particulier de son bourreau teuton. Après le shoot en déséquilibre sur un pied, il reprend désormais le jeu de l’Allemand avec cette isolation en tête de raquette.

Déjà sacré meilleur scoreur de la ligue à 3 reprises alors qu’il n’a seulement que 23 ans, Durant semble être là pour un bon moment quand on voit encore la marge de progression du garçon. L’impression de facilité qui se dégage du bonhomme quand il enchaîne 16 points en 5 minutes contre la défense des Spurs ou les 17 qu’il enfilait mardi au Heat de Miami laissent littéralement pantois.

KD meilleur scoreur pendant toute la décennie ?

Kevin Durant est encore loin d’avoir atteint sa plénitude. A l’image de Tony Parker cette année (à 30 ans) qui a évolué à son meilleur niveau du simple fait de sa maturité mentale et physique, on imagine que Durant va prendre encore un peu de coffre et de muscle, notamment sur le haut du corps pour pouvoir encore agrémenter son jeu et sa palette offensive (et placer des dunks encore plus puissants).

On n’en est encore qu’au premier match de ces Finals, et on ne saurait donc trop s’enflammer sur le dossier Durant, mais force est de constater, et comme le dit joliment notre confrère Sekou Smith, que KD – et Westbrook dans sa foulée, ont, à la différence de Stephen Jackson qui déclarait « faire l’amour à la pression », emmené cette même pression des grandes occasions au restaurant pour l’enivrer et la régaler d’un succulent dîner à Paris avant de la border dans son lit avant le crépuscule. Aussi soyeux qu’un shoot de KD en somme.