Il y a différents types d’entraîneurs. Certains gueulent fort ou en imposent par leur seule présence. Vincent Collet n’est pas de ceux-là. Néanmoins, il suffit de regarder ce qu’il a réussi à faire avec les Bleus depuis sa prise de fonction, en 2009, pour arrêter de remettre en cause ses qualités.
Un pédagogue au service des joueurs
70% de victoires, une médaille d’or à l’Euro 2013, une médaille d’argent à l’Euro 2011 ou encore une courte défaite face à l’Espagne, en quart de finale des Jeux olympiques 2012, à la tête d’une équipe affaiblie.
L’an passé, le coach de Strasbourg se disait heureux d’avoir aidé « cette génération à accomplir son destin ». Tony Parker le pressait de rester, pour continuer jusqu’en 2016 ce qu’ils avaient construit. Par sa méthode, par son caractère, Vincent Collet a apporté une stabilité aux Bleus. Certains lui reprochent de ne pas gueuler (même si ça lui arrive) mais quel intérêt ?
Comme la série « Bleu Blanc Tour » l’illustre bien, Vincent Collet est un pédagogue. Sa pensée est claire, ses mots tout autant. L’an passé, en Slovénie, et cette année, en Espagne, je suis frappé par ses explications. Quelques minutes après une défaite ou une victoire, le coach pose toujours tranquillement ses mots, avance des diagnostics clairs, des solutions logiques et ne perd jamais de vue l’objectif et les enjeux à long terme.
Une pensée et des mots toujours clairs
L’écouter est un régal. Comme lorsqu’il évoque l’Espagne et les Etats-Unis.
« À ceux qui pensent que les Espagnols vont aller au bout, je dis qu’il ne faut jamais enterrer les Etats-Unis. Tout est une question de niveau de jeu. Prenez par exemple Hettsheimeir. On l’a vu avant de jouer le Brésil, en préparation, il ne ratait pas un tir. Hier, il les a tous ratés. Ce n’est pas juste parce qu’il était maladroit hier, c’est une question d’espace/temps ».
Qu’est-ce que l’espace/temps ? Le fait qu’un joueur soit bien plus adroit lorsque l’adversaire lui laisse de l’espace et du temps pour tirer. Cela change évidemment en fonction du niveau de l’opposition et de l’intensité de la défense. Un concept logique mais qu’il faut prendre en compte.
« On verra, s’il y a une finale entre l’Espagne et les Etats-Unis, que l’espace/temps n’est pas le même face aux Américains. Les installations de système, qui sont possibles contre toutes les équipes du monde, seront compliquées face aux Etats-Unis. Je n’ai aucun doute sur la stratégie que les Américains emploieront contre l’Espagne. Ils vont les pister partout, les lignes de passe vont être coupées et ils seront confrontés à ce qu’ils imposent actuellement à leurs adversaires ».
Pour Vincent Collet, la dimension athlétique américaine est sous-évaluée.
« Les Espagnols ont battu le Brésil de 20 points hier et tout le monde dit : c’est fantastique, ils sont extraordinaires. Les Américains, ils gagnent aussi les matches de 20 points. Mais c’est normal, parce que ce sont les Américains… Non, ce sont deux équipes hors norme dans ce tournoi avec des caractéristiques différentes. Les Américains n’ont pas les superstars mais ils ont une armée qui peut défendre chaque centimètre carré du terrain. Derrick Rose, il y a trois ans, il était injouable, même en NBA. Ça ne va pas être la même chose de mettre la pression sur Huertas, Thomas Heurtel ou Antoine Diot et sur Derrick Rose. Il faudra voir tous ces rapports de force, qui seront différents ».
Comme toujours avec Vincent Collet, les choses sont nettes, bien définies, ciselées. La pensée s’étire mais sans jamais vouloir perdre l’interlocuteur. Comme avec ses joueurs, son but est de faire comprendre à ceux qui suivent l’équipe de France les réalités du terrain. Une leçon quotidienne.