Je le dis d’emblée, j’étais un grand fan de James Harden. Dès la période pré-draft où j’avais remarqué son jeu old school, véritable faux lent, très fort techniquement. Et puis il est gaucher, et j’ai toujours eu un faible pour les gauchers.
A OKC, j’appréciais sa créativité, et sa capacité à diriger le jeu en sortie de banc, comme peut le faire Manu Ginobili. Le joker idéal, aussi fort en pénétration que dans les tirs lointains.
Et puis, Harden est arrivé aux Rockets, on lui a donné les clés de l’équipe, et de l’attaque, et il est devenu une vraie caricature. Que le garçon ait du talent, personne ne le conteste. Qu’il soit aujourd’hui considéré comme le meilleur arrière-shooteur de la NBA, c’est sans doute vrai. Mais je crois qu’aujourd’hui, c’est aussi le joueur que je déteste le plus voir jouer. Le système de Houston y est sans doute pour beaucoup puisqu’il se résume à du pick-and-roll et de l’isolation.
Mais franchement, qui peut prendre du plaisir à regarder jouer Harden ? Quel joueur peut prendre du plaisir à jouer à ses côtés ? Le Harden 2014, c’est du Me, Myself & I. Tous les ballons passent par lui, et il ne lâche la balle que lorsqu’il est en galère. Et encore puisque sa grande spécialité, c’est d’aller s’écrouler sur les bras adverses pour aller chercher des fautes.
Et je ne parle même pas de sa défense puisqu’on sait que c’est l’un des pires défenseurs de la ligue…
Le talent au service de lui-même
A l’occasion, je vous invite à regarder son match face aux Blazers, et notamment la fin de la prolongation. Pas de coup de main au rebond alors que chaque ballon est bouillant, et cette dernière possession où il préfère jouer tout seul, plutôt que de servir un coéquipier démarqué.
James Harden froze up at the biggest moment in a HUGE game. The sky is blue, water is wet and Halle Berry is still fine.
— Not Bill Walton (@NotBillWalton) April 21, 2014
Ce qui me rassure, c’est que Harden est encore très jeune. Il n’a pas encore 25 ans, et il a donc encore le temps de prendre conscience de ce côté perso insupportable. Avant lui, beaucoup de joueurs, et pas des moindres (n’est-ce pas Son Altesse…), ont pris conscience qu’ils ne gagneraient rien en continuant de jouer perso. Harden devrait d’ailleurs s’inspirer de Clyde Drexler, à qui je l’avais comparé, ou à Dwyane Wade depuis la création du « Big Three », pour apprendre à s’effacer dans un collectif.
Mais ce qui m’inquiète, c’est qu’à Houston, il est mal entouré. Le coach, Kevin McHale, ne me semble pas capable de lui faire changer son jeu, tandis que Dwight Howard n’est pas un leader. En clair, j’ai bien peur de devoir supporter encore quelques années, ce Harden si fort individuellement, mais encore trop centré sur lui-même pour être le patron d’une équipe.