Peut-on avoir été l’entraîneur le plus influent de ces dix dernières années, avoir révolutionné le jeu offensif en NBA, avoir été copié par bon nombre de confrères et être traité de “bon à rien” à longueur de temps ? Sans doute, puisque c’est ce qui arrive à Mike D’Antoni.
Ce blog va me permettre d’exprimer des vues plus personnelles et notamment mon agacement à la lecture des commentaires qui évoquent l’actuel coach des Lakers.
Bien sûr, sa saison actuelle n’est pas brillante avec un groupe décimé par les blessures. Bien sûr, son passage à New York (121 victoires – 167 défaites) n’a pas non plus marqué les esprits, sauf par sa brouille avec Carmelo Anthony et son limogeage, malgré la “Linsanity”. Mike D’Antoni est prisonnier d’un système, d’une vision du jeu, d’une méthode qu’il met en place partout où il passe. Mais cet entêtement est également louable, surtout pour les fans, puisqu’il a produit ce qui était l’un des plus beaux jeux de la dernière décennie en NBA.
Une influence dans toute la ligue
En 2004, quand il récupère Steve Nash à Phoenix, il met en place un jeu tourné vers l’attaque à outrance. C’est le fameux “7 seconds or less”, le coach à moustache expliquant que son attaque est la plus productive lors des sept premières secondes d’une possession, lorsque la défense n’est pas encore en place. Du pick-and-roll entre Steve Nash et Amar’e Stoudemire, une armée de shooteurs mais aucun titre. En 2005 et 2006, les Suns ne sont pourtant pas loin mais eux, les anti-Spurs (dans le jeu), ne passeront finalement jamais les différentes murailles texanes.
Entre 2004 et 2007, Mike D’Antoni avait pourtant réussi à monter l’une des attaques les plus efficaces de toute l’histoire de la NBA ! Et ce n’est pas pour rien que beaucoup de coaches ont étudié et copié ses systèmes. Il suffit de voir jouer Golden State, Houston, New York, Washington, Phoenix et même San Antonio pour voir l’héritage du système de Mike D’Antoni.
Le plus frappant est encore Portland, deuxième équipe à l’efficacité offensive de la ligue, et dont tellement de systèmes semblent prendre leurs racines dans l’Arizona. Cette multiplication du pick-and-roll (parfois jusqu’à l’outrance), c’est la marque de Mike D’Antoni, c’est son héritage.
Même si ce n’est sans doute pas celui dont il rêvait.
“Prends garde à l’homme d’un seul système”
Aurait-il gagné un titre s’il avait accepté, en 2006, de prendre Tom Thibodeau comme spécialiste défensif à Phoenix, comme le lui proposait Steve Kerr ? Impossible à dire, bien sûr. C’est là la force et la faiblesse de Mike D’Antoni. Son système est un puzzle rigide qui n’admet que certaines pièces. Lorsqu’il les met en place, comme à Phoenix ou comme dans sa troisième année à New York, en recrutant Raymond Felton et Amar’e Stoudemire, ça marche.
Mais dès qu’on l’oblige à sortir de son schéma (en lui imposant Shaquille O’Neal aux Suns ou Carmelo Anthony aux Knicks), tout devient compliqué. Kobe Bryant peut-il rentrer dans son schéma ? Personnellement, j’en doute et je pense que Mike D’Antoni ne pourra réussir à Los Angeles que si les Lakers lui donnent du temps et lui permettent de reconstruire comme il le souhaite après la retraite du “Black Mamba”.
“Prends garde à l’homme d’un seul livre”, disait saint Thomas d’Aquin. Non seulement parce qu’il le maîtrise comme personne, mais aussi parce qu’il ne jure parfois que par lui. “Prends garde à l’homme d’un seul système”, pourrait-on dire pour Mike D’Antoni. Néanmoins, malgré son obstination et malgré ses échecs, il ne faut pas nier le talent de coach de l’actuel entraîneur angeleno. Son influence prouve qu’il n’est pas un “bon à rien”. Loin de là.