En plein conflit entre propriétaires et joueurs, la nouvelle ne va pas manquer de faire grincer des dents. Devant les excellents revenus de la NBA pour la saison 2010-11, les joueurs devraient se voir rétribuer 160 millions de dollars sur leurs salaires.
Conformément à l’accord collectif, cette somme était bloquée en attendant les chiffres définitifs de la saison.
Explications sur cette première.
Une limite globale à la masse salariale
On l’a déjà dit dans ces colonnes, la NBA dispose déjà d’une sorte de hard cap (masse salariale plafonnée), même s’il ne correspond pas aux souhaits des propriétaires.
Dans le système actuel, les salaires des joueurs ne sont pas limités au regard des revenus de leur franchise, mais bien de ceux de la NBA. Collectivement, ils ne peuvent recevoir plus de 57% des revenus de la ligue (BRI, ou Basketball Related Income). La masse salariale totale est donc effectivement limitée.Comme les contrats sont signés bien avant la fin de la saison, ce n’est qu’à l’issue d’un audit des comptes par un acteur indépendant que la NBA publie ses revenus, et donc dévoile le montant alloué aux revenus des joueurs.
Chaque année, les joueurs touchent 92% de leur salaire sur 8 mois
Comme s’assurer alors que les joueurs ne dépasseront pas, a posteriori, les 57% qui leur reviennent ?
Réponse : en bloquant une partie de leur salaire. C’est ce que dit l’accord actuel, en vigueur depuis 1999, date du dernier lock-out.
En fait, ce n’est pas moins de 8% du salaire de tous les joueurs qui est bloqué durant la saison. Les joueurs ne profitent donc que de 92% de leurs revenus. Le reste est placé sur un compte.
A la fin de la saison, on vérifie que la somme des salaires versés et des salaires bloqués ne dépasse pas les 57% fatiques. Dans le cas contraire, l’argent est reversé aux joueurs. Si cela dépasse, seuls les montants en dessous des 57% sont rendus.
Une année faste pour la NBA
C’est exactement ce qui va se passer dans les prochains jours si l’on en croit NBA.com. Pour la première fois depuis la signature de l’accord actuel en 1999, la totalité de l’argent bloqué devrait être redistribué, ou plutôt rendu, aux joueurs.
Cela signifie tout simplement que les revenus (et non les bénéfices) de la NBA ont été extrêmement confortables, et proportionnellement plus importants que les années précédentes.
Un joueur au salaire minimum devrait donc toucher une « prime » d’environ 38 000 dollars, un joueur au salaire moyen 456 000 dollars et un LeBron James 1,28 million de dollars.
Cet argent devrait être le bienvenu pour les joueurs, qui se préparent à un lock out et qui ne seront donc pas payés avant la fin du conflit. Notez d’ailleurs qu’en NBA les salaires ne sont versés que durant la saison régulière, et que pour le moment les joueurs ne sont pas encore impactés financièrement.
Il n’en reste pas moins que cette somme leur permettra, surtout ceux en fin de contrat, de voir venir pour quelques semaines/mois supplémentaires.
La preuve que la NBA n’est pas déficitaire ?
Tout ceci confirme ce que l’on savait déjà. D’abord que la NBA a vécu probablement la saison la plus faste de son histoire, avec une popularité et une visibilité sans précédent. Ensuite, que cela s’est ressenti financièrement de manière éclatante.
Enfin, que le conflit actuel, s’il est basé sur un débat légitime (la NBA va bien, mais les franchises perdent de l’argent…), n’en reste pas moins un énorme gâchis pour les fans, dès aujourd’hui, et pour les joueurs et les propriétaires et tout l’écosystème, à mesure qu’il entame la popularité et le crédit de la ligue.