« Avez-vous le passeport de ce pays ? » Andreas Zagklis dit avoir examiné des centaines de cas de naturalisation de joueurs en commençant par poser cette question centrale. Et en gardant en tête que le rôle de la Fédération internationale, dont il est le secrétaire général, est de garantir « l’équilibre compétitif, l’intégrité sportive, et en même temps de s’assurer que, dans une certaine mesure, il existe des liens entre les joueurs et le pays qu’ils représentent ».
Pas une mince affaire alors que le phénomène a été beaucoup commenté cet été avec les naturalisations de Lorenzo Brown en Espagne et de Joel Embiid en France. Le « problème », selon le dirigeant, est de devoir jongler avec les lois nationales en vigueur partout dans le monde.
« Nous avons 212 membres FIBA, cela signifie 212 lois différentes en matière de nationalité. Il est extrêmement difficile d’obtenir un passeport dans certains pays et beaucoup plus facile dans d’autres. Il est donc extrêmement difficile d’établir une règle qui puisse servir de base à 212 nationalités différentes. Dans certains cas, tu es ressortissant si tu es né dans le pays, dans d’autres cas, tu l’es si tu as un ancêtre à une, deux ou trois générations derrière, même sans avoir jamais mis les pieds dans ce pays », constate Andreas Zagklis.
Une complexité internationale qui renvoie toutefois, dans une majorité de cas, au sort des joueurs américains. « Le pays qui a inventé notre sport (les États-Unis) produit chaque année sinon des milliers, du moins des centaines de joueurs et certains peuvent faire la différence au sein d’une équipe nationale. Aussi ce pays a, en raison de sa culture et de la manière dont la société a été construite, d’importants droits en matière d’immigration […] Certains joueurs ont plus d’un passeport. C’est donc une tâche extrêmement difficile, je peux vous le dire, de trouver un équilibre. »
« Présenter des liens réels avec le basket d’un pays spécifique, ou sa société »
Le secrétaire général rappelle la règle FIBA « très stricte » actuellement en place : 11 joueurs nationaux et la possibilité d’intégrer un 12e homme naturalisé. Une règle construite, pour ce dernier, « avec l’obligation de présenter un passeport avant l’âge de 16 ans, ou de présenter des liens réels avec le basket d’un pays spécifique, ou sa société ». Sa définition semble être en contradiction avec le cas Lorenzo Brown qui n’avait visiblement aucun lien avec l’Espagne…
« Le comité central en a discuté à de nombreuses reprises et a conclu que cet équilibre entre une règle stricte avec 11 joueurs et une règle qui autorise un joueur naturalisé est le bon équilibre. Nous n’avons pas l’intention de changer cette règle. Je pense que toute fédération a le droit de faire bon usage de cette règle. Et en fin de compte, c’est aussi un débat au sein de chaque équipe et de chaque fédération pour décider jusqu’où elle peut aller », termine Andreas Zagklis semblant relativiser le rôle de la FIBA dans ces processus.
Photo : ALBERTO NEVADO / FEB