A 4 points et 1 rebond de moyenne, Killian Tillie commence à se faire sa place dans la rotation des Grizzlies. Si sa production chiffrée est encore anecdotique, Taylor Jenkins donne au jeune intérieur français plus de 12 minutes de jeu par match sur le mois de décembre.
Un immense pas en avant par rapport à la saison passée, quand il n’avait connu que 7 matchs (sur 18 apparitions) au-dessus des 10 minutes. Cette saison, il a déjà obtenu 10 minutes ou plus sur 11 matchs (en 18 apparitions), de quoi lui permettre de claquer un joli match à 12 points, 3 rebonds, 2 passes et 1 interception, dont 3/5 à 3-points. Le déclic pour l’ancien Zag ?
Un deuxième « two way » pour percer
« C’est vrai que j’ai eu une ouverture, comme il y a beaucoup de gars blessés. Et le coach m’a donné ma chance. Je l’ai saisie. J’ai essayé de bien travailler en défense et de rentrer quelques tirs à 3-points en attaque. J’espère que ça va continuer », explique Tillie dans le Podcast Basket Time de RMC. « Il y a un peu de pression de ne pas être [sous contrat] garanti, c’est un peu compliqué mais ça me donne de la motivation de ne pas lâcher et de continuer à travailler. Le but est d’aller chercher ce contrat garanti. »
Comme l’an passé, après avoir passé la soirée de la Draft en attendant vainement d’entendre prononcer son nom, Tillie est de nouveau sous un « two way contract » avec les Grizzlies. Même si la NBA a assoupli les règlement des joueurs en « two way contract », il faut ainsi jongler entre l’envie de bien faire d’une part mais aussi le contrôle pour limiter les erreurs d’autre part.
« Mon rôle, c’est de rentrer en jeu et d’apporter de l’énergie, d’être solide défensivement et donc de ne pas faire trop de bêtises. Si je fais une petite erreur en défense, je sors direct, donc j’évite. Après, en attaque, j’essaie simplement de jouer autour des autres et de bouger pour trouver des tirs à 3-points ou de me placer pour aller chercher des rebonds offensifs. »
Remplaçant sur les postes d’ailiers, capable d’étirer le jeu comme de changer sur les écrans pour tenir aussi bien les extérieurs que les intérieurs en défense, Tillie fait valoir sa polyvalence. Mais il est encore un tantinet timoré offensivement avec seulement 39% aux tirs dont 36% à 3-points. Cela dit, comme il l’avait annoncé en début de saison, Tillie est en train de faire son trou à Memphis.
« J’ai plus de confiance [par rapport à l’année passée] car j’ai l’opportunité de plus tenter de tirs et logiquement, d’en mettre plus. Si j’ai l’occasion de shooter et que je ne le prends pas, c’est là que les coachs m’engueulent, donc il faut vraiment les tenter. Ils te poussent vraiment à prendre les tirs à chaque fois que tu es ouvert. Même mes coéquipiers [m’y encouragent]. Tout ça donne forcément de la confiance pour tirer. »
A l’aise dans une équipe qui compte à l’Ouest
Mis en confiance par staff et coéquipiers à l’unisson, Tillie se sent à l’aise dans le Tennessee. Malgré sa situation contractuelle précaire, l’ancien pensionnaire de l’Insep estime qu’il est tombé dans la bonne franchise. Il ne regrette pas de ne pas s’être présenté à la Draft après la saison 2018, quand il avait explosé sur la scène universitaire à 13 points, 6 rebonds et 2 passes de moyenne.
« Pas vraiment. Si j’avais été drafté, je n’aurais pas fini à Memphis et moi, je suis vraiment très content à Memphis. Ils ont vraiment confiance en moi pour l’avenir et c’est une franchise où j’aimerais vraiment rester. Je suis quand même content de ne pas avoir été drafté si c’est pour arriver à Memphis, qui était une équipe où je voulais aller. Pour l’instant, ça se passe bien et j’espère que ça va continuer comme ça. (…) [Quand] j‘y pense, je me dis que je n’étais pas prêt à aller en NBA. Ni physiquement et encore moins mentalement. J’aurais pu être drafté un peu plus haut, vu le potentiel puisque la Draft se base vraiment sur le potentiel, mais je ne pense pas que j’aurais pu avoir un impact direct comme je peux l’avoir en ce moment. Je suis content d’avoir pris d’abord en maturité avant d’aller en NBA. »
Dans le Top 4 de la conférence Ouest, les Grizzlies ont parfaitement tenu la baraque en l’absence de Ja Morant, sortant victorieux de dix de leurs douze matchs sans leur meneur star. Mais, si le retour de Morant a accouché d’une défaite difficile à avaler face à Oklahoma City, Tillie confirme que le meneur est le leader de l’équipe. Un vrai patron aux petits soins pour ses coéquipiers.
« Oui, on le ressent. On va souvent au restaurant tous ensemble, avec lui, [Dillon] Brooks, et [Jaren] Jackson Jr. C’est un peu les trois leaders de l’équipe. On organise ça assez souvent. C’est grâce à ces gars-là qu’on a de bons résultats cette saison. »
Dans l’attente pour l’Equipe de France
A ce propos, Tillie se plaît dans la ville du Blues. Au calme, comme à l’époque universitaire à Spokane. En tout état de cause, l’Azuréen de naissance avoue qu’il est plutôt focalisé basket que sorties à ce stade de sa carrière. Contrat oblige…
« Il y a pas mal de bons restos à Memphis et aussi pas mal d’histoire donc c’est sympa pour ça. Mais, comme à Spokane, ça ne bouge pas beaucoup. Je ne vais pas traîner dans les boîtes de nuit non plus, faut se calmer », tempère Tillie. « En pleine saison, on n’a pas beaucoup de temps de toutes façons. Soit on est sur la route, soit on est à la salle. Je traîne avec Yves [Pons] bien sûr, mais aussi John Konchar, ou Brandon Clarke avec qui j’avais joué à Gonzaga. Sinon, tout le monde est cool. »
Souvent à côté de son compatriote sur le banc de Memphis, Tillie a attendu son tour avant de pouvoir trouver sa place dans la rotation. C’est le cas pour Yves Pons, le rookie français non-drafté à sa sortie de Tennessee. Local de l’étape, Pons est le prochain sur la liste, à en croire Tillie.
« Athlétiquement, c’est un animal. Il n’a pas encore eu sa chance, ça peut prendre un petit temps encore. Mais, avec tous les Covid cette saison, il devrait avoir sa chance bientôt. S’il est prêt à la saisir, ça va marcher car il est déjà solide à 3-points. »
De plus en plus utilisé en NBA, Tillie va mécaniquement s’approcher de l’Equipe de France. Une logique pas encore complètement bouclée, le joueur attendant un geste en retour de la Fédération…
« Non, je n’ai pas vraiment eu de contact. Je suis venu à l’Insep cet été et j’ai pu discuter avec Jacky Commères un petit peu et je lui ai dit que j’étais motivé pour faire l’Equipe de France. J’étais content d’avoir un peu de contact avec eux mais je suis toujours motivé par ça. Pour l’instant, j’attends encore mais on est en pleine saison. J’espère en avoir bientôt. »
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.