Duke n’a perdu qu’un match cette saison. C’était face à Ohio State, avec une défaite de cinq points (71-66) face à un EJ Lidell clutch (14 points, 11 rebonds) et un Zed Key (20 points) record.
Ce n’est pas un hasard si ce match face aux Buckeyes est le pire de la saison pour Paolo Banchero, la nouvelle pépite de Duke qui a fini sa soirée à 12 points à 4/14 aux tirs, dont un ultime raté pour le tir de l’égalisation dans les dernières secondes.
À 19 ans, le freshman superstar tourne à 17 points, 7 rebonds et 2 passes par match, le tout à 49% aux tirs (dont 34% à 3-points). Le natif de Seattle était particulièrement convoité à sa sortie du lycée, mais c’est Coach K qui a réussi à convaincre le jeune homme de venir à Duke. La dernière grosse prise du légendaire entraîneur des Blue Devils avant ses adieux au basket universitaire…
« Il m’a dit que je passerai pro peu importe où je vais, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais si je voulais atteindre tout mon potentiel, je devais aller [à Duke] », se souvient Paolo Banchero dans The Athletic. « Des joueurs comme moi sont rares et ils doivent être poussés pour exprimer tout leur talent. Ce message-là, c’est ça qui a fait basculer la balance. »
Un physique à la LeBron James
Son père, Mario, avait réussi une petite carrière universitaire dans le foot US (en partant d’une petite fac pour finir à Washington), tandis que sa mère, Rhonda Smith, a elle aussi été une recrue prisée, devenant la meilleure scoreuse de l’histoire de la fac de Washington avant de jouer en WNBA et en pro à l’étranger. Paolo Banchero est donc plutôt gâté en termes de qualités athlétiques, et ça se sent dans son jeu. Un physique à la LeBron James.
« Beaucoup de gens le voient comme un intérieur polyvalent », confirme son père Mario, « et je pense qu’il se voit un peu comme ça aussi. »
Au lycée, Paolo Banchero était précisément quarterback de son équipe et il était aussi inscrit en athlétisme, en particulier au saut en hauteur. Mais c’est quand il a dominé le circuit EYBL après sa première saison au lycée de O’Dea qu’il a commencé à prendre conscience qu’il pourrait peut-être bien passer pro.
Il faut dire que, durant l’été, Paolo avait poussé pour atteindre 2m03 et 91kg. Nommé MVP du camp NBPA Top 100, Banchero a vu son téléphone exploser le weekend suivant, quand les coachs de fac pouvaient commencer à contacter d’éventuelles recrues : « Les vannes se sont ouvertes. Et après ça, je me suis dit que ce truc pouvait vraiment se matérialiser. »
« On savait tous qu’il pouvait jouer », narre Darryl Hennings, le directeur du club de Seattle Rotary où a joué Paolo, « mais on ne pensait pas qu’il était un des meilleurs de sa génération. »
Des débuts dans le basket féminin
Avec le corps d’un Julius Randle ou d’un Blake Griffin, mais avec le jeu à mi-distance de Jayson Tatum ou de Carmelo Anthony, Paolo Banchero a tout pour briller. Il a tout en magasin avec sa puissance mais aussi une belle qualité technique. Son jeu de passe est également intéressant pour la suite.
Car, dès son plus jeune âge, par l’intermédiaire de sa mère, le petit Paolo a été confronté à la réalité du jeu. Et à ses fondamentaux. Quand on démarre sa carrière par plusieurs humiliations face à des filles plus âgées, on garde plus facilement les pieds sur terre.
« Je pense que les garçons, parce qu’ils sont plus enclins à jouer sur leurs qualités athlétiques, ils sautent un peu l’étape des fondamentaux. Mais les passes à terre, les coupes dans le dos, les écrans, les fondamentaux du jeu, il a fait ça tous les jours. Tous les jours. Et on l’a fait jouer avec les filles avec l’âge… et elles étaient meilleures que lui. Il a donc dû réfléchir à ce qu’il pouvait faire pour marquer contre elles et comment jouer face à des filles qui étaient bien plus âgés que lui, plus rapides et plus costaudes. »
Initié très tôt aux gestes les plus élémentaires du jeu, et à un basket féminin davantage tourné vers la technique, Paolo Banchero a également eu droit à un traitement intransigeant de la part sa mère. Un rôle que reprend bien volontiers Coach K pour monter les derniers étages de la fusée Banchero.
« Sa mère a toujours été sincère et franche avec lui : tu as bien joué, tu n’as pas bien joué, tu as été mollasson, tu dois faire ci ou ça… », ajoute Coach K. « N’importe quel gamin aura plus de chance de progresser si on lui dit la vérité tout le temps, et si sa famille fait ça aussi. Je sais que c’est comme ça qu’il a grandi, donc on lui dit aussi les choses franchement, et il l’accepte. Il est prêt à l’entendre. J’adore ça chez lui, et c’est pour ça qu’il progresse, et qu’il a encore la place pour progresser encore. Il n’atteindra pas son plein potentiel à Duke, il va continuer à progresser d’année en année. »
Coach K ne lui laisse rien passer
Pendant un temps, lors de la période de « séduction » entre prospects et universités, Coach K et Paolo Banchero discutaient trois ou quatre fois par semaine. Coach K lui a notamment envoyé une vidéo de LeBron James qui passe du poste 1 au poste 5, accompagné du message : « Hey, tu peux faire ça toi aussi. »
« On voulait lui dire qu’il a encore beaucoup de marge de progression. Il est encore jeune, et il avait besoin d’une situation où on allait le coacher et s’assurer qu’il développe son potentiel et ne pas simplement se reposer sur son talent. On veut qu’il se trouve de nouveaux talents : celui de la communication, du leadership, ce genre de choses. Et il était très enthousiaste, et il l’est encore de suivre cette voie. »
Pas épargné par les critiques de son staff, Coach K en tête, Paolo Banchero encaisse en silence. Il sait que c’est à ce prix qu’il va pouvoir optimiser son potentiel.
Rattrapé par la patrouille, littéralement, en début de saison avec un petit incident alcoolisé impliquant également le petit-fils de Coach K, Paolo Banchero a été protégé par son entraîneur. Mais en contrepartie, il doit s’exécuter sur le terrain.
« Coach K lui est vraiment rentré dans le lard », raconte Daryl Hennings. « Il lui est rentré dedans pour quatre ou cinq petites choses. Enfin, petits détails pour lui, mais pas pour Coach K, qui lui a fait comprendre que c’était très important. P a pris conscience que K n’allait pas lui laisser prendre de raccourci. »
Il perd 3 litres d’eau par match !
Sa polyvalence est sa grande force mais Paolo Banchero aura logiquement à se renforcer dans certains domaines clés à l’étage supérieur, comme l’adresse à 3-points ou la défense. Tenu à des standards élevés dès sa première année universitaire, le Blue Devil apprend à filtrer les messages parfois musclés délivrés par Coach K à son attention.
« Il a tenu parole, il ne me donne rien de facile. Il est sur mon dos pour beaucoup de choses, mais c’est très bien. J’adore ça. Je suis habitué aux entraineurs qui sont durs, je sais que ce n’est pas personnel. Il faut juste l’accepter. Il faut retenir le message, pas le ton ou les petits trucs en plus qui peuvent t’irriter. Il ne faut prendre que le message, et en tirer les leçons pour avancer. »
Joueur tout en intensité, qui revendique ses origines italiennes du côté de son père, Paolo Banchero a d’ailleurs une particularité, c’est qu’il sue énormément. Il perd un peu plus de 3 litres d’eau par match, rien qu’en sueur !
C’est notamment pour ça qu’il a souffert de crampes lors de plusieurs matchs sur ce début de saison et, selon Coach K, qu’il a dû avoir recours à une intra-veineuse pour s’hydrater rapidement. Pris en charge par le staff de Duke, il boit désormais un fluide oxygéné et riche en sodium appelé BOA qui devrait l’aider avec ce souci singulier.
Sur une tendance à la baisse depuis son record à 28 points, mais sans jamais descendre sous la barre des 12 points, Paolo Banchero a frappé fort pour le dernier match de son équipe avant Noël, avec 23 points et 8 rebonds pour battre Virginia Tech (76-65). Mais, comme un de ses prédécesseurs à Durham, qui a comme lui fait plier beaucoup de cercles, Paolo Banchero veut accomplir de grandes choses collectivement sous le maillot de Duke.
« [Zion] a évidemment réalisé de grandes choses ici, donc c’est une bonne comparaison. Mais je veux essayer de faire ce qu’il a fait, et de gagner un titre de champion aussi. Je vais le faire à ma façon : jouer mon jeu, être un joueur d’équipe et tout se passera bien. »
Son record à 28 points
https://www.youtube.com/watch?v=rk5lgloObvU
Son duel face à Chet Holmgren et Gonzaga
https://www.youtube.com/watch?v=oONp7SdBusI