Si retrouver les Hawks en playoffs n’est pas totalement une surprise tant le recrutement de l’intersaison 2020 avait été ambitieux, la franchise d’Atlanta doit surtout cette cinquième place de l’Est au classement à son changement d’entraîneur à mi-saison.
Et c’est peu dire que personne ou presque n’attendait les Knicks en playoffs, et encore moins avec une jolie quatrième place synonyme d’avantage du terrain au premier tour. Là encore, le changement d’entraîneur a été décisif avec l’arrivée de Tom Thibodeau.
Cette série, la première entre les deux équipes depuis 1999 (New York s’était alors imposé 4-0) est donc autant surprenante sur le papier qu’elle est indécise et appétissante sur le parquet. On pourrait penser que New York a déjà réussi sa saison, mais les hommes de Tom Thibodeau ressemblent à leur coach : ils sont ambitieux et bagarreurs.
De leur côté, les Hawks veulent surfer sur leur bonne dynamique et poser les bases pour les années à venir avec un groupe déjà complet et des jeunes vedettes confirmées. Ce premier tour est donc une aubaine pour chacune des deux franchises de retrouver une demi-finale de conférence, ce qui n’a plus été le cas depuis 2016 pour Atlanta et 2013 pour New York.
PRÉSENTATION DES KNICKS
Le cinq de départ : E. Payton, R. Bullock, R. Barrett, J. Randle, N. Noel
Le banc : D. Rose, A. Burks, F. Ntilikina, T. Gibson, I. Quickley, M. Robinson, O. Toppin
Le coach : Tom Thibodeau
Une remarquable, surprenante et cohérente saison. On peut dresser ainsi le bilan de cet exercice 2020/2021 des Knicks. Transformé par Tom Thibodeau, cet effectif quasi identique à celui de l’an passé s’est métamorphosé par une défense de fer et l’explosion de son leader, Julius Randle. L’ancien intérieur des Lakers et des Pelicans est devenu All-Star et il a pris la lumière pour un groupe qui a joué dur, typiquement dans l’esprit des grandes formations des Knicks. Ils ont aussi déjoué les pronostics car les chances de playoffs étaient faibles avant le début de saison. Mais à l’aube de ce premier tour, il n’est pas impensable d’imaginer les joueurs de New York le passer…
POINTS FORTS
La défense. Il fallait s’y attendre et les Knicks en avaient clairement besoin. L’arrivée de Thibodeau sur le banc signifiait une chose avant tout : l’équipe allait se mettre à défendre. L’ancien coach des Bulls et des Wolves a mis sa patte sur son équipe comme ça et le résultat est probant. Les Knicks affichent la meilleure défense de la ligue aux points encaissés par rencontre (104.7) et la troisième à l’efficacité (108.2 points pris sur 100 possessions). La saison passée, dans ces deux domaines, l’équipe était respectivement 18 et 23e… Ça communique beaucoup, ça met de l’intensité et les pourcentages adverses chutent face à une telle pression.
Le duo Julius Randle – R.J Barrett. Le premier est devenu All-Star, a compilé des chiffres magnifiques (24.1 points, 10.2 rebonds et 6 passes de moyenne) et s’est surtout comporté comme un leader, assumant ses responsabilités dans les moments importants. Le second (17.6 points par match) a été plus discret, en montant en puissance. Sans faire trop de bruit, le Canadien a aligné les sorties propres, sans déchet au shoot ou dans les ballons perdus, avec régularité et réglé son tir extérieur (47 % de réussite à 3-pts depuis début avril). Ces deux lames, dans des styles différents, font très mal aux défenses.
POINTS FAIBLES
L’attaque. Bien que le duo Randle – Barrett soit performant, les Knicks peinent à faire des différences offensivement. C’est leur défense qui fait l’essentiel du boulot car en affichant seulement la 26e attaque la plus efficace (110.6 points sur 100 possessions), New York montre des limites. Elles tiennent notamment au rythme. Le pire de la ligue. Les troupes de Thibodeau courent peu, ne shootent que rarement en première intention. C’est une qualité en playoffs, où le rythme diminue, mais pour bousculer une défense adverse, il est important de la surprendre avant qu’elle ne soit en place. Surtout qu’en face, Trae Young n’est pas un grand défenseur et il va falloir en profiter.
La protection du rebond. Les Knicks ont la capacité d’éteindre une attaque et de forcer des tirs difficiles, mais ils souffrent pour finir le boulot en gobant le rebond. Ils ne sont pas souverains dans ce domaine, la faute notamment à un manque de taille dans ce groupe (Mitchell Robinson, le plus grand joueur de l’effectif avec ses 2m13, est blessé). Nerlens Noel (2m11) est donc un peu isolé dans les hautes altitudes et l’effort doit être collectif pour compenser.
PRÉSENTATION DES HAWKS
Le cinq de départ : T. Young, K. Huerter, B. Bogdanovic, J. Collins, C. Capela
Le banc : D. Gallinari, T. Snell, C. Reddish, D. Hunter, L. Williams, O. Okongwu, S. Hill
Le coach : Nate McMillan
La saison des Hawks s’est jouée en deux temps. Avant et après le 1er mars. Ce jour-là, Lloyd Pierce prend la porte et Nate McMillan le remplace. Avec 14 victoires et 20 défaites, Atlanta déçoit malgré les ambitions et un changement est nécessaire. Avec McMillan et malgré une infirmerie qui a eu du mal à se vider totalement, les Hawks retrouvent des couleurs, voient arriver Lou Williams en échange de Rajon Rondo et concluent la seconde partie de la saison avec un bilan de 27 succès et 11 revers. La dynamique est donc positive avant d’aborder cette première série de playoffs depuis 2017.
POINTS FORTS
L’impact de Clint Capela. Il y a eu beaucoup de changements entre les Hawks 2019/2020 et ceux de 2020/2021 mais le plus important est peut-être la place prise par le pivot suisse. Stabilisateur défensif, pour une équipe en souffrance de ce côté du terrain et pour protéger sur pick-and-roll un Young fébrile, Capela est devenu le ministre de la défense avec sa communication et ses rebonds (14.3 de moyenne, numéro un de la ligue). Rien que sa présence devant le cercle a fait progresser Atlanta défensivement. Offensivement, il est également précieux dans un rôle similaire à celui qu’il avait à Houston : faire des écrans, attraper les passes lobées du meneur ou prendre les miettes sur rebond offensif.
Des shooteurs partout. Avec des Young, Huerter, Bogdanovic, Snell ou encore Gallinari et Williams, l’attaque des Hawks est riche en snipers. Les Pelicans peuvent en témoigner, eux qui ont encaissé un 11/11 (record NBA) en un quart-temps en avril dernier. Quand la balle circule, que les écrans sont bien posés et les passes assurées, les joueurs de McMillan bombardent et cassent les défenses derrière l’arc.
POINTS FAIBLES
Le manque de vécu. La dynamique est certes positive pour les Hawks mais si le coach a été changé, c’est bien que des problèmes existaient. L’un des principaux, ce fut la continuité à cause des blessures. Déjà qu’il fallait construire un nouveau collectif avec les recrues, mais en plus l’infirmerie a constamment été pleine, semaine après semaine, et forcément, il a fallu bricoler et faire avec les présents. Le groupe manque d’expérience commune, de repères. Autre inexpérience, celle en playoffs. Bogdanovic, Young ou encore Huerter et Collins ne connaissent pas les playoffs.
La gestion du « money time ». Même avec un talent comme Trae Young ou avec des joueurs d’expérience, les Hawks n’ont pas toujours réussi à conclure correctement. Les chiffres le montrent : quand la partie devient très serrée, avec une possession d’écart dans les cinq dernières minutes (30 occurrences cette saison), Atlanta peine et se fait souvent dominer (18 défaites et un +/- de – 58 !). Un sacré bémol en playoffs où chaque match compte double.
CLÉS DE LA SÉRIE
Qui pour défendre sur Julius Randle ? La question aurait été légitime pour n’importe quel adversaire des Knicks, mais elle se pose encore plus pour les Hawks. Car lors des trois matches entre les deux équipes en saison régulière, le All-Star new-yorkais s’est régalé avec 37.3 points de moyenne à 58 % de réussite au shoot et 50 % à 3-pts. Pas étonnant donc que les Knicks aient gagné les trois duels. Avec sa mobilité, sa puissance et son adresse, Randle est difficile à prendre pour cet effectif. Faire prise à deux trop souvent reste risqué et le laisser jouer et couper le reste de l’équipe reste dangereux. Nate McMillan va devoir se creuser la tête pour le contenir.
L’impact des vétérans. Pour Randle et Barrett d’un côté ou Trae Young et John Collins de l’autre, c’est le baptême du feu. Ces jeunes talents découvrent les playoffs. Ils sont coachés par des entraîneurs expérimentés (56 matches de postsaison pour Thibodeau, 53 pour McMillan), mais on ne remplace pas une expérience pareille. Il faut la vivre. Heureusement, ils possèdent des vétérans dans ce domaine pour les accompagner. Derrick Rose et Taj Gibson, en plus de leur proximité avec leur coach, seront essentiels, quand Williams, Gallinari et Capela sont rodés à ces séries de printemps. Comme la plupart sont aussi dans des rôles de remplaçants, c’est également un duel de bancs.
Quid du public ? Après une saison à évoluer dans des salles vides ou avec des travées peu remplies, les Hawks et les Knicks vont entamer la série avec 15 000 personnes autour d’eux dans le Madison Square Garden ! Les fans des Knicks sont privés de playoffs depuis 2013 et leur présence va forcément faire plaisir aux joueurs et apporter un plus. Atlanta aura également du soutien, même un peu plus avec une salle remplie à 95 %, nécessaire pour la seconde partie de la série, à partir du Game 3, notamment si les deux premiers ont mal tourné. Quelle équipe va donc le mieux profiter de ses fans ?
SAISON RÉGULIÈRE
4 janvier : Atlanta – New York (108-113)
15 février : New York – Atlanta (123-112)
21 avril : New York – Atlanta (137-127)
VERDICT
Titulaires des mêmes bilans (41-31 : 25-11 à domicile et 16-20 à l’extérieur), les deux équipes pourraient bien s’embarquer pour une série longue et accrochée. Aucune n’a de références récentes en playoffs et les jeunes stars sont vierges de ces matches à enjeux. Il est donc bien difficile de savoir comment le scénario va évoluer.
Néanmoins, avec leur constance affichée pendant la saison, leur style adapté aux playoffs, leur avantage du terrain qui compte encore plus avec le retour du public et un Julius Randle à ce niveau, les Knicks semblent mieux armés que les Hawks pour franchir ce premier cap. Ces derniers ont certes une belle dynamique dans les jambes et un effectif copieux (quand il n’y a pas de blessés), mais le manque de cohésion collective et la gestion moyenne des moments chauds peuvent peser lourd. Nate McMillan n’est pas non plus connu pour être un coach qui fait passer des caps en playoffs (une seule série gagnée dans sa carrière, en 2005 avec Seattle). C’est ce qui lui a coûté sa place aux Pacers…
On peut s’attendre à une série axée sur le jeu demi-terrain, avec des scores sous les 100 points, et pourquoi pas un Game 7. Mais les Knicks, sans complexes, peuvent vraiment rêver à un second tour et continuer de vivre une saison dans les nuages, et sans nuage.
New York 4-2
CALENDRIER
Game 1 : à New York, dimanche 23 mai (01h00, dans la dans la nuit de dimanche à lundi)
Game 2 : à New York, mercredi 26 mai (01h30, dans la nuit de mercredi à jeudi en France)
Game 3 : à Atlanta, vendredi 28 mai (01h00, dans la nuit de vendredi à samedi en France)
Game 4 : à Atlanta, dimanche 30 mai (19h00 en France)
Game 5* : à New York, mercredi 2 juin (à déterminer)
Game 6* : à Atlanta, vendredi 4 juin (à déterminer)
Game 7* : à New York, dimanche 6 juin (à déterminer)
* Si nécessaire.