C’est la seule ligne prestigieuse qu’il manque à son immense palmarès : Kareem Abdul-Jabbar n’a jamais été champion olympique. Il en a pourtant eu l’occasion, en 1968 à Mexico. Il a refusé. Dans les colonnes d’USA Today, il est revenu sur sa décision.
« Nous étions à l’apogée du mouvement des droits civiques », rappelle l’ancien pivot des Lakers. « Juste avant que je décide de ne pas aller aux Jeux olympiques, Martin Luther King a été assassiné. Cela avait ébranlé notre patriotisme. Ce fut difficile pour moi de faire quoi que ce soit. On essayait d’effacer ce qui avait été fait à King. Je suis heureux du geste de Tommie Smith et John Carlos. Ils ont envoyé un message nécessaire pour les Noirs américains. Je pense que c’était un geste américain. »
Le pivot de UCLA, qui se nomme encore Lew Alcindor, n’était pas uniquement attentif aux mouvements sociaux de son pays.
« Parfois j’oublie de mentionner Avery Brundage », ajoute-t-il. « Il avait été impliqué dans les Jeux olympiques 1936. C’est lui qui avait dit à deux athlètes juifs qu’ils ne pouvaient pas participer pour ne pas fâcher Adolf Hitler. Brundage était encore membre du comité olympique. Il était hors de question pour moi de faire quelque chose pour lui. Je ne voulais pas lui parler. Donc c’est une combinaison d’événements, entre King et Brundage, qui m’a poussé à me retirer. Ce ne fut pas un choix facile. »
Dans un article pour The Guardian, Kareem Abdul-Jabbar explique avoir un œil sur l’attitude de certains athlètes pour la prochaine échéance olympique, en 2020 à Tokyo. On pense notamment aux joueurs NBA, qui ont soutenu Colin Kaepernick et critiqué Donald Trump.
Il souligne, pour appuyer son propos, notamment le geste de l’escrimeur Race Imboden, genou à terre pendant les Jeux panaméricains.
« C’est une opportunité de promouvoir des idées et pas seulement soi-même pour obtenir des contrats avec des marques de vêtements ou avoir sa tête sur des boîtes de céréales. C’est une chance de faire entendre au monde des voix qui demandent de la justice sociale et de la protection pour les marginalisés. Les patriotes furieux ne comprennent pas les athlètes qui protestent : on n’insulte pas le pays ni ses valeurs, on met l’accent sur ceux qui ne tiennent pas les promesses du pays qu’ils représentent. »