Ce soir, les Sixers ont l’occasion d’égaliser à 3-3 face aux Raptors et de forcer un Game 7 à Toronto. Mais beaucoup de questions se posent autour de cette équipe de Philadelphie, qui peut afficher un visage très différent d’un match à l’autre.
Dans quelle forme sera Joel Embiid ?
Evidemment, la première question concerne Joel Embiid. Diminué par un virus, bien gêné par un Marc Gasol qui le perturbe beaucoup par sa taille, sa solidité sur ses appuis et son sens du placement, le Camerounais n’a jusqu’à présent réussi qu’un seul bon match dans la série. C’était lors du Game 3, avec 33 points à 9/18 au tir, 10 rebonds et 5 contres. Sur les quatre autres matchs, il ne tourne qu’à 13 points de moyenne, à 33% de réussite au tir.
Lorsqu’il est défendu par Marc Gasol, soit 64% du temps (201 possessions sur 316 depuis le début de la série), Joel Embiid n’a ainsi inscrit que 12 de ses 35 tirs, distribuant seulement 9 passes décisives pour 14 pertes de balle…
Même s’il est diminué par ses problèmes de santé, le pivot admet qu’il doit faire un meilleur boulot une fois sur le terrain.
« Ça craint. Mais je sais que je dois faire un meilleur travail pour nous permettre de gagner. Je dois faire les petites choses », confie-t-il. « Quand on a besoin que je marque, il faut que je me montre. Il faut que je pose des écrans, et que je sois plus présent au rebond. Ça dépend de moi. Je ne contrôle pas ma condition physique, mais je peux contrôler l’énergie que je donne, et c’est ce que je vais essayer de faire. Il faut que je fasse plus. Il faut que j’en revienne au Game 3, que je retrouve cette énergie. Que je retrouve du plaisir. Ça a été l’une des clés de ma réussite toute cette saison, et durant ces playoffs. Il faut que je sourie sur le terrain. Que j’entraîne mes coéquipiers. Je ne dois pas me soucier qu’on prenne mal mon attitude. Je dois juste être moi-même et faire ce que je veux faire. Parce qu’au final, c’est comme ça que je domine. »
Le plaisir, c’est toujours le mot clé pour Joel Embiid, qui doit s’amuser sur le terrain et assure que tout ira bien s’il joue de façon libérée. Du côté des Raptors, on est d’ailleurs conscient que le pivot va essayer de se lancer en début de match.
Ben Simmons peut-il retrouver de l’impact ?
« Embiid essaie de briller d’entrée et il réussit de gros matches lorsqu’il y parvient », confirme ainsi Nick Nurse. « Mais l’important, pour nous, c’est de les priver de contre-attaques et de limiter les opportunités après un rebond offensif. Si on arrive à faire ça, ils vont devoir jouer sur demi-terrain, avec une seule opportunité de marquer. »
Le coach des Raptors rejoint finalement Jared Dudley: les Sixers et surtout Ben Simmons sont particulièrement efficaces sur jeu rapide, mais beaucoup plus simples à contenir sur jeu placé. Comme l’an passé face aux Celtics, l’absence de shoot extérieur du meneur pose problème dès lors qu’on rentre dans le Top 8 des équipes NBA, que la défense passe à un niveau supérieur et que le jeu se ralentit.
Sur les cinq premiers matchs de la série, les Sixers n’ont ainsi inscrit que 13, 13, 13, 10 et finalement 8 points sur jeu rapide. Cela fait donc 11.4 points inscrits sur contre-attaque, et c’est presque deux fois moins qu’en saison régulière (21.4), où le jeu rapide constituait presque 20% des points de l’équipe, et près de 25% des points de Ben Simmons.
Et comme en plus l’Australien doit notamment s’occuper de Kawhi Leonard en défense, sa production et son agressivité offensives en prennent un sacré coup. Depuis le début de la série, il ne tourne ainsi qu’à 9.4 points, 7 rebonds et 4.6 passes de moyenne, à comparer avec ses 16.9 points, 8.8 rebonds et 7.7 passes en saison régulière. Mais ce n’est pas parce qu’il est maladroit, puisque son pourcentage de réussite est toujours bon (54.8%), mais juste parce qu’il shoote beaucoup moins.
« J’essaie juste de faire mon boulot », explique l’intéressé. « Mentalement, je suis tellement concentré en défense que je perds un peu le fil en attaque, où je ralentis un peu et où je ne profite pas assez des avantages que je peux avoir. »
Est-ce déjà la dernière de ce quatuor assemblé en cours de saison ?
Outre les discussions naissantes sur la viabilité du duo Ben Simmons – Joel Embiid, ou même l’avenir de Brett Brown, c’est surtout le quatuor Ben Simmons – Jimmy Butler – Tobias Harris – Joel Embiid, assemblé cette saison dans la course à l’armement qui a eu lieu avec les Raptors et les Bucks dans la foulée du départ de LeBron James à l’Ouest, qui pourrait bien vivre ce soir son dernier match ensemble.
Jimmy Butler et Tobias Harris sont ainsi tous deux free agents (non protégés) cet été et il faudra faire tourner la planche à billets pour les conserver. En cas de nouvelle élimination au deuxième tour des playoffs, le GM Elton Brand et les propriétaires vont devoir sérieusement réfléchir à l’investissement, alors que c’est finalement Jimmy Butler (22.6 points, 7.6 rebonds et 6 passes) qui tient le mieux son rang face aux Raptors, là où Tobias Harris (13.4 points à 26.7% de loin) est en difficulté.
Ce groupe peut-il viser le titre à moyen et long terme ? Pour l’instant, les Sixers ne veulent pas se focaliser sur cette question. « Personne ne s’inquiète de ça actuellement », balaie ainsi Jimmy Butler. « Tout le monde est concentré sur la qualification, sur le fait de gagner des matchs. On s’en préoccupera quand ce sera l’heure de s’en occuper. »
Pour Brett Brown, ce groupe travaille déjà bien, malgré l’absence d’un training camp commun et d’habitudes.
« Nous avons un super groupe de gars. Pour une équipe qui n’est pas assemblée depuis longtemps, il y a une combativité et un lien qui contredisent le peu de temps passé ensemble. Je pense qu’on se débrouille bien. C’est plutôt pas mal. Il n’y a pas de faille dans notre état d’esprit. Personne ne s’apitoie sur lui-même. »
Mais est-ce que ce sera suffisant pour Philadelphie ? Réponse à partir de 02h00 du matin, sur beIN Sports 1 et le League Pass.