Marc Gasol est-il suffisamment impliqué dans le jeu des Raptors ?

13, soit le « record » du nombre de tirs tentés de Marc Gasol depuis son arrivée à Toronto. C’est peu pour un joueur qui prenait encore 14 tirs par match la saison passée avec les Grizzlies. Avec les Raptors, le pivot espagnol a dû réduire drastiquement son volume de tirs : 7 tirs de moyenne en saison, et même un de moins durant ces playoffs. 

Cette nuit dans le Game 2, il s’est contenté d’un piètre 1/6 aux tirs pour seulement cinq points inscrits (il n’a atteint la barre des 10 points qu’à une reprise sur les 11 dernières sorties). Outre sa maladresse, plusieurs constats s’imposent. Premièrement, il refuse clairement nombre de tirs, préférant alimenter ses coéquipiers en relais de passe.

Son attitude est liée à son positionnement sur le terrain. Il reçoit la majorité de ses ballons alors qu’il évolue en tête de raquette. Sur le Game 1, le « pick and pop » a bien fonctionné. Pas dans le Game 2, où il a d’ailleurs été moins utilisé. En revanche, Nick Nurse a voulu l’alimenter au poste sur une séquence de plusieurs minutes dans le troisième quart-temps.

Des dégâts au poste

Pourquoi ? Tout simplement parce que Brett Brown a décidé d’envoyer Joel Embiid s’occuper de Pascal Siakam, tandis que Tobias Harris héritait donc de Marc Gasol. Pari plutôt payant dans le cas de Pascal Siakam qui, beaucoup plus hésitant dans son tir extérieur, s’est heurté à plusieurs reprises au pivot des Sixers au moment de pénétrer. Joel Embiid est en partie responsable du terrible 9/25 de son compatriote. « Il shoote avec un faible pourcentage en tête de raquette, » remarque d’ailleurs le pivot des Sixers. « Donc l’objectif était de le forcer à pénétrer, sur sa main gauche. »

En revanche, Toronto a pleinement tiré profit de l’avantage de taille et de puissance de Marc Gasol sur Tobias Harris. Une passe depuis le poste, alors qu’il subissait une prise à deux, vers un Kawhi Leonard qui coupait en « trailer », une faute obtenue en prenant la position sous le cercle ou encore une bonne passe intérieure vers Pascal Siakam. Bref, il a fait de gros dégâts sur quelques possessions avant que Greg Monroe ne soit renvoyé en jeu sur lui.

« Ils ont mis un joueur plus petit sur lui donc on voulait l’enfoncer dans la raquette », confirme Nick Nurse. « On voulait davantage de ballons dedans. On n’aurait pas pu avoir de layup au poste sans cela. En temps normal, lorsqu’il obtient la balle, il est pris à deux. Il n’a qu’à bien lire le jeu pour s’en sortir. »

« Ils ont fait un ajustement »

Dès lors, pourquoi ne pas davantage tirer profit de son pivot ? Pourquoi « attendre » ce « matchup » favorable ? Pourquoi ne pas davantage miser sur Marc Gasol au poste dans l’optique de faire défendre Joel Embiid et obtenir de précieuses fautes personnelles ? « Je ne sais pas », rétorque Kyle Lowry. « Ils ont fait un ajustement, on devait en faire un. S’ils comptent le faire à nouveau, on répondra. »

Avant la rencontre, Nick Nurse redisait tout le bien qu’il pensait de sa recrue de la mi-saison, confirmant bien que sa baisse de volume de tirs était liée à son rôle. Et pas le fait du joueur.

« Je savais que c’était un bon passeur, mais je ne le savais peut-être pas aussi bon. Je dirais qu’il a accepté un rôle de gagnant ici, cela ne fait aucun doute. Parfois, il ne shoote ou ne marque même pas, et ça n’a pas l’air d’affecter le plaisir qu’il prend à jouer pour cette équipe. »

Certes. Mais un Marc Gasol un poil plus impliqué et agressif ne ferait sans doute pas de mal aux Raptors. D’autant que le trio Leonard – Siakam – Lowry a pris plus de 80% des tirs de l’équipe. En terme de répartition, on a connu mieux…

Propos recueillis à Toronto.