Rudy Gobert s’adapte désormais aussi en défense loin du panier

Jusqu’à présent, Rudy Gobert était identifié comme un formidable « rim protector », une arme de dissuasion à opposer à ceux qui osaient s’aventurer un peu trop près du cercle. Mais avec l’évolution du jeu et face à des pivots qui ont tendance à s’écarter de plus en plus, les équipes adverses avaient trouvé une faille dans le jeu du Français, en pratiquant essentiellement le « pick-and-pop », ces écrans dont l’auteur s’écarte pour proposer une solution de tir extérieur.

Un ajustement majeur à mi-distance

Ce « talon d’Achille » avait particulièrement été identifié récemment face à des joueurs qui possèdent cette arme comme Myles Turner avec Indiana ou LaMarcus Aldridge avec les Spurs. Jusque-là, Rudy Gobert avait en effet toujours hésité à sortir de cette zone de confort, ayant tendance à rester dans la raquette, presque par réflexe.

« Je crois que je commence à peine à m’améliorer dans la contestation des tirs pris au périmètre et lorsqu’il faut revenir dans la peinture, se battre près du cercle », a-t-il ainsi expliqué, ajoutant que beaucoup de ces situations tenaient de l’aspect mental.

Sur les derniers matchs, on a effectivement surpris la tour de contrôle d’Utah perdre progressivement cet instinct naturel. Au delà du pick-and-pop, lorsqu’il se retrouve sur un extérieur après un écran, il n’hésite plus à le défier en dehors de la raquette pour mieux y revenir ensuite, selon les situations de jeu.

« On a parlé de ça avec Rudy », a pour sa part expliqué son coach Quin Snyder. « C’est sa capacité à jouer sur tout le terrain dont on a besoin. Il peut toujours protéger le cercle et avoir de l’impact sur le reste du parquet. On doit aussi être capables de le protéger, car lorsqu’on fait ça, on le met dans des positions où il peut continuer à avoir de l’impact sur le jeu. On ne veut pas qu’il bouche simplement les trous. On veut qu’il ait un impact, et c’est ce qu’il a fait ».

Test réussi face à la paire Lillard-McCollum

Son évaluation défensive de 97 face aux Blazers, ses stats personnelles sur les cinq derniers matchs (16.8 points, 12.6 rebonds et 3.4 contres) et la défense du Jazz d’un point de vue collectif (la 6e meilleure du pays), n’ont été que bonifiées par cet ajustement. Face à Portland, il a ainsi fait de la soirée de Jusuf Nurkic un cauchemar mais s’est également régalé à défier les arrières Damian Lillard et CJ McCollum en sortie d’écran. Ces derniers ont combiné un 13/35 au tir plutôt révélateur de la progression de Rudy Gobert et ses partenaires sur ces aspects.

Pour l’intéressé, cet ajustement payant s’est fait aussi grâce à l’apport de ses coéquipiers, qui jouent le jeu en lui permettant de combler cette faille à mi-distance mais aussi de revenir régner dans la peinture au plus vite.

« Il est surtout question d’être en alerte et discipliné. J’essaie de communiquer avec mes coéquipiers pour les aider et s’ils se font dépasser, j’essaie de rattraper le coup. C’est comme ça que l’équipe fonctionne et c’est super de pouvoir gagner en faisant ça ».

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.