L’intersaison 2018 n’est pas encore terminée mais les grandes lignes semblent tracées. Dans ces conditions, on peut déjà tirer un premier bilan des mouvements, entre le départ de LeBron James vers les Lakers, la prolongation de Paul George à Oklahoma City, la signature surprise de DeMarcus Cousins à Golden State ou le transfert de Kawhi Leonard à Toronto…
Golden State : toujours plus intouchable ? |
Après trois titres en quatre ans, les Warriors ont tranquillement prolongé Kevin Durant tout en ajoutant un cinquième All-Star à leur effectif, du jamais vu depuis 1975. Certes, le pivot ne sera sans doute pas disponible avant décembre ou janvier, mais son arrivée au sein d’un groupe déjà dominateur les place toujours plus en position de favoris à leur propre succession.
Surtout que leur principal concurrent de la dernière saison, Houston, a perdu deux éléments précieux dans leur lutte à distance avec Trevor Ariza (parti à Phoenix) et Luc Mbah a Moute (rentré à Los Angeles), alors que Clint Capela n’est toujours pas prolongé. Michael Carter-Williams et James Ennis sont bien arrivés pour combler quelques brèches et Carmelo Anthony devrait rejoindre Chris Paul dans le Texas.
Mais les Rockets ont poussé les Warriors dans leurs retranchements avec une énorme défense et une stratégie défensive basée sur les « switchs », et on les voit mal refaire le coup lorsqu’il faudra associer James Harden et Carmelo Anthony…
Leur principal concurrent à l’Ouest affaibli, Golden State a plus que jamais l’occasion de faire le triplé, si le quatuor magique reste en bonne santé, évidemment, et qu’ils ne perdent pas toute motivation. D’autant que l’arrivée de DeMarcus Cousins leur offre également une arme dont il ne disposait pas jusqu’à présent, à savoir un joueur capable d’imposer sa puissance poste bas, face aux changements défensifs. Autant d’arguments qui en font l’un des grands gagnants de l’intersaison.
LA Lakers : une année de transition avec LeBron James ? |
Magic Johnson a eu la superstar qu’il promettait aux Lakers. LeBron James est en effet arrivé mais la stratégie globale de l’équipe reste floue. Comme l’explique l’ancien GM des Cavaliers, l’efficacité du King est à son paroxysme lorsqu’il contrôle le jeu et qu’il peut créer avec des shooteurs autour de lui, qui profitent des aides que l’ailier attire.
Los Angeles a pris une direction différente puisqu’outre Lonzo Ball, le club a aussi fait signer Rajon Rondo et Lance Stephenson, trois joueurs qui ont besoin du ballon. On peut même y rajouter Michael Beasley, plutôt dans le un-contre-un.
Magic Johnson et Rob Pelinka répètent qu’ils ont misé sur la dureté plutôt que sur l’adresse. En coulisses, LeBron James semble avoir confié qu’il voulait déléguer la création du jeu, sans doute épuisé de devoir assumer l’intégralité de ce rôle chez les Cavaliers. À 33 ans, le King est-il prêt à lâcher le cuir à Lonzo Ball, Rajon Rondo ou encore Lance Stephenson en attendant côté faible ? Sans doute sur certaines séquences, mais on se souvient qu’à son retour chez les Cavaliers, en 2014, il avait également assuré qu’il voulait partager le cuir avec Kyrie Irving, avant de rapidement reprendre le contrôle des opérations suite à la réussite mitigée de l’expérience.
JaVale McGee a peut-être donc raison de dire que les Lakers auront « l’une des équipes les plus fun » de l’histoire car les journalistes de Los Angeles auront sans doute toujours quelque chose à raconter la saison prochaine, entre la pression médiatique qu’apporte LeBron James et les personnalités que les dirigeants ont fait venir dans le vestiaire.
Reste que cela semble être une phase de transition, tout ce petit monde n’étant signé que pour un an et que, comme beaucoup d’autres équipes, les Lakers ont avant tout calculé afin de garder le maximum de marge financière pour l’été 2019.
Difficile de parler d’année de transition quand a LeBron James dans ses rangs, le King étant capable de faire briller n’importe quel collectif, mais cette free agency 2018 ressemble à la première phase d’un plan plus large. En espérant que ce plan ne mette pas trop de temps à se matérialiser. Ce serait dommage quand on a le meilleur joueur du monde dans son effectif…
Oklahoma City : assez de densité pour secouer l’Ouest ? |
Sam Presti avait pris d’énormes risques l’an passé, en faisant venir Paul George et Carmelo Anthony, deux joueurs susceptibles de partir l’été suivant. Finalement, il a eu une bonne et une mauvaise nouvelle lors de cette intersaison, avec la prolongation ultra rapide de Paul George… et un Carmelo Anthony qui a aussi décidé de rester en activant sa « player option ».
L’ancien des Nuggets et des Knicks ne cachant pas sa frustration, et ne collant de toute façon pas au jeu de la troupe de Russell Westbrook, il a donc fait ses valises pour Atlanta, et devrait dans la foulée rejoindre Houston.
On a déjà détaillé comment le GM du Thunder, Sam Presti, avait réussi un coup de maître en réussissant à transférer Carmelo Anthony pour faire des économies tout en récupérant Dennis Schröder et Timothé Luwawu-Cabarrot. Avec le meneur allemand, Oklahoma City a peut-être mis la main sur un sixième homme qui fera du bien à l’équipe, sans oublier que le club a aussi engagé Nerlens Noel pour une bouchée de pain. Tout cela forme un groupe dense et particulièrement intéressant.
Le quatuor Russell Westbrook – Andre Roberson – Paul George – Steven Adams, sans doute complété par Jerami Grant, est ultra physique et va pouvoir embêter du monde. Le groupe manque toutefois de shoot extérieur, seul Paul George tournant à plus de 30% de réussite derrière la ligne à 3-points. Mais en ce qui concerne la dureté chère à Magic Johnson, ça sera solide.
Boston, Philadelphie et Toronto : quelle approche triomphera à l’Est ? |
Comme Utah à l’Ouest, Boston a misé sur la continuité dans cette free agency 2018. Aron Baynes et Marcus Smart ont été prolongés et Danny Ainge attend le retour des blessés, Kyrie Irving et Gordon Hayward, pour finalement atteindre les Finals. Une approche totalement logique alors que l’équipe n’était qu’à une victoire de défier Golden State cette saison.
De son côté, l’été de Philadelphie a été un peu plus animé. Le départ du GM Bryan Colangelo a sans doute déstabilisé le club à l’approche de la free agency, et le volte-face non contrôlé de Nemanja Bjelica est peut-être une conséquence indirecte de l’inexpérience de Brett Brown en tant que dirigeant, au sein d’un club en quête d’un GM. Les départs des shooteurs Marco Belinelli et Ersan Ilyasova, précieux autour de Ben Simmons et Joel Embiid, auraient également pu être gênants mais la franchise a plutôt bien rebondi, gardant en premier lieu J.J. Redick avant de mettre la main sur l’intérieur fuyant Mike Muscala, tout en ajoutant Wilson Chandler et Zhaire Smith, ce dernier lors de la Draft.
Le noyau de l’équipe n’a donc pas été touché et si Markelle Fultz retrouve enfin son shoot, l’équipe peut encore passer un cap, après avoir dépassé les 50 victoires et avoir atteint les demi-finales de conférence cette saison.
Enfin, Toronto a pris une approche beaucoup plus risquée avec l’échange de DeMar DeRozan et Jakob Poeltl contre Kawhi Leonard et Danny Green. Après des échecs répétés en playoffs, les Canadiens ont décidé de changer, d’abord de coach, puis de « franchise player ». Il faut que ça marche à court terme car « The Klaw » peut être free agent l’été prochain mais comme le disait Masai Ujiri, on n’a pas souvent la chance de mettre la main sur un joueur du Top 3 ou du Top 5 de la NBA.
Houston : un pas en arrière ? |
Parmi les prétendants au titre, Houston est sans doute l’équipe qui a connu l’intersaison la plus délicate. Les pertes de Trevor Ariza et Luc Mbah a Moute sont très lourdes pour son système défensif, et l’incertitude autour de Clint Capela peut aussi poser problème. En l’état, et même en recrutant Carmelo Anthony, les Rockets sortent affaiblis.
Mais Daryl Morey, le GM texan, est un pragmatique, qui garde toujours plusieurs options sous le coude. On peut comprendre qu’il n’ait pas voulu offrir trop d’argent à Trevor Ariza, malgré son rôle central dans le système de Mike D’Antoni. Comme l’explique Zach Lowe, d’ESPN, dans l’esprit du dirigeant des Rockets, seules les superstars sont inamovibles et on peut toujours trouver des « role players » pour les entourer et monter une groupe compétitif.
Cela explique pourquoi le GM n’a pas rechigné à offrir autant d’argent à Chris Paul (près de 160 millions de dollars sur quatre ans) tout en laissant partir Luc Mbah a Moute à Los Angeles, alors que le Camerounais n’a pourtant signé qu’un contrat de 4.3 millions de dollars sur une seule saison pour retourner chez les Clippers de Doc Rivers…
On attend de voir si Daryl Morey a donc un nouveau tour dans son sac, ou s’il a simplement décidé de reprendre de l’élan, avec désormais un autre plan en tête. Ce qui semble sûr, c’est que ce groupe, en l’état, aura beaucoup plus de mal à lutter face aux Warriors, leur obsession avouée. Sans Trevor Ariza et Luc Mbah a Moute, qui va défendre sur Kevin Durant ? Et comment utiliser James Harden et Carmelo Anthony ensemble, alors qu’ils posent tous deux des problèmes défensifs ?
Cap sur 2019 ? |
Mais en dehors de l’agitation de quelques grosses équipes pour se renforcer, cette free agency 2018 est aussi marquée par… la free agency 2019. Avec un bon nombre de free agents potentiels très intéressants l’an prochain (Kevin Durant, Kawhi Leonard, Kyrie Irving, Klay Thompson, Al Horford, Jimmy Butler, Marc Gasol, Goran Dragic, DeAndre Jordan, DeMarcus Cousins, Kristaps Porzingis, Karl-Anthony Towns, Kemba Walker, Kevin Love…), les équipes ont décidé de garder leurs options.
Sur les 82 signatures recensées jusqu’à présent, 40 sont des contrats de un an (un record sur les dernières saisons) et pas mal de contrats sur deux ans (Jabari Parker, Derrick Favors…) ont également des « team options » ou ne sont pas garantis, ce qui devrait permettre aux clubs de libérer encore davantage de marge salariale pour faire leurs emplettes.
À ce petit jeu, ce sont les Clippers qui sont actuellement le mieux placés puisqu’ils pourraient avoir près de 60 millions de dollars à dépenser l’été prochain. Suivent Indiana, Dallas, Sacramento, Chicago, Brooklyn et Atlanta avec plus de 45 millions…